Hasard du découpage administratif ou signe du destin : la circonscription électorale de Farid Salem commence au coin de la rue Jean Talon et de la 20e avenue où se trouve le café 5 Juillet ! C’est en plein quartier maghrébin de Montréal, Le Petit Maghreb, que nous avons rencontré Farid Salem un jour de ce mois de Ramadhan, juste avant le ftour (rupture du jeûne).


Il venait juste de finir la collecte des signatures nécessaires pour valider sa candidature avec l’administration électorale. Une collecte qui a été rendue possible grâce à un groupe de bénévoles et à son action sur le terrain. Les affiches électorales de ce Québécois d’origine algérienne sont bien visibles dans la circonscription Saint Léonard-Saint Michel où réside une forte population d’origines maghrébine et italienne.

Farid Salem est à l’aise, aussi bien dans une assemblée de Québécois « pure laine » qu’avec des habitués des cafés du Petit Maghreb de Montréal. Une « intégration » qui a commencé depuis son arrivée au Canada en 1990. Au prix d’un continuel engagement au sein du parti souverainiste et de sa communauté d’origine, ce père de 2 jeunes filles voit ainsi son parcours couronné par le choix porté sur lui par le Bloc québécois… une persévérance qui paie, en somme. Pour cet enfant d’El Harrach, originaire de Sidi Aïssa, ces élections représentent un double enjeu : contrer les conservateurs du Premier ministre canadien sortant, Stephen Harper, pour qu’ils n’obtiennent pas la majorité au Parlement. « Si les conservateurs obtiennent la majorité au Parlement, le Canada ressemblera encore plus aux Etats-Unis. Stephen Harper ou George Bush, c’est du pareil au même », affirme ce licencié en sciences économiques. Actuellement, le Bloc québécois détient 48 sièges des 75 qui représentent la province du Québec au sein du Parlement canadien.

Pour les observateurs, une majorité conservatrice ancrerait le Canada à droite, car « le Premier ministre sortant ne cherche pas juste à gagner les élections. Il veut une majorité qui lui permettrait de réorienter le pays ». « Nous ne sommes pas venus au Québec pour envoyer nos enfants en Afghanistan », affirme ce consultant en commerce international, en écho au fort sentiment anti-guerre dans l’opinion publique québécoise. Le second enjeu est de faire sortir la communauté maghrébine voter. Car, historiquement, et les statistiques électorales le prouvent, les Maghrébins ne votent pas en masse. Farid Salem compte résolument renverser la tendance. « Je ne le répéterais pas assez, si la communauté ne sort pas voter, elle ne comptera pas », explique-t-il, car les hommes politiques ne regarderont jamais du côté d’une communauté qui ne les a pas aidés ou qui ne représente aucun « risque » lors des élections.


Source: El Watan du 28 Sept 2008