Alors que la démarche initiée par le Mexique pour une réunion du Conseil de sécurité sur le massacre d’Al-Ayoune était sur le point d’aboutir, Rabat maintient le huis clos en empêchant les journalistes et autres personnalités internationales de se rendre sur les lieux de son forfait afin d’en limiter l’impact.
Malgré la multiplication des condamnations de la communauté internationale des sanglants évènements du camp de Gdeim-Izik où s’étaient réfugiés plus de 25 000 Sahraouis pour protester pacifiquement contre l’occupation marocaine, Rabat poursuit la répression tout en veillant à empêcher les journalistes et les personnalités à se rendre dans la ville d’Al-Ayoune. En effet, l’ONG Reporters sans Frontières (RSF) a annoncé hier qu’une “dizaine de correspondants étrangers sont empêchés” de se rendre à Al-Ayoune au Sahara occidental. Le communiqué de RSF indique qu’“à ce jour (mercredi, ndlr), une dizaine de correspondants étrangers sont toujours empêchés d’embarquer pour Al-Ayoune par les représentants de la compagnie gouvernementale Royal Air Maroc (RAM) à l’aéroport de Casablanca”, et souligne que “la presse internationale s’intéressant à la question du Sahara occidental est la cible directe des autorités marocaines”. Faisant un appel du pied à l’Union européenne pour qu’elle intervienne, RSF fait remarquer que “disposant du statut avancé auprès de l’Union européenne et candidat à son intégration, le Maroc ne peut pas interdire le droit à l’image et l’accès à l’information”. Pendant ce temps, le Conseil de sécurité de l’ONU a entamé mardi des démarches à la demande du Mexique, pour convoquer une séance d’information sur les violentes attaques contre les citoyens sahraouis au Sahara occidental, ont révélé des sources officielles mexicaines. Le président en exercice de l’organe exécutif, l’ambassadeur britannique Mark Lyall Grant, s’est chargé de faire des consultations “dans les prochaines heures, avec les autres membres du Conseil de sécurité, afin de fixer la date et les modalités de la réunion”, alors que les 14 autres membres ont exprimé leur “volonté et leur soutien” à la demande du Mexique pour que le Département des opérations de paix de l’ONU présente un rapport sur ce qui s’est passé dans les territoires occupés du Sahara occidental. Sur le terrain, la répression bat son plein avec l’arrestation par les autorités marocaines de 163 Sahraouis, selon Mohamed Dkhissi, le préfet de police d’Al-Ayoune. Du côté sahraoui, on a annoncé qu’un activiste proche de ce mouvement, Annâama Asfari, 40 ans, a disparu “depuis la veille” de l’assaut donné lundi par les forces de l’ordre marocaines pour démanteler le camp. Elghalia Djimi, vice-présidente de l’Association sahraouie contre les violations des droits de l’Homme (ASVDH), a déclaré que “Asfari a été arrêté dimanche, la veille de l’attaque, par la police marocaine alors qu’il était chez l’un de ses amis à Al-Ayoune. Depuis ce jour, on n’a pas de nouvelles de lui”. Par ailleurs, selon l’agence de presse sahraouie SPS, des centaines de colons marocains soutenus par des camions de l’armée marocaine ont incendié plusieurs maisons dans le quartier légendaire, Hay Maâtala, à la ville occupée d’El-Ayoun. “Les forces marocaines ont procédé la nuit de lundi à mardi à l’armement des centaines de colons qui se sont, à leur tour, livrés à incendier tous les véhicules des Sahraouis et plusieurs maisons, sur leur passage”, rapporte cette source, qui cite des témoins de ces scènes. Elle ajoute que “des voitures de la police marocaine ont indiqué aux colons les domiciles des Sahraouis, qui ont fait l’objet de saccage, de pillage, de destruction et de vols des biens des locataires”. Un Mexicain, Antonio Velazquez, qui se trouvait sur place, a dénoncé “la brutalité de l’armée marocaine, qui a utilisé des gaz lacrymogènes, l’eau chaude, des pierres et des bâtons pour détruire le camp de Gdeim-Izik” où vivaient plus de 26 000 Sahraouis, en majorité des femmes, enfants et personnes âgées. Il précisera qu’après “avoir détruit le camp, les forces marocaines ont obligé les milliers de personnes à aller à pied vers la ville d’El-Ayoun occupée”.
Source: Liberté