Longtemps soupçonné par le FBI d’être l’un des complices des attentats du 11 septembre 2001 à New York, l’Algérien Benamar Benatta, un lieutenant de l’armée de l’air, a été libéré de prison après 58 mois d’incarcération passés dans des conditions inhumaines.

Considéré comme le dernier détenu lié aux arrestations qui avaient suivi ces attentats, il a été relâché jeudi dernier de la prison pour immigrants clandestins de Battavia à Buffalo dans la banlieue new-yorkaise. Le lieutenant déserteur s’est rendu ensuite dans l’Ontario pour demander l’asile politique au Canada, avait fait savoir son avocate Me Catherine Amirfar.

Agé de 32 ans, Benatta faisait partie des 1 200 individus, d’origine arabe ou musulmane, qui ont été détenus sans procès dans les jours qui ont suivi les attentats du 11 septembre 2001. Sa libération par les autorités américaines est intervenue après que le bureau du consulat général canadien de Buffalo ait accepté de lui accorder la résidence temporaire, selon des documents du tribunal déposés mercredi à New-York, a indiqué son avocate.

«Après cinq ans de détention, Benatta était devenu tout sauf optimiste. Maintenant, il l’est», a commenté son avocate. La porte- parole du ministère américain de la justice, Heather Tasker, avait refusé de fournir à la presse des explications sur sa remise en liberté qui avait été rapportée par le Washington Post et sur l’arrangement conclu entre les autorités canadiennes et américaines pour résoudre son cas.

Envoyé aux Etats-Unis avec 39 de ses collègues pour une formation de six mois à Baltimore (Maryland) en décembre 2 000, Benatta a faussé compagnie à ses camarades en juin 2001. Il ne voulait plus retourner en Algérie probablement attiré par le rêve américain.

Il séjourne alors clandestinement à New York après l’expiration de son visa. Puis, il est embauché dans un restaurant et partage une chambre avec un juif orthodoxe dans le Bronx. Ne maîtrisant pas la langue anglaise et n’arrivant plus à se débrouiller dans ce pays, il finit par déchanter Pour fuir une situation précaire, il décide alors de se rendre au Canada, le 5 septembre 2001, pour demander l’asile sous le prétexte qu’il risquait la persécution s’il retournait en Algérie.

Après avoir traversé la frontière canado-américaine, il est arrêté par les services d’immigration canadiens qui le placèrent dans une cellule à l’intérieur de leurs bureaux pendant qu’ils étudiaient sa demande d’asile. A la suite des attaques du 11 septembre, son expérience de pilote musulman et la ressemblance du nom de famille avec celui de Mohamed Atta, l’Egyptien qui a été présenté comme le chef des 18 présumés kamikazes, avaient éveillé les soupçons des services canadiens qui l’avaient renvoyé aux Etats-Unis après avoir contacté le FBI.

Il est alors immédiatement incarcéré à New York City et mis en isolement pendant huit mois et soumis aux pires tortures. Le FBI avait annoncé à l’administration pénitentiaire qu’il était impliqué dans les attentats dont il n’était même pas au courant jusqu’à ce qu’un agent du FBI lui montre une photo du World Trade Center et lui parle de l’attaque.

Il sera, depuis, soumis à la torture et aux humiliations des gardiens et aux insultes des prisonniers sans que le FBI n’apporte les preuves de son inculpation d’autant que son nom ne figurait pas sur les listes des détenus. Sur la porte de sa cellule, les gardiens avaient inscrit les lettres «WTC» pour faire croire qu’il était impliqué dans les attentats.

Sa famille en Algérie avait perdu sa trace alors qu’aucun avocat de la défense n’a été saisi de son cas jusqu’à ce qu’un avocat découvre par hasard son cas en avril 2002. Dans son rapport, le juge H. Kenneth Schroeder Jr, chargé de se prononcer sur son dossier, a sévèrement critiqué le FBI, les agents des services de l’immigration et les procureurs lorsque les enquêteurs avaient abandonné deux mois plus tard la piste des attentats du 11 septembre mais sans pour autant l’admettre officiellement et le relâcher.

Il fut dès lors maintenu en détention pour séjour illégal et possession de faux documents de voyage, des charges que la justice a fini par faire tomber plus tard.

NDLR: Article déjà parru dans algeroweb
Un Algérien détenu aux Etats-Unis depuis septembre 2001 ne veut pas être extradé


Source: http://www.jeune-independant.com/display.php?articleId=24982