Avec l'adoption de nouvelles lois sur la sécurité dans les avions au Canada et aux Etats-Unis, il deviendra de plus en plus difficile de voyager pour quiconque déciderait de traverser l'Atlantique ou de passer d'un pays à l'autre. Bien évidemment si on est moindrement basané ou frisé, les choses risquent de se corser davantage. Aux Etats-Unis, le nouveau système de détection des voyageurs aériens devrait entrer en vigueur cet été. Les noms des passagers, leur adresse, leur numéro de téléphone, leur date de naissance et leur itinéraire seront compilés et comparés à des bases de données. Contrairement aux normes actuelles, ces renseignements seront transmis aux autorités américaines avant même que le passager n'embarque dans un avion à destination des Etats-Unis. Il y aura trois types de passagers. Les indésirables seront les passagers qui se feront accoler la couleur rouge sur leur document de voyage, et auxquels on montrera la porte de sortie. Ceux qui se feront accoler la couleur jaune devront être fouillés et interrogés, alors que les «désirables» se verront gratifier de la couleur verte, ce qui signifiera qu'ils ne devront subir qu'une inspection de routine. Déjà, de nouvelles mesures ont commencé à être strictement appliquées dans les postes de douanes américaines. Tous les bureaux sont munis de petites caméras. Seuls les voyageurs munis d'un visa sont tenus de donner leurs empreintes digitales et de se faire photographier. Même les Européens subissent ce traitement. Par exemple, un étudiant français qui séjourne aux Etats-Unis pour plus de six mois sera photographié dès son arrivée et devra donner ses empreintes digitales. Par ailleurs, un touriste français ne subira pas ce genre de traitement puisqu'il n'a pas besoin de visa de séjour. Des mesures du même genre pour les vols intérieurs aux Etats-Unis ont suscité un tollé. Les groupes de défense des libertés civiles et les compagnies aériennes n'ont pas caché leur inquiétude de voir les passagers se faire accoler une couleur selon le degré de danger qu'on leur attribue. Ce qui est encore plus inquiétant, c'est la différence de traitement que font les autorités américaines pour les Canadiens qu'ils soient canadiens de souche ou naturalisés. Le simple fait pour un Canadien naturalisé d'être né dans un pays arabe devient suspicieux aux yeux des Américains. D'ailleurs, à ce sujet, un grand scandale vient d'ébranler le gouvernement fédéral. Le cas de Maher Arrar, un Canadien d'origine syrienne, qui, en escale à New York, a été expulsé et torturé en Syrie parce qu'il était soupçonné d'entretenir des liens avec Al Qaîda. C'est pourquoi l'opinion publique canadienne se demande de plus en plus si le Canada est apte à défendre ses citoyens à l'étranger. Il semble qu'à Ottawa on soit jaloux de l'expérience américaine et qu'on s'apprête à adopter de nouvelles lois pour laisser les coudées franches aux contrôleurs de part et d'autre de la frontière. Les Etats-Unis et le Canada doivent encore s'entendre sur le partage d'informations sur les passagers qui voyagent entre les deux pays. A l'heure actuelle, les voyageurs ne sont inspectés qu'à leur arrivée. Si jamais le projet de loi C-17 reçoit l'approbation du Parlement, le Canada pourra recueillir des informations sur les passagers des transporteurs aériens sur les vols intérieurs et en partance pour l'étranger afin de déterminer les risques de sécurité, a affirmé hier la vice-Première ministre canadienne, Anne Mc Lellan. Cette dernière n'a toutefois pas précisé comment les passagers au Canada seraient classés. Le système actuel au Canada visant à inspecter les voyageurs qui arrivent au pays devait comprendre beaucoup plus de données, qui auraient été conservées pendant six ans. Mais après des mois de protestation, la portée du programme a été limitée. Le programme a toutefois été élargi pour inspecter les gens qui arrivent par train, autocar et bateau.

Source: http://www.elwatan.com/journal/html/2004/02/16/derniere.htm