La défense a décidé de poursuivre le commissaire de police et la sûreté de daïra à l’origine de cette affaire.



Abdallah Boucetta est innocent. Le tribunal de Merouana a tranché le 8 décembre dernier en sa faveur dans l’affaire qui l’oppose à la police locale et au parquet. La justice l’emporte sur la bêtise et le courage sur la hogra. Dans cette ville en tous cas où la société a été poussée dans ses derniers retranchements sans la moindre assistance face aux délinquants, les gens sont soulagés.L’affaire remonte à l’été 2010.A la suite d’un crime crapuleux ayant coûté la vie à toute la famille Kherchouche. Les habitants expriment leur colère en signant une pétition contre le règne de l’insécurité et la passivité des autorités dans la lutte contre ce fléau qui a transformé la paisible localité en un véritable coupe-gorge. Boucetta, dont la famille vit toujours à Merouana, compatit et signe la pétition. Seulement voilà, au lieu de répondre au cri de détresse des habitants, la police réagit mal aux critiques et fait pression sur les signataires qui finissent par céder.

Boucetta par contre, est poursuivi en justice ainsi qu’un autre citoyen, pour dénonciation calomnieuse et provocation de regroupement non armé par écrit. L’absurde mènera même à sa condamnation le 28 janvier 2011 à une année de prison ferme en dépit d’irrégularités criardes, notamment le fait qu’il n’était pas sur le territoire national au moment des faits qui lui sont reprochés dans le dossier, le cachet de la police des frontières faisant foi. M. Boucetta, choqué par la conduite des choses, ne baisse pas les bras et saisit les autorités nationales, notamment le DGSN à l’époque M. Ali Tounsi, avant d’engager une procédure d’opposition. Des députés sont également intervenus pour tenter de redresser le tort. Le 24 novembre dernier, il est passé au tribunal de Merouana. Deux jeunes avocats ont pris sa défense et ont plaidé sa cause avec brio devant un nouveau juge, qui a remarqué la légèreté du dossier d’accusation. Deux semaines plus tard, l’acquittement a été prononcé en faveur de Boucetta ajoutant à l’humiliation de la police de Merouana.

D’ailleurs, la défense a décidé de poursuivre le commissaire de police à l’origine de cette affaire en tant que personne et la sûreté de daïra en tant qu’administration pour le tort qu’ils lui ont causé, nous a déclaré M. Boucetta. Ce dernier, rentré spécialement pour cette affaire avec un congé sans solde, en laissant sa femme seule au Canada en plus des dépenses du voyage, compte aussi adresser une lettre ouverte au président de la République, au ministre de la Justice et au DGSN pour dénoncer les artisans de la cabale.
Ceci dit, la vraie victoire réside, selon Boucetta, dans le fait, «que ceci va encourager les gens à ne plus baisser les bras devant ces voyous qui pensent que l’Algérie est leur bien». La citoyenneté commence ici, en fait.

Source: El Watan - 14 decembre 2011