Traîtres. Le mot a été lâché. Depuis cette semaine, une grande partie des Algériens sont des traîtres à la Nation au motif qu’ils n’ont pas daigné participer à des joutes électorales dont le résultat était connu depuis longtemps. Ainsi en a décidé la smala de requins qui entourent l'inamovible président de la République avec le silence complice de quelques lièvres choisis pour les besoins d’une farce. Des traîtres et des mécréants, dixit un ancien instituteur tiareti reconverti en affaires qui a fait de l’excès de zèle une seconde nature. Comme à l’accoutumée, ce disciple de Vychinski est plus virulent que ses protecteurs.

Qui n’a pas entendu parler des péripéties de la désormais ex-Garde des Sceaux de la République française Rachida Dati? Il y a encore quelques mois, cette brune issue d’un couple algéro-marocain était encensée par les sympathisants de la France blanc-bleu-beur. Présentée comme le symbole de la réussite de l’immigration du sud, plus précisément du Maghreb, elle avait ses entrées partout. Le président Nicolas Sarkozy lui confia même l’un des portefeuilles les plus prestigieux : celui de la justice.

Dans les universités québécoises, la semaine passée s’est écoulée sous le signe de la tolérance. Des conférences organisées à cette occasion un constat ressort : beaucoup de travail reste à faire en matière de lutte contre la discrimination dans les médias francophones du Québec.

De mémoire d’immigrant, jamais un hiver au Québec n’a été aussi chaud et riche en scandales financiers. Plus de trois années après la fin des assises de la Commission Gomery, créée suite au méga scandale des commandites, nos soirées à nouveau s’égrènent au rythme des calamités chiffrées.

Mi-février. Le vendredi 13 est passé sans la moindre turbulence. L’hiver commence à montrer des signes de lassitude. Même le soleil a fait une apparition furtive. Il semble que rien n’est en mesure de mettre fin à ma quiétude ni froisser ma bonne humeur de citadin pris dans l’engrenage boulot-métro-dodo. En attendant les impôts.

Il y a des moments où l’on a la gueule de bois sans même avoir rompu un instant avec l’abstinence. C’est le cas de le dire après le simulacre d’intronisation avant l’heure d’Abdelaziz Bouteflika à la tête de l’État algérien pour un troisième mandat.

Ayant vraiment tout fait pour éviter les sujets qui fâchent, et Dieu sait s'il y en a, conjoncture économique oblige, je déclare solennellement : mea culpa! Après des heures de gymnastique mentale, je me suis finalement avoué vaincu devant l'exercice auquel je me suis prêté. Il s'est révélé être au dessus de mes moyens.

Tout porte à croire que les temps bénis sont révolus. Dans notre hémisphère peu habitué aux remous, pour la première fois dans l’histoire récente les générations à venir auront plus de difficultés à subvenir à leurs besoins que celles qui les ont précédées. La crise actuelle est ce qu’elle est, nul ne peut dire combien de personnes perdront (encore) leurs emplois, voire même leurs gîtes. Personne n’est également en mesure de prophétiser que nous sommes à l’abri d’une explosion sociale.

Ces jours-ci, je suis tout ému. Pour vous dire, j’ai les larmes aux yeux, ce qui ne m’empêche pas pour autant de regarder les nouvelles à la télé. Et celles-ci sont tragiques. Surtout une : Les journalistes du Journal de Montréal sont en lock-out.

Au moins 1400 morts, dont plus 500 femmes et enfants, plus de 5300 blessés, très souvent victimes d’atroces brûlures infligées par les nouvelles armes expérimentées par l’armée israélienne sur une population assiégée et affamée. C’est le temps des décomptes macabres à Gaza. Des chiffres qui n’émeuvent ni les dirigeants arabes, ni les démocraties occidentales, ni même la « marionnette souriante » qu’est Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations Unies.

Ainsi, le gouvernement canadien a finalement réagi aux tueries auxquelles est soumise la population de Gaza en ce début d’année. Le ministre des Affaires étrangères Lawrence Cannon est sorti de son mutisme, avec la mine d’un enfant qui a vu le Père Noël, pour se féliciter de l’octroi de trois ou quatre millions de dollars (je ne sais combien au juste…Est-ce réellement important?) à des Palestiniens qui ne savent de quoi sera fait demain, si ce n’est de bombes israéliennes. On leur fait même goûter aux dernières trouvailles de l’État hébreu : des obus au phosphore blanc et, comble de la barbarie, les fameuses armes DIME, une technologie à base d’alliage de carbone, de tungtsène et de métaux lourds (nickel, cobalt et fer). Ces armes, dont les effets cancérigènes sont avérés, non seulement dévastent tout sur leur passage, mais causent à leurs victimes des brûlures insoutenables menant inéluctablement  à des amputations et des cancers.

En entendant une responsable d’une des nombreuses organisations juives montréalaises, qui conseillait à la communauté musulmane de plutôt s’intéresser à des questions locales, arguant que le dossier de la santé et le vieillissement de la population sont plus urgents, j’ai cru voir l’un des visages de la propagande israélienne Avi Pazner, Mark Regev ou encore « l’ange de la mort » Avital Leibovich sous son funeste uniforme du Tsahal. Il m’a semblé entendre la bête immonde nous servant ses mensonges au fil des bombardements d’une population que même les symboles de l’ONU ne sont pas en mesure de protéger. Même les mosquées et les écoles ne sont pas épargnées.

Les propos de cette activiste zélée des causes locales m’ont rappelé ceux d’un certain télé-philosophe, un habitué des salons parisiens, qui demandait aux jeunes Maghrébins des banlieues ceinturant les métropoles françaises d’ignorer le sort peu enviable des Palestiniens. Inutile de dire que seule la jeunesse dorée de Neuilly est restée hypnotisée par ses appels belliqueux. 

À voir plus clair, on réalise qu’aucune autre communauté au Canada ne s’empresse d’envoyer sa jeunesse se ressourcer sur une terre qu’elle n’a connue que sur les bancs des yeshivas et qui focalise toutes les passions. Bon an, mal an, des dizaines de jeunes Canadiens font leur aliyah en Israël. À quels jeux s’adonnent-ils là-bas, alors que nous avons d’autres chats à fouetter au Québec? Devraient-ils se transformer en préposés aux aînés au Québec ou en ramasseurs de fraises sur les champs de la Belle Province? L’avenir du CHUM n’est-il pas plus important? Une fois là-bas, visitent-ils les hauts lieux de la martyrologie palestinienne? Que savent-ils des massacres perpétrés au nom du sionisme?

Depuis le début du carnage de Gaza, des milliers de jeunes Musulmans ont investi les rues des villes occidentales pour crier leur dégoût de l’injustice et dénoncer la paralysie de la communauté internationale. Cette même « communauté internationale » qui nous a habitués que noir n’est pas toujours noir, allant jusqu’à nous convaincre que l’Irak est bourré d’armes de destruction massive. Elle qui fait payer aux Palestiniens l’activisme du puissant lobby sioniste aux États-Unis et les errements de l’Europe depuis 1939 : purification ethnique, massacres, exécutions sommaires, assassinats ciblés, arrestations, intimidations, etc. Toute la panoplie d’un État voyou à la longue tradition de violations des droits humains, dont les dirigeants cachent mal leur obsession du déséquilibre démographique. Et dire que nos ancêtres ont pris les armes contre le nazisme!

Heureusement, cette fois, nos jeunes n’ont pas succombé à la propagande de l’armée israélienne largement distillée, y compris sur Internet, même si l’intox s’est propagée à des titres aussi vénérables que le journal « Le Monde ». C’est là une source de fierté et d’espoir. Fierté, car la diaspora musulmane ne reste pas immobile, à l’inverse de nos frères otages des dictatures arabes, quand « casser du goy » devient licite. Surtout quand ce goy est un Gazaoui assiégé et brimé dans ses droits les plus élémentaires. Espoir, enfin, que le culte de Jérusalem sera compris et repris par notre progéniture.

L’année 2008 s’est achevée sous le signe des adieux. En somme, nous avons eu droit à deux départs fracassants qui ont même relégué au second plan l’entrée au parlement du premier député de Québec solidaire, son co-leader Amir Khadir.

Convenez-en : la présente campagne électorale est des plus ennuyantes. Plate, comme dirait mon voisin de palier. Rien à se mettre sous la dent. On prend les mêmes et on recommence. Ni Amir Khadir, le seul leader politique « visible », ni son alliée de Québec solidaire, Françoise David, n’ont eu droit aux feux de la rampe le temps d’un débat télévisé.