Le feuilleton de la création très controversée, le 25 mars prochain, à Montréal, de la Coopérative des Algériens en Amérique du Nord (CAAN) n’en finit plus.

La réaction provient, cette fois-ci, des dirigeants du Centre culturel algérien (CCA), une association indépendante existant depuis 1999 à Montréal.

A l’instar des dirigeants de l’Algerian American Association of Greater Washington, Ahmed Mahidjiba, le président de l’association montréalaise, rejette l’initiative de création de la CAAN. «Ce projet ne mérite pas notre attention et encore loin notre adhésion», écrit Ahmed Mahidjiba, à l’attention des membres de la communauté. Le dirigeant du CCA s’inscrit en faux, également, par rapport aux déclarations préliminaires de l’initiateur du projet, Nacer Boudi, concernant l’inexistence de tissu associatif communautaire algérien en Amérique du Nord en général et au Canada en particulier. Contrairement à ce qui a été avancé pour motiver la création de la CAAN, à savoir le peu de représentativité de la communauté algérienne au Canada, vis-à-vis des instances locales, fédérales et nationales, le responsable du CCA précise que son organisme est devenu, par ses nombreuses activités et le dévouement de ses bénévoles, «le partenaire officiel du ministère de l’Immigration du Québec». Le CCA est aussi présent, selon lui, à la table de concertation Maghreb et sur le profilage racial. Face au gigantisme de la CAAN et au profil que veulent lui donner ses initiateurs, le CCA répond par son travail quotidien et pragmatique. «Ce statut, nous l’avons obtenu par des actions concrètes, par des activités pérennes et régulières, par l’abnégation et la générosité de nos bénévoles et par un dialogue serein avec les différents paliers de gouvernement au Canada», précise le président de l’association. L’organisme estime, aussi, que «la CAAN n’est qu’une proposition commerciale comme on en reçoit par dizaine dans nos courriels, initiée par une personne qui n’a jamais consacrée au moins quelques heures de son précieux temps pour venir en aide aux membres de notre communauté».

Bien que conscients des limites de l’action menée et des défis que la communauté algérienne doit relever pour assurer une intégration progressive et durable des Algériens à tous les niveaux au Canada, les dirigeants du CCA refusent, pour autant, de devenir des «marchands de rêves». L’intégration n’est pas, pour eux, «une loterie» mais plutôt le résultat d’un travail soutenu et sincère. Le président du CCA relève dans ce contexte que les communautés les mieux intégrées dans la société d’accueil sont celles dont la présence au Québec et au Canada remonte au siècle dernier. «Parmi les communautés néo-québécoises, la communauté algérienne est certainement la plus dynamique, la plus audacieuse avec peu de moyens. Elle a, aujourd’hui, un centre communautaire, des émissions radiophoniques et télévisuelles, un journal, plusieurs associations actives et plusieurs Algériennes et Algériens occupent des postes importants dans les compagnies les plus prestigieuses du Canada», précise Ahmed Mahidjiba. La situation n’est peut-être pas rose, selon lui, mais elle est loin d’être noire. «Soyons sérieux et fidèles au professionnalisme que nous revendiquons et qui est la principale raison de notre présence au Canada, ce qui fait de nous les gens les mieux placés pour savoir que toute réussite de notre communauté comme pour toute autre réussite individuelle ne peut être que le fruit d’un travail assidu sur le terrain», indique-t-il. L’initiative de création de la CAAN devient, dans le contexte du travail de proximité, une gigantesque utopie. «Les miracles n’existent plus et ceux qui y croient toujours risquent d’attendre bien longtemps avant de voir une communauté algérienne forte et bien implantée», estime le président du CCA. Une affaire à suivre le 25 mars à Montréal

Source: http://www.quotidien-oran.com/quot3111/even.htm


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