Ce sera une journée dont Adil Charkaoui va se rappeler: le Montréalais d'origine marocaine est redevenu un homme libre.

Jeudi, la juge Danièle Tremblay-Lamer, de la Cour fédérale, a en effet levé les conditions de remise en liberté qui pesaient toujours contre lui. Résultat, ce dernier a coupé, devant les caméras, le bracelet GPS qu'il était forcé de porter à la cheville.

Dès le début de l'audience, la juge Tremblay-Lamer a annoncé aux avocats du gouvernement fédéral qu'elle révoquerait le certificat de sécurité qui pesait sur Adil Charkaoui.

« Le certificat de sécurité va tomber », a déclaré la juge, qui a opposé une fin de non-recevoir aux avocats du gouvernement fédéral qui tentaient, jeudi matin encore, de déposer de nouveaux documents sur la « dangerosité possible » d'Adil Charkaoui. La juge Tremblay-Lamer a refusé le dépôt de ce nouveau document qui émanait du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS).


Rappelons qu'en août dernier, le gouvernement fédéral a retiré certains éléments de preuve du dossier d'Adil Charkaoui pour ne pas avoir à les rendre publics. Les avocats du gouvernement canadien ont invoqué que la divulgation de ces renseignements compromettrait la sécurité nationale.

Il s'agissait de documents liés à l'écoute électronique dont avait fait l'objet Adil Charkaoui. C'est l'avocate d'Adil Charkaoui, Johanne Doyon, qui avait demandé à ce qu'ils soient révélés. En refusant de rendre publics ces éléments de preuve, Ottawa a affaibli la preuve qu'il disait détenir contre Adil Charkaoui. Conséquemment, la juge Danièle Tremblay-Lamer a estimé que le certificat de sécurité émis contre le Montréalais n'avait plus sa raison d'être.

Établi au Canada en 1995, Adil Charkaoui, 36 ans, a le statut de résident permanent. Le gouvernement fédéral le soupçonnait d'appartenir à un réseau terroriste lié à Al-Qaïda, ce qu'Adil Charkaoui a toujours nié.

Plusieurs organisations et personnalités publiques, dont Amnistie internationale, la Ligue des droits de l'homme et le député néo-démocrate Ed Broadbent, ont milité pour l'abandon des procédures engagées contre lui.

Pour Adil Charkaoui, c'est la fin d'un cauchemar. Mais ce n'est pas pour autant la fin de la saga judiciaire dans laquelle il est engagé. « Je ne veux pas me contenter d'une admission des ministres et rester, sans blanchir ma réputation, avec l'étiquette d'un ex-présumé. »

Johanne Doyon, l'avocate d'Adil Charkaoui, soutient que le gouvernement fédéral a fait de « l'abus de procédures ». « Le gouvernement doit comprendre qu'il faut faire des enquêtes sérieuses, qu'il faut faire l'application régulière du droit. Lorsqu'on n'a pas de motif raisonnable de croire qu'une personne va faire une infraction criminelle, on s'abstient. La liberté est un droit fondamental », a-t-elle dit.

L'avocate qui représente Adil Charkaoui croit qu'Ottawa n'aurait jamais dû émettre de certificat de sécurité contre lui et que les droits constitutionnels de son client ont, par conséquent, été violés.