Le Petit Maghreb montréalais a de nouveau vibré pour ses équipes nationales engagées dans la campagne pour le Mondial sud-africain et la Coupe d’Afrique des nations. Les Algériens ont un sentiment mitigé après la sortie des siens au Rwanda. Raison : en se faisant accrocher par les Guêpes rwandaises, l’équipe nationale de football a réalisé une mauvaise opération lors de l’inauguration de la dernière phase qualificative Afsud/CAN.

Au delà du résultat, c’est surtout la prestation terne de nos représentants qui inquiète, quand on sait que leurs adversaires du jour étaient loin d’être un foudre de guerre. Durant 90 minutes, les Algériens ont alterné le bon et le mauvais. Il faut dire qu’ils ont débuté le match en trombe. L’attaquant de Sienne Abdelkader Ghezal a même failli surprendre le gardien de but rwandais. Son tir fut repoussé par le poteau.

Manque de hargne chronique
Les Fennecs algériens se sont montrés entreprenants, mais uniquement durant les vingt premières minutes. C’est devenu une habitude. Les deux milieux de terrain Khaled Lemmouchia et Yazid Mansouri ont pris sur leurs épaules le match avant de flancher dans la deuxième moitié de la rencontre. Sachant que le premier cité a déjà « avalé » des distances incalculables avec son club, l’Entente de Sétif qui lutte sur plusieurs fronts, sa prestation mi-figue mi raisin est compréhensible. Son compère lorientais aussi prêcha par manque de fraîcheur. Yassine Bezzaz, le héros de la première phase qualificative, aurait dû faire son entrée en cours de match, mais le coach en a décidé autrement.

On peut émettre le même constat à l’égard de la défense, essentiellement le latéral Slimane Raho qui a été très effacé, mais également le jeune Rafik Halliche, titularisé pour la première fois dans un match officiel en raison de l’absence forcée d’Anthar Yahia.
Au fil du match, les Amavubus rwandaises sont montées au créneau. D’ailleurs, la rencontre changea de physionomie en deuxième mi-temps, quand les actions des attaquants algériens sont devenues amorphes. Paradoxalement, les adversaires des protégés de Rabah Saâdane sont devenus plus menaçants. À plusieurs reprises, le gardien Lounes Gaouaoui sauva les meubles. Les Rwandais ont failli scorer dans les ultimes minutes suite à une erreur de placement du néophyte Halliche. Heureusement que Madjid Bougherra a été impérial. Les rentrées de Hameur Bouazza et Rafik Djebbour, deux attaquants incisifs, ont permis au onze national de réduire la pression sur le compartiment défensif.

Ce n’est pas la première fois que le onze algérien montre un tel manque d’opportunisme et d’ambition. Quand nos footballeurs vont-ils comprendre que, dans le football moderne, on ne peut arriver à ses fins sans des victoires hors de ses bases? Garder ses cages inviolées n’est pas un gage de réussite. Le Gabon nous a donnés une extraordinaire leçon de réalisme en allant battre le Maroc chez lui, rééditant ainsi l’exploit d’Alger de 2004.

Campagne de charme égyptienne
Le satisfecit affiché par Rabah Saâdane a donc étonné plus d’un, même si notre prochain adversaire, l’Égypte, n’a pu faire mieux que match nul sur ses terres contre de fougueux Zambiens. Les deux points laissés à Kigali risquent de peser lourd dans le décompte final. La timide sortie de nos représentants devant une équipe, qui est de loin la plus faible du groupe, n’augure pas de lendemains enchanteurs. Une équipe est à l’image de son entraîneur, dit-on…
Désormais, il faut oublier la déconvenue dans la région des Grands Lacs et penser à notre prochain adversaire. Les Verts se doivent de bien négocier le prochain rendez-vous, loin de toute pression. Et celle-ci devient oppressante. En effet, les Égyptiens ont lancé une énorme opération de public relations, avec les soins de quelques journaux algériens, en vue de courtiser le difficile public algérien, acquis aux siens quand il s’agit d’affronter les Pharaons. Ils ont même blanchi Lakhdar Belloumi moyennant quelques subsides du boom pétrolier. En somme, de l’argent du contribuable algérien.

Le moment a certainement été mal choisi pour une lune de miel, car on risque de déstabiliser notre sélection. C’est aux Fennecs algériens qu’il faut penser. Il y aura d’autres occasions pour célébrer l’Unité arabe. L’équipe nationale a besoin d’être renforcée par des joueurs hargneux, capables d’initier des actions pouvant peser sur le cours d’une rencontre. L’incorporation de Mehdi Lacen, l’Italo-Algérien du Racing Santander, s’impose au milieu du terrain, mais celui-ci se laisse désirer comme une vierge. Tout le monde en est conscient, tant l’entre-jeu algérien montre des signes d’essoufflement. Il se pourrait que la solution soit ailleurs que dans la Liga espagnole. En l’absence de Rafik Saifi, suspendu pour le match contre l’Égypte, on pourrait peut-être rappeler un de ces jeunes Algériens qui montrent leurs dents dans la Ligue 1, voire même dans la Ligue 2. Le Sochalien Ryad Boudebouz ou le Vannais Seid Khiter ont déjà marqué des buts décisifs. Par leur vivacité, ils sont capables d’amener la pression dans le camp adverse. 

Une génération pleine d’espoirs
Plusieurs équipes ont engagé au sein de leur encadrement technique des psychologues. Les professionnels les plus aguerris ont souvent besoin de leurs services. C’est peut-être cet aspect qu’il faut améliorer dans une équipe qui a du mal à imposer son jeu. Personne n’a oublié que nos représentants ont eu besoin d’un authentique exploit des Gambiens à Dakar et à un but en dernière minute de ces derniers pour se rester dans la course pour l’Afsud/CAN.
Les Zambiens, qui ont toujours eu une mentalité de vainqueurs, ont forcé l’admiration au Caire, allant jusqu’à acculer leurs adversaires égyptiens. On n’aurait pas crié au scandale s’ils étaient revenus d’Égypte avec les trois points de la victoire. Alors, la méfiance doit être de rigueur. Les coéquipiers du percutant Jacob Mulenga peuvent surprendre plus d’un, à commencer par Rabah Saâdane. En tout cas, les Chipololo boys sont bien partis. 

L’espoir est permis avec une nouvelle génération de footballeurs, pour peu qu’on sache comment la couver. Alors que, depuis des mois, on a d’yeux que pour les minots de l’école de football du Paradou (des génies jouant pieds nus ceux-là!), les prestations des cadets algériens, drivés par l’ancien entraîneur des espoirs canadiens, l’ex-joueur de l’Impact de Montréal Othmane Ibrir, viennent nous rappeler les grandes sensations vécues grâce aux envolées des Belloumi, Merzekane, Assad, Fergani, Kourichi et autres Madjer. Est-ce que le jeu à l’algérienne est revenu pour de longues années avec ce groupe soigneusement préparé et dans lequel excelle l’émigré Nadir Bendahmane? À lui seul,  l’adolescent issu de l’AS Cannes, le club qui a formé un certain Zidane, a marqué tous les buts algériens. Malgré la défaite en finale contre des Gambiens qui ne nous réussissent décidément pas, les jeunes Algériens ont forcé d’admiration du public! À l’occasion, ils ont réussi à se qualifier en Coupe du Monde. Une première. Est-ce le signe d’un renouveau de notre football ou juste un épisode printanier? Wait and see.