Ils étaient une quarantaine de personnes à rejoindre, ce samedi 22 décembre 2007, le Kemia Jazz Bar à Montréal, pour rendre hommage à Redouane Osmane décédé une semaine auparavant. Dès 13 heures et jusqu’à 18 heures, se sont succédés sur l’estrade de cet endroit intimiste de nombreuses prises de paroles avec pour fond une affiche réalisée par Khelifa Hareb représentant Redouane le poing levé puis un panneau cartonné conçu par l’artiste Rachid Hafed montrant Redouane au mégaphone.

L’après-midi s’est déroulé dans une ambiance chaleureuse faite d’émotion et de douleur, de quelques flottements gênés, de silences graves, de yeux embués, de sourires échangés et de larmes essuyés, où la surprise de nombreuses retrouvailles provoquées par la funeste circonstance se mêlait à la réalité du lourd deuil à porter et de l’immensité de la perte.
L’assistance accueillait en son sein des invités venus apporter solidarité et amitié comme Amir Khadir, co-porte-parole de Québec Solidaire, Jaggi Singh, membre de Solidarité Internationale et de No One is Illegal, Claude Rioux du comité de rédaction de la revue sociale et politique À Babord, Arezki Ait Ouahioune, membre du CAM (Centre Amazigh de Montréal) et du cercle de solidarité Azar-Tassaft, Farid Salem président de l'association Solidarité Québec-Algérie (SOQUAL), ou encore Rachid Ali Ziane ex :Ettahadi-Tafat USA.
Tandis que parmi les personnes venues pour se souvenir de Redouane Osmane, certaines ne l’avaient pas connu personnellement, la majorité de l’assemblée réunie était composée d’anciens camarades de lutte du défunt : Badredine Djahnine aura, dans une première intervention, vite fait de retracer au moins trois générations de militants ex-GCR et/ou PST ou ex-PST ou proches sympathisants dont il présentera brièvement des itinéraires qui auront croisé celui de Redouane Osmane : militants des années 1970 aux années 1980, militantes et militants des années 1980 au début de 1990 et ceux de ces dernières années avec le CLA...
Après lecture du parcours politique et militant du syndicaliste, Djemaa Maazouzi a invité l’assemblée à visionner un extrait du documentaire « Algérie, pauvre à milliard » (Thierry Leclère, France, Arte, 2004) où Redouane Osmane apparaît dans son combat quotidien. Amir Khadir du parti Quebec SolidaireTémoignage de solidarité (celle d’Amir Khadir), lecture d’une déclaration d’un groupe d’enseignants algériens à Montréal par Ouahiba Ihadadene, témoignage de lutte commune avec Redouane, récit de la rencontre avec l’homme, le professeur, récit des apprentissages auprès du militant aguerri, récit des gestes forts, généreux, courageux réalisés par l’ami, anecdotes sur la santé de Redouane, sur sa vie sans vie privée, sur la singularité exceptionnelle de son engagement, sur les aspects si attachant de sa personnalité comme son humilité, son intégrité, son ouverture d’esprit …: Les nombreuses et poignantes expressions de la profonde peine ressentie à l’évocation de la mémoire du syndicaliste ont été ponctuées par des chants de Rabah Kadache qui, accompagné à la guitare par Rabah Rihani, a puisé avec talent dans le répertoire de Ferhat Imazighen Imula, d’Idir ou encore de Cheikh Imam. Omar Zeggane et sa femme de l’ex troupe Debza ont replongé l’assistance dans l’ambiance des années 80 avec quelques unes de leurs meilleures chansons.
L'un des moments les plus intenses et poétiques de cet après-midi aura certainement été la lecture de l’hommage de Mabrouk Rabahi intitulé « Le dernier combat de Redouane ou la procession des morts ». Un texte où grâce à la littérature, à la philosophie, à la fiction, à la poésie, le militant ami désormais montréalais rencontrait Redouane Osmane dans sa tombe à El Kettar et conversait avec lui : ce dialogue extrêmement troublant et inspiré aSamia de la Troupe Debza littéralement pétrifié l’assistance et tout en même temps réalisé une sorte de catharsis provenant autant du cri du poète que de la mise en scène de cette rencontre si loin d’Alger. Une catharsis qui avait tout à voir avec cette impossibilité de faire le deuil pour celui qui a été absent d’Alger lors de l’inhumation du corps.
Cet hommage à Redouane Osmane dont une vidéo a été réalisée par Amis Achour et sera bientôt envoyée à la famille Osmane, se renouvellera certainement l’an prochain comme l’a proposé Khelifa Hareb. Mais bien avant, à l’initiative de Ali Ihadadene et avec l’acquiescement enthousiaste de l’assemblée, famille politique somme toute déjà « constituée » dans l’importante diaspora algérienne du Québec, une prochaine rencontre devra sans doute réunir à nouveau les amis de Redouane Osmane à propos d’enjeux tout à fait canadiens.



Source: http://www.algeroweb.com