Les journalistes étrangers ont été empêchés de se rendre à El Ayoun, prélude à une vaste répression à la suite des émeutes sanglantes de ces dernières 48 heures.Le dernier bilan s’élèverait à 19 morts sahraouis.

Difficile d’avoir la moindre information sur l’évolution de la situation dans la ville d’El Ayoun occupée. Les journalistes étrangers sont empêchés par les autorités marocaines de se rendre sur place, les liaisons téléphoniques avec la ville occupée sont coupées. Des observateurs et des militants d’Organisations non gouvernementales (ONG) sont chassés des territoires sahraouis occupés. Les capitales occidentales s’indignent et passent à autre chose, laissant un peuple se faire massacrer impunément.  Sans doute que le Maroc veut une répression sans image et sans témoin. Un massacre à huis clos.

Trois jours après l’attaque sanglante de l’armée marocaine contre le camp de Gdeim Izik, surnommé le «camp de la liberté» (12 km de la ville d’El Ayoun), le bilan de la répression demeure provisoire. Le ministère sahraoui des Territoires occupés a annoncé, dans un communiqué, un nouveau bilan après la découverte de 8 corps aux alentours de la ville d’El Ayoun et a porté ainsi le nombre de victimes sahraouies à 19 morts : «Huit autres corps de victimes sahraouies ont été découverts, hier, non loin du camp Gdeim Izik, aux abords du Rio Dorro. Deux d’entre elles ont été abattues par l’armée marocaine, alors que la troisième a été écrasée par un camion militaire. La quatrième victime est un enfant de sept ans, résidant dans le quartier Douiret, assassiné lors d’une intervention de l’armée marocaine contre les manifestations organisées dans ce quartier. Les quatre autres victimes ont été retrouvées entre la ville occupée d’El Ayoun et oued Sakia El Hamra, dont les circonstances de leur mort demeurent inconnues.»

Le bilan provisoire de l’aveugle répression s’élève ainsi à 19 civils sahraouis assassinés, 732 blessés et 159 personnes portées disparues, a ajouté le communiqué.La tension reste très tendue, selon des responsables du Front Polisario. Certaines sources parlent «d’une véritable chasse à l’homme dans  la ville d’El Ayoun occupée. Tous les militants sahraouis des droits de l’homme ont été arrêtés». Cela se passe loin des caméras de télévision et des regards des observateurs étrangers.
Le bilan dramatique de la répression sauvage qui s’abat sur les civils sahraouis rappelle étrangement l’infernale machine à tuer du Hassan II, de 1976 jusqu’au cessez-le-feu, en 1991.

Les autorités marocaines, quant à elles, ont avancé, hier, le chiffre de 11 morts dont 10 sont des militaires, selon l’AFP, prenant le soin d’éviter de parler des victimes du côté sahraoui.Le président la République arabe sahraouie et démocratique (RASD), Mohamed Abdelaziz, a déclaré, hier à Alger, que «la situation à El Ayoun connaît des développements très dangereux. La police marocaine continue de réprimer violemment des populations sahraouies civiles. On a enregistré de nombreux disparus et le nombre de morts risque d’être revu à la hausse». D’après le ministère sahraoui des Territoires occupés, «la ville d’El Ayoun vit toujours sous embargo militaire. L’armée marocaine patrouille dans la ville et a imposé un couvre-feu ; les populations civiles sahraouies sont soumises à une effroyable terreur». Les responsables sahraouis ne cachent pas leur inquiétude quant au sort réservé à leurs concitoyens arrêtés et disparus.

Il faut souligner, à ce sujet, que la responsabilité de la communauté internationale est totalement engagée. Depuis l’intifadha pacifique de mai 2005, les responsables sahraouis n’ont cessé de demander aux Nations unies d’élargir les prérogatives de la Mission des Nations unies pour l’organisation du référendum de l’autodétermination au Sahara occidental (Minurso) aux questions des droits de l’homme dans les territoires occupés. Un appel qui est resté, jusque-là sans écho. Incapable de faire respecter ses résolutions sur le conflit qui dure depuis 35 ans maintenant, l’ONU s’avère impuissante face au soutien actif qu’apporte l’Occident à l’occupant marocain. Le peuple sahraoui ne pourra plus supporter d’autres concessions et rester les bras croisés en comptant ses morts.          

Source: El Watan