C’est un signal politique très fort et chargé de sens que vient de lancer Ottawa en direction d’Alger en mettant fin au moratoire sur le renvoi des ressortissants algériens qui vivent en situation irrégulière sur le territoire canadien. Rappelons que le moratoire a été décrété le 4 mars 1997 et rendu permanent au mois de septembre de la même année.

Il avait été instauré en raison de la situation politique qui prévalait à l’époque, coïncidant avec les massacres de Raïs et Bentalha. Cependant, plusieurs islamistes à qui le Canada avait refusé le statut de réfugiés ont pu bénéficier de la largesse du décret. Ce fut le cas notamment de Ahmed Ressam et Houari Mokhtar, pour ne citer que ces derniers. En normalisant le statut des Algériens, Immigration Canada, qui se plaignait trop souvent d’avoir les mains liées, pourra davantage maîtriser et mieux gérer les dossiers des demandeurs d’asile d’une part, et lâcher du lest concernant les visas de touristes, d’autre part. Ce qui pourrait, dans une certaine mesure, arranger les personnes déjà installées au Canada plus de 40 000 qui souhaiteraient recevoir leurs parents. Cette possibilité s’était considérablement amenuisée à cause du moratoire. Arrivés au Canada avec un visa de touristes, les Algériens demandaient automatiquement le statut de réfugiés. En raison du moratoire, le Canada n’avait d’autre choix que de les garder. Par la force des choses, les Algériens ont été catalogués comme de potentiels réfugiés, et ce, quelles que soient leur situation et leurs intentions. En conséquence de quoi les demandeurs de visa touristique se heurtaient à des refus systématiques. Ce qui a rendu les déplacements entre les deux pays très difficiles. Le ministre de l’Immigration, Denis Coderre, connu pour sa sensibilité à la situation en Algérie, nous a clairement dit qu’il ne s’agissait pas pour lui de faire un geste contre la communauté algérienne, mais plutôt d’établir des relations saines et responsables avec les Algériens. Le ministre, qui a par ailleurs affiché une grande disponibilité, projette de se rendre à Alger prochainement pour se faire une idée précise des besoins et des attentes du côté algérien, car il reste persuadé que «bien des choses restent à faire pour améliorer le système». Toujours est-il que pour l’année dernière, en terme de nombre, l’immigration algérienne occupait la troisième place après les Chinois et les Français. Bon an mal an, le Canada, en particulier le Québec, accueille environ 5000 Algériens. C’est sans doute sur le plan politique que la levée du moratoire trouve toute sa portée. Même si Ottawa considère qu’Alger a encore beaucoup à faire au sujet du respect des droits de la personne, le Canada juge qu’il y a une amélioration de la question sécuritaire. Toutes choses égales d’ailleurs, le geste d’Ottawa ne doit pas être perçu par nos dirigeants comme une carte blanche en leur faveur, mais plutôt comme un signe d’encouragement pour lutter d’une façon encore plus significative contre le terrorisme islamiste. C’est d’ailleurs l’essentiel du message qu’a donné Jean Chrétien à Alger au président Bouteflika, lui demandant de respecter les droits de la personne, faisant clairement allusion à des dossiers brûlants tels que : la gestion de la crise en Kabylie, le Code pénal, le Code de la famille, le dossier des disparus. Si les autorités algériennes ont favorablement accueilli la levée du moratoire, du côté canadien, on s’attend aussi à des gestes…

Source: http://www.elwatan.com/journal/html/2002/04/09/actualite.htm


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