Texte du 29/07/2015 envoyé pour publication sans correction ni relecture. Texte envoyé volontairement en l’état. Un texte brut et brutal.

Né après trois frères et une sœur. Dahmane, Khaled, Rahima et un anonyme, mort-né, le pauvre! À ce qu’il parait, de l’Au-delà, vous nous entendez, vous nous voyez. Soyez heureux! Notre père, grands-pères, grand-mères, cousins et amis sont parmi vous, Samira notre sœur et le petit Yanis-Racim, le fils de celle qui l’a remplacé, aussi. C’est Samira qui va s’en occuper. Cherchez aussi Saddek,  Hafid, Derradji, surtout BAB, Omar, Yazid et ils vous parleront de votre frère.

Hey! vous les frères et sœurs. Vous êtes nombreux là-bas. Cherchez Lwenes Matoub, Vous devez le trouver et lui dire exactement ces mots : « Notre frère viendra, il fera un enfant avec un Ange qu’il n’aime pas, qu’il n’adore pas ici même. Cet Ange lui donnera son sein devant nous tous. Et toi, tu chanteras pour cet enfant et tout le monde  t’écoutera. Si tu refuses, il va te faire un scandale».

Pour l’organisation des noces, débrouillez-vous. Elles doivent être simples, joyeuses et pleines d’ivresse. Une immense beuverie.  Pour Mahdi, les plus fortes.

Pas de remarque sur les précédentes aventures. Jamais dit un tel vœu, une telle intention avec les autres. Avec cet Ange, c’est spécial. Il est en langage HEC Montréal, où votre frère a étudié un peu, cette précision est juste pour vous dire que les mots sont choisis pour leur sens, is a very good bargain in BAU, for Business as usual. 

HEC Montréal, c’est prestigieux, aussi. Merde alors de ne pas le dire!

Donc;

Dieu, dans son immense générosité, lui a dit : « Tu naitras dans une canicule de juin 1961, tu souffriras, tu seras pauvre, tu feras une bonne scolarité quand même, tu seras aimé et tu seras heureux ». C’est du style Coluche, pour de vrai.

Première souffrance. Ses parents voulaient garder ce garçon, pas du tout beau, avec une grosse tête, vraie grosse tête, quel que soit le prix à payer! Et qui devait payer? Souvenir vivace et comment! C’est une douleur. Une femme, la voisine, lui a percé l’oreille avec une aiguille. Un anneau artisanal  (a) en argent, au design archaïque, dans le trou.

La deuxième. Tu supplieras, tu pleureras, tu crieras contre ta mère pour te l’enlever parce que tes camarades te traitaient de fille et pour prouver le contraire tu te battras physiquement, …etc.

Tu seras pauvre! À 6 ans, pour aller à l’école, en hiver, tu porteras des cuissettes (short) en toile blanche. Pour poursuivre ta scolarité, tu seras séparé de ta mère, tu quitteras l’école; tu deviendras berger d’une chèvre, grâce elle qui a envoyé Nna Tchava auprès de Dda Ahmed pour intercession entre toi et ton mari, tu reprendras l’école et c’est Dahmane qui t’aidera à rattraper ton retard scolaire…, etc.

Pour rentrer  de Voujlil à Toghza en fin de semaine, c’est Dai Oussaâda ou Salah Ichentirène qui prenaient ce garçon avec eux. Ils habitaient Voujlil et avaient leur lopin de terre dans ce coin. En plein crue d’hiver, l’oued Es-Sahel, un affluent de la Soummam, paraissait océan atlantique.

Tu seras turbulent mais pas casse pied, un peu quand même, si.

Tu seras aimé! C’était sans limite! au point, même enfant, il sentait que c’était trop, à se sentir étouffé. D’autant plus que les résultats à l’école étaient bons, grâce à Dahmane et ensuite tout seul, sans grands efforts. Avec fainéantise.

Aimé! Infiniment. Prénom du père de Saadia, la tante paternelle; de l’époux de la grand-mère, Yamina, Ninouche par le petit nom, tellement belle. Prénom du père aussi, fils du grand-père, L’hacene.

Marchés hebdomadaires de Beni-Mancour et Tazmalt et visites des cousins dès quatre ans (à peu-près).  Tazmalt, le jeudi, était le rendez-vous de toute la famille. Tout le monde déposait ses courses dans le magasin de Dda Said. Le père L’hacene rendait visite à Dda L’hocine, postier, le plus sérieux fonctionnaire que l’Algérie, toute l’Algérie ait connu. Cette visite était pleine de codes douloureux. Voir Dda Mohand Saddek et boire un café préparé par Nna Djamila ou une de ses filles était la règle. Pour les codes, ils sont visibles en Algérie et s’intensifient.

Invitation au duel

Un crétin, à priori plein aux as ou du moins riche, a envoyé un messager à ce père bon vivant, blagueur, rieur, jovial, pauvre, sans emploi pour lui demander s’il était prêt à vendre son lopin de terre à Toghza. Cela s’est passé devant le magasin de Dda Said.

Dans un immense cri, le pauvre : « Dis-lui, ta femme est répudiée ». Cette expression est une invitation à un duel physique. Vendre la terre des ancêtres est, peut-être pas un crime, un déshonneur.

Une main violente happa le rejeton et lui ordonna d’aller attendre dans le bureau de Dda L’hocine à la poste qui n’était pas loin. Première lecon d’homméité à la kabyle… Ce lopin de terre est devenu une très belle propriété familiale avec une belle maison, on peut le dire, un bon système d’irrigation et une belle clôture. C’est surtout un bel endroit pour le farniente des petits-enfants du pauvre pris pour un bougre! L’Hacène. Au diable Fouroulou! Au diable la pauvreté! Mais. Si le PIB mesure la richesse des nations, les comptes en banque ou bas de laine celle des hommes, la pauvreté mesure la dignité.

La survie de ce garcon moche, grosse tête, malgré la naissance d’autres frères et sœurs a fait de lui un patriarche. 
Ce moche, ce môme a fait survivre un couple! Autrement, il aurait explosé. Arriération de la vie kabyle. La femme est incapable de faire des enfants résistants à la mort.

Lwenes Matoub chante Uzzu Tayri! Gueule et crie plus! …

Samira,  sautez le paragraphe et revenez après

Dix ans d’écarts. Un enfant s’en fout des bébés. Il préférait jouer aux osselets, au ballon, à la poursuite, à akermousse au couteau, aller à la forêt. Sa mère lui donnait le sein. À une année, elle marchait. L’enfant, le garcon, regardait cette petite sœur dans une tenue même pas de friperie. Elle était plus belle que la lune, plus belle que toutes les étoiles. Les yeux verts, très. Blonde comme un épi de blé caressé par la brise de Kabylie et élevé par une source de ses montagnes. Vous qui lisez, le macaque qui vous écrit pleure. Il écrit pour se libérer. Sautez ce paragraphe et revenez après.

Elle marchait difficilement. Son père et sa mère l’ont prise à Alger, à l’hôpital Mustapha. Grâce à l’hospitalité, à l’immense générosité de son unique oncle utérin maternel, déjà riche et qui s’est fait tout seul, ils se déplaçaient facilement dans sa voiture et dépensait son argent, l’argent de l’oncle. 

Le garçon est resté auprès de  sa grand-mère paternelle, les autres auprès de la maternelle ou chez une tante. Le souvenir est flou et le détail ne sera pas cherché. C’est une douleur caca!

Le garçon pleurait plus sa mère que son père. Quinze jours après, de retour. Samira, encoure plus belle, moins pale et  plus faible, elle restait plus assise sur une natte, un tapis de n’importe-quoi. Elle était plus belle parce qu’elle est habillée de meilleurs fringues. Les placebo ont peut-être fait effet.

Elle baragouinait quelques mots. Sautez ce paragraphe et revenez après. Le connard qui vous écrit a mal, il pense en même temps à une autre Samira de douceur, il pense à sa mère. Le connard qui vous écrit est à Montréal. Même sans emploi et il n’en cherche pas jusqu’à vidanger tout; il est confortablement installé à la Plazza Saint Hubert, juste à coté de la Petite-Italie. Il écoute le groupe Afous chanter : Am m’zour sur Youtube!

Sa mère, Lyakout, une perle au sens propre du terme, diminutif : KouKou avec le son du k dans Lyakout,  lui apprenait des mots quand elle était à coté d’elle ou quand elle la prenait dans ses bras pour soulager sa douleur.

Samira, le ventre de Samira gonflait à vue d’œil, elle dépérissait. Sa mère devait continuer à gérer son foyer. Pas toujours à coté d’elle.

Le garcon, le turbulent profitait de l’absence de sa mère pour voler un morceau de galette qu’il couvrait de lait concentré Nestlé et repartait comme le vent pour continuer à jouer. Il n’y avait ni frigidaire ni télévision ni sidizekri dans cette maison des aïeux.  Un peu de positif; il y avait l’eau courante et l’électricité.

Samira s’amusait dans sa douleur avec des jouets de cuisine, poupée et autres que l’épouse de son oncle lui avait donnés.

Cette foutue boite métallique se trouvait sur l’étagère au dessus de sa tête. Elle voyait le voleur qui lui disait. « Pas Yemma ». Ce lait était sucré et consistant.Il donnait beaucoup d’énergie. Cette énergie qui quittait Samira.

La mère se rendait compte que le volume de lait a baissé et avait peur… Samira lui disait Dhadda, Dhadda, Dhadda!  

C’était la première à dire Dhadda! Elle est morte. La revoir, la serrer, l’étouffer dans les bras, l’embrasser sur le front… Pas grave! Celle qui l’a remplacée, une copie conforme, chirurgien-dentiste  actuellement prend tout cet amour.  Cet amour pour toi Samira est devenu une peur de ta sœur. Pas un mot devant ses ordres.

Samira, c’est bon pour toi et pour tous les autres; pas d’inquiétudes,  la foi en Dieu va  augmenter encore plus, qui a augmenté grâce aux équilibres stables et instables en mathématiques, les prières plus nombreuses pour vous rejoindre tous au Paradis. Si vous n’y êtes pas, ce sera une autre histoire. N’oublie pas, mes noces avec un Ange chez vous et Lwenes Matoub.

Vous l’avez lu!

Tu seras heureux! Malgré tout et tout et tout. Le bonheur était total. Premier amour à 12 ans. Naïf et violent, autrement dit, pur. Il y avait ces envies de tout. Puberté oblige et rareté de la femelle. C’est une formulation coïtale! Déshumanisation du texte et merci à Driss Chraibi de l’avoir dit. Beaucoup d’appositions. Les . ! , ; à gogo; peu de verbes. Salut G’ma, Mahdi.

Malgré ces restrictions dues aux tabous et peurs, à la timidité qu’il fallait cacher par beaucoup de fausse extraversion, ceux qui voyaient ce petit couple étaient aussi heureux, très heureux. Ils ont commencé à tirer des plans sur la comète qui ont failli se réaliser. C’était la Suisse qui a tout foutu en l’air. 

Azrou Oualloul. Le village chapeau d’Ighil Ali. Les familles les plus célèbres de ces deux villages sont : les Cherifi-Messaoudi; les Amrouche et Iaâzziwène (les Azzi). Les boudjelliliens réputés pour leur finesse et intelligence qu’ils ont perdues, se mariaient facilement avec les femmes de cette région réputée émancipée et très commercante. Des joutes oratoires et des exercices de tirs étaient le concours pour la conclusion de l’affaire, l’acceptation de la demande de la main d’une femme.

Collège à Akbou, la plus belle ville du monde. Culture immense. Premier chef de l’État algérien, le révolutionnaire pour tamazight, le fils de son père,  le surdoué. Le torturé. Le mort. Celui que vous connaissez. Celui que vous ne voulez plus connaitre, vous les crétins, les imbéciles, les félons, les parvenus, les à-plat-ventristes, les cocufiés, les, les … . Tout. 

Première année (6ème ), externe. Une année dans un hammam avec d’autres camarades de Voujellil, ce village d’intelligences pernicieuse et fine. Le « Bain-douche du bonheur », nom de la rue oublié, cette montée pour tout le monde y compris les ânes, le lundi, jour de marché, la descente uniquement pour les piétons. C’est un sens unique.

Dans ce hammam, le « Bain-douche du bonheur »,  découverte d’un autre peuple, celui de la région d’Amalou, Bouhamza, Vicher et prononcez le r, très arabisé et coranisé par la zaouia de Sidi Yahia El Aidli. C’est dans la région des Babors. Ce peuple était en force dans ce hammam, le propriétaire et ses enfants étaient natifs de cette région. 

Ath Voujlil et cet autre peuple, très doux, d’une grande douceur mais niyath au sens gros, aucun second degré, de cette catégorie dont on n’aime se foutre de la gueule.  Adolescence oblige et même après mais beaucoup moins.

Dahmane, frère la torture!

Canicule d’été et siestes. Il lisait toutes les feuilles sur lesquelles il y avait des lettres.  Entre dire un mot et en lire un. Il préférerait la seconde possibilité. Médecin, il ne pouvait pas prescrire des livres mais il recommandait la lecture. Enfermés dans la même chambre, pour fuir sa torture, tous les livres obligés à lire étaient jugés mauvais, faibles par le torturé âgé de 13 ou 14 ans. Lui, il avait lu les livres que son « élève » avaient recus comme prix au CEM. Parmi-eux, il y avait Quand vinrent les visages pâles et Vous voulez rire Mr Feynam!

- Lis ca!
-  Le roman est passionnant.

C’était Cellule 2455, couloir de la mort, erreur judiciaire ou châtiment mérité de Caryl Chessman. Et depuis, la littérature rêche, poésie, économie, anthologies

Le nabot doit grandir

Au CEM. Visites médicales périodiques. Dr Ahcene Rekkis : « Il doit faire du sport, beaucoup de sport sinon il restera nabot ». En plus de celui dans l’emploi du temps, volley-ball tous les jours de semaine entre 12h30 et 13h45. Les élèves en permanence étaient envieux de ces volleyeurs qui jouaient pendant qu’eux étaient en prison.

Excellent numéro 3 (à la passe au filet), ou par balle à droite, balle à gauche : des courtes au millimètre sur la bande du filet; de semi et de très hautes pour les joueurs d’1m75 et plus, filet à 2m ou 2m03.

Passeur sauf bobos aux doigts comme les inflammations ou foulures! Passe avec 3 doigts de chaque main, plus efficaces, plus précises que celles avec tous les doigts. Entrainement des doigts avec un ballon de basket pour les muscler.

Bon  défenseur, jamais attaquant. Suite naturelle des choses : volleyeur « pro » dans la Fédération algérienne des sports scolaires et universitaires.  (FASSU) à partir de la deuxième année (5ème ).

Débuts des affrontements !!!

Contre Sidi-Aich, Tazmalt, El kseur, Bejaia… Dans celle de Tazmalt : Okba Gougam, Rachid Messaoudène, un gaucher smasheur-fusiller, devenu ami; Toufik Assam, avec sa carrure et son teint, un allemand.

Souvenir clair : défenseur, le plus petit de taille sur le terrain, tous les attaquants et serveurs le visaient. Aux balles flottantes, il fallait répondre par des plongeons sur le ventre avec atterrissage en douceur sinon il va exploser.

Toufik Assam exigeait des balles très hautes pour les smashes. En sautant, il donnait l’impression d’être un gratte-ciel ou une fusée qui montait. À un contre à l’un missile de ses missiles, avec une manchette, sensation de fractures des avant-bras. Le défenseur a tournoyé et ko sur le terrain. Ko au sens propre du terme.

Du feu dans les avant-bras. Remplacement. Avec applaudissements des spectateurs et félicitations de Mouloud Bacha, le professeur d’éducation physique, un sévère, un exigeant. Une fabuleuse bonté. Aux saluts de la fin de la rencontre : « petit et fort » de la part d’Assam.

Pour sa petite vengeance personnelle, l’astuce fétiche du passeur était de sauter légèrement, faire un geste de la main gauche et vriller la balle avec la droite. Mortelle pour le point ou la récupération du service. Le geste jouissif était la récupération d’une balle à quelques centimètres du sol par un pincement avec le pouce et l’index. Geste appris auprès de Hamid Mekhnèche, professeur de français et ancien joueur du Nahd... 

Quelques années plus tard, Toufik Assam est devenu le beau frère de Dahmane.  Après cette pratique du volley au collège, le nabot ne l’était plus. Il a gagné plus de 20 centimètres. Le reste, le peu est venu après. Résultat final, définitif : 162 cm sauf si le dos se voute, ce sera retour à la case de départ. La voie vers l’Au-delà.

L’équipe la plus facile à battre : Sidi-Aich. L’enfer était celle d’El-Kseur avec Zinou, le nom de famille serait Gana. Pas  sûr.

Match phare dans la semaine. Le nom Zinou dans toutes les bouches et sur toutes les langues. Obsessionnel.

Entrée des deux équipes sur le terrain du CEM avec internat d’Akbou. Pas besoin de poser la question. Très brun. Imposant. Démarche nonchalante d’un tueur.

En volley, plusieurs codes. Haute veut dire envoyer très haut la balle. Zinou : « Très haute! » qui signifie qu’il a le temps de voir la position des joueurs adverses, prendre un grand élan, monter dans le ciel et smasher.

Zinou était un B52 dans le ciel qui lâche une bombe atomique. Il faisait des Hiroshima. Rien de moins et rien de plus.

Collé au filet, le passeur était heureux de ne pas les subir. Tozzz! Avec une balle (ballon) courte, sur le ras de la bande du filet, Zinou avait planté une balle (munition)  à quelques centimètres du passeur qui avait vu des étincelles monter du sol!
Out! c’était un ordre de l’entraineur. Impossible pour le petit de rester dans l’équipe qui devait obligatoirement gagner. C’était un défi.

La logique mathématique ne fonctionne pas toujours

Brillant en mathématiques et francais. Moyen et détestation de l’histoire et sciences naturelles, cette dernière à en vomir, l’enseignante Mireille est l’épouse d’Edouard, celui des mathématiques. Il fallait apprendre par cœur et c’est impossible. Bon dans les autres matières sans effort.  Et …

Une fille et une seule fille dans tout le collège. Son père venait d’être recruté. Tous les élèves n’avaient d’yeux que pour elle. Elle a atterri dans notre classe. Le produit n’était pas luxueux, il faut le dire. À qui elle sera-t-elle la « destinée »?

Elle était un oligopole à offreur unique, les demandeurs étaient une nuée. … Seul Rabia répondait aux trois critères : beau, gentil et riche mais moyen en maths.

Pour l’amour de Dieu, les autres étaient aidés dans les devoirs à la maison, les surveillés et les compositions. Juste pour l’amour de Dieu.

Edouard était un raciste. À chaque fois qu’il faisait sortir un élève pour l’envoyer au directeur avec un mot, il lui donnait un coup de pied au derrière.

-  Tu veux un coup de main en maths?
-  Oui
-  Tu t’assois avec  moi en classe
-  Tu changes avec celui qui est à coté de moi, à la première table
-  C’est toi qui vas le faire, presque toujours au fond, avec les voyous

Ca n’a pas marché. Il fallait le faire ailleurs. Derrière une salle de classe? Le complot est trop clair. C’était dans la cour. Un bon coup, une bonne note pour elle. Logiquement quand vous aidez, l’aidée doit logiquement vous le rendre. Par au moins, un toucher sur la main, une bise c’est mieux, plus c’est parfait. Cette logique et pourtant mathématique n’a pas fonctionné. 

Sortez! Ordre de cet enseignant. Exécutant cette vocifération, après prise du mot pour aller voir le dictateur, le directeur, entre l’estrade et la première, il allait recevoir ce coup de pied au c…

- Non Mr! Vous n’avez pas le droit de me frapper, un courage sorti de nulle part.

Reçu par le surveillant général et lecture rapide du bout de papier : Toi, c’est le directeur. Tremblant, très forte envie d’uriner, de faire dans les froques (ou le froc) même, implorant Dieu que le directeur, Hamrani, de Michelet ou Azaga, marié à une francaise, connaisse les cousins, connus et influents à l’académie de Béjaia, direction son bureau.

Le papier remis, l’élève au garde-à-vous. Le directeur se lève calmement et la baffe sur la joie droite. Tellement violente, tellement puissante que le feu et le sang ont été ressentis.

-    Sors!

Dans le couloir, ne sachant quoi faire, les larmes de douleur ont giclé…

Le soir, dans le dortoir, fièvre de cheval, un cheval de Mongolie. Évacué à l’infirmerie dirigée par Nait ou Ait Smail qui habitait sur place, la joue a gonflé, la fièvre était très forte. Est-ce que le tympan n’est pas atteint?

Nuit passée dans une chambre à coté de l’appartement du directeur qui a offert à son supplicié des steaks, fruits pour le remonter un peu.

Le lendemain, contrôle chez l’infirmier. Rien de grave et re-visite du directeur.

- Qu’as-tu fait?
- Ai-je fait une correction d’une erreur? Ai-je bougé dans la classe, lui qui nous l’interdisait ou de lui avoir interdit de nous traiter de bougnoule parce que Rachid Haroun ou un autre maitre d’internat a expliqué la signification? Aucune mémoire sur la cause et la réponse.
-    Tes résultats sont très bons… tu m’excuseras pour la gifle.
-    Forcé, sans choix, oui.

Mr Hamrani, vous avez été un immense directeur. Avec vous, nous avons été gâtés. Vous étiez de la sévérité d’un père qui aime ses enfants et qui voulait qu’ils réussissent. La Patrie enfante peu d’hommes de votre niveau. G’ma a écrit : «… Elle est stérile ».

El maqrodh, le gâteau, el makrout er souriez avant de continuer

Rachid était maitre d’internat, surveillant du soir. L’étude se faisait entre 17h15 et 19h, heure du diner et entre 19h30 et 21h, l’heure du coucher.

Il était gauche comme tout. Il avait aussi avec lui un papier d’emballage et de la ficelle. Volontaire pour ficeler el maqrodh préparé par sa mère. La boite ouverte, une pièce a été mangée sur place. Il ressemblait à celui de Voujlil, celui de Tadoussac pas encore goutté.

Opération d’emballage et ficelage terminée. Désormais, en cas de turbulence en salle de permanence, pas de sanction : la consignation du  week-end, privation de rentrer chez les parents.

La consignation pour le week-end au CEM est l’équivalent de la cellule d’isolement dans un bagne. Est-ce que vous sentez quelque chose dans cette phrase? Souriez! 

En rentrant à Voujlil pour la fin de la semaine et revenir le lundi matin, Donc, si un élève n’est pas du lot, ses parents s’inquiètent et demandaient après lui. Le mensonge doux : « Il ne voulait pas sortir ». La vérité crue : « Il est consigné ». Et il est bon pour la tannée quand il viendra la semaine d’après...

Des jours sont passés. La boite nel maqrodh a été pilée pour contrôle. Vue par le destinataire. La femme morte dans un accident de circulation pour le voir. Promis de sortir assister à son enterrement. C’est une atrocité en prime, la cerise de la torture. La promesse n’a pas été tenue.

C’était el maqrodh des mains de la mère de Mohamed Haroun.

Hey, ceux d’en-haut, you are bastards, fuck you!.

Cherif Aissat