Dans ce monde du banditisme et de la contrefaçon, le faussaire côtoie l’escroc, l'escroc le fraudeur et le fraudeur le terroriste. Jamais, dit-on, les interpellations n’ont été aussi significatives que celles concernant des personnes appartenant à la communauté algérienne. Bref, un constat blessant et humiliant

Le plus intrigant dans les scandales des faux documents nous est venu tout d’abord du cas de Khalil Touahri – la DST française l’avait présenté sous son vrai nom : d’abord Sofian Hamidi, ensuite Yacine Rebbih. Lors de son séjour à Montréal, Khalil, qui “travaillait” au niveau du consulat d’Algérie, était considéré par le SCRS (espionnage canadien) comme un agent lié aux services secrets algériens. Les documents du tribunal de Montréal datant de janvier 2000 font état de sa convocation par la juge Claire Barette de la Cour supérieure du Québec.

Lors de cette audience, “l’agent” algérien a refusé de répondre à au moins deux accusations principales : la première est usage frauduleux de cartes de crédit et de débit et la deuxième association terroriste. Le concerné aurait prétendu avoir l’immunité diplomatique (!?). Le consulat d’Algérie à Montréal a nié, en cette période, toute appartenance de Touahri au personnel de notre représentation. Pourtant, cet individu, comme certains témoignages l’ont prouvé, allait fréquemment au consulat.
Plus grave encore, ce monsieur avait des liens avec trois individus connus pour leur parcours terroriste. Le premier : Mourad Ikhlef impliqué dans l’attentat de l’aéroport d’Alger et emprisonné actuellement au Canada ; le deuxième : Adel Boumezber arrêté à Niagarra Falls (identité non vérifiée car cette personne utilise trois noms différents) ; enfin Ahmed Ressam. La mosquée Essuna de Montréal était le lieu de leurs rencontres. Dans les mêmes documents, on a pu avoir connaissance d'une perquisition faite le 4 octobre 1999 au domicile du fonctionnaire du consulat. A 6h15 du matin, un agent de la DST nommé Jean-Louis Gemenez, venu de France, accompagné de trois gendarmes canadiens, s’introduit dans l’appartement de Touahri à Montréal. Les policiers saisissent alors un agenda électronique, des documents et des cartes de crédit contrefaites (?!).

“Touahri est une taupe algérienne”
Après l’audience au tribunal, les autorités canadiennes ont décidé d’expulser Khalil Touahri. Ce dernier s’est retrouvé au Maroc puis a pu regagner Alger où on l’a emprisonné (?). Comme nous l’avions souligné, Touahri était, selon les documents des services secrets canadiens (un agent d’infiltration envoyé par Alger). Si de telles affirmations (du SCRS) s’avéraient exactes, ce serait vraiment honteux pour notre pays. Car comment se fait-il qu’un fonctionnaire d’une représentation diplomatique, de surcroît agent secret, se retrouve convoqué en novembre 1999 devant le juge de la Cour supérieure de Montréal pour s’expliquer d’un cas de fraude et de terrorisme. Si Touahri était un terroriste comme le présente la DST française, que faisait-il au consulat alors ? S’il n’est pas terroriste, mais agent secret, quelle explication peut-on donner aux fausses cartes de crédit, à son comportement gravement préjudiciable et encore à ses liens douteux ? L’a-t-on sanctionné pour toutes ces dérives ? Impossible d’y répondre car l’information est bloquée aux portes d’Alger.

Autre scandale, de moindre importance celui-là. Il réside dans la falsification des passeports opérée par un petit clan ayant activé dans la ville de Phenix, dans l’Etat de l’Arizona.

En effet, dans l’affidavit du tribunal fédéral de l’Arizona – le document est disponible sur Internet sous www.findlaw.com –, on peut citer le cas de Redouane Dahmani, un citoyen algérien que le FBI soupçonne de lien avec le terroriste algérien Abou Doha dont le nom d’état civil est Amar Makhloufi, emprisonné actuellement à Londres. Les policiers de Maricopa County (Phenix) avaient découvert dans les documents personnels de Dahmani les coordonnées de ce Abou Doha lequel risque l’extradition vers les Etats-Unis car il est cité dans plusieurs témoignages liés au 11 septembre.

Usurpation d’identité
Dahmani qui a utilisé un faux passeport français portant la filiation Abdelhalim Lalami, se présente comme l’ami de Lotfi Raïssi avec qui il avait fait connaissance au niveau du Centre islamique de Phenix (source : Arizona Republic). Au sujet de ce Lotfi, il est utile de mentionner que, selon l’acte d’accusation, on l’accuse d’usurpation d’identité (l’adoption du nom de Vincent Fabrice) et surtout de faux témoignage devant une commission de l’immigration, une instance ayant les attributions d’un tribunal.
Selon l’acte d’accusation toujours, Lotfi a non seulement rempli puis signé une déclaration de refuge au profit de Dahmani, mais témoigné en sa faveur. Dans ce témoignage, Lotfi a confirmé devant les juges les dires de Dahmani selon lesquels ce dernier est persécuté par le pouvoir militaire et le DRS et que tous les massacres commis en Algérie sont l’œuvre des généraux – le document intitulé “Asylum Request” peut être consulté au niveau de l’INS de Phenix, après autorisation d’un juge. Mais malgré sa libération par le tribunal de Londres pour manque de preuves dans le cas de liens supposés avec les pirates du 11 septembre, puis ses déclarations concernant l’injustice faite à son égard, car prétendument “il était pilote algérien et musulman”, Raïssi continue d’être poursuivi pour d’autres charges citées toujours par le journal Arizona Republic.

Le FBI attend Abou Doha au tournant
L’on s’attend à ce que le FBI réplique si jamais il arrive à soutirer quelque chose d’Abou Doha une fois cet ex-fissiste extradé vers les Etats-Unis. A titre de rappel, M. Raïssi avait promis, selon des journaux algériens, de poursuivre le FBI, mais jusqu’a présent, aucun signe. En réalité, des poursuites contre le FBI risquent de devenir problématiques pour le jeune pilote, car n’importe quel juge américain peut demander la présence du concerné devant un tribunal aux Etats-Unis. Et on peut facilement deviner les conséquences.
Raïssi peut se trouver inculpé et emprisonné pour dix ans.
Le FBI détient une série de charges. Les plus minimes sont un semblant de rapport de la police italienne incriminant Lotfi et sa conjointe, deux infractions liées au métro (MESA de Phenix) et une plainte de l’administration des immeubles où habitait Raïssi à Phenix. Quant aux charges qui pourraient s’avérer lourdes, ce sont celles de l’INS (Immigration and Naturalization Service), l’office de l’aviation et, la plus grave, de la Social Security Administration qui pourrait poursuivre Raïssi pour utilisation frauduleuse d’une carte de la SSN appartenant à une dame décédée il y a 10 ans.

Un boulanger dans le pétrin
Toujours, dans le cas d’Algériens arrêtés aux Etats-Unis, il y a Sofiane Laïmèche, profession boulanger, poursuivi par le tribunal de Phenix pour falsification d’un passeport italien du nom de Marcello Secutari, et Zoheir Rouissi, un autre Algérien poursuivi par le tribunal de Toledo, dans l’Etat de l’Ohio. Zoheir Rouissi a payé 3 000 dollars pour avoir des papiers en règle aux Etats-Unis. Pour ce faire, il a décidé de contracter un mariage blanc avec une Américaine. Cette dernière a fini par le dénoncer par peur d’être impliquée dans les attentats du 11 septembre.

Le syndrome du complot
Il y a une sorte de déraison qui s’empare de notre bon sens à chaque fois que nous entendons parler de l’arrestation d’un Algérien ou d’un musulman par le FBI.

Dans certains cas, la main du sionisme transparaît ; dans d’autres, le syndrome du complot revient à l’esprit. Pour les journaux algériens arabophones, c’est “al-ayadi al-khafia” (les mains secrètes). Nous sommes pris par la même maladie, celle des journaux orientaux et égyptiens principalement qui spéculent trop sur les dépassements aux Etats-Unis ou sur les interpellations qui se font dans ce pays. On se déchaîne encore plus lorsqu’une organisation des droits de l’homme en fait mention.

En tout cas, il s’agit parfois de contrevérités comme celle qui nous a été communiquée. Dans un article, nous faisions mention d’un complot policier contre une mosquée de Montréal (La Nouvelle République, décembre 1999). Cette déduction faisait suite à l’arrestation de 11 voleurs d’origine algérienne lesquels écoulaient leurs marchandises au niveau de la mosquée Essuna, selon la police. Cette information livrée par un officier de police avait fait tomber le ciel et avait donné libre cours aux interprétations les plus tendancieuses. Une année plus tard, les dires du policier s’avèrent exacts.

Usurpation d’identité
Parler des faussaires algériens, c’est parler d’une figure “emblématique” de la falsification de documents. Fatah Kamel, un personnage central du terrorisme international, est un Algérien. Né le 14 mars 1960 à El-Harrach, il a émigré au Canada en 1987 avant d’appartenir aux Brigades des combattants musulmans en Bosnie-Herzégovine. Il faut ouvrir une parenthèse pour dire qu’au moins deux des six Algériens détenus actuellement à Guantanamo faisaient partie de ces brigades. Actuellement, Fateh Kamel est emprisonné en France après avoir été expatrié de Jordanie. Durant son séjour à Montréal, il prenait en charge la diffusion du bulletin “Al-Ansar” du GIA édité à Londres par Abou Hamza Al-Misri.

Connu pour ses activités terroristes, il a continué à utiliser le passeport algérien dans ses déplacements à travers le monde et pour ses demandes de visa. Il a même bénéficié d’un renouvellement de son passeport, alors que tout le monde connaissait ses activités à la mosquée Essuna de Montréal en 1995. Marié à une Canadienne, Nathalie Boivin, Kamel se présentait aussi comme un agent de marketing de la société Mandygo (appartenant à son beau-frère) spécialisée dans l’importation des cigares cubains. Kamel représentant commercial, mais un voleur et un malfaiteur qui s’est s’illustré dans le domaine du banditisme et de l’agression.

Source: http://www.lanouvellerepublique.com/lire/?idc=1&ida=2700&date=20030208