La première sortie de l’Impact de Montréal devant son public du stade Saputo s’est soldée par une défaite devant son éternel rival de Rochester (1-2). Une autre déconvenue du sport montréalais gagné par la décrépitude.

Ceux qui, samedi passé, espéraient oublier le temps d’un match de soccer la morosité suscitée par la crise financière et les nombreux scandales financiers n’ont pas fait le bon choix. En plus de la défaite, il faut dire que les joueurs de l’Impact ont donné des sueurs froides au public venu assister à l’inauguration de la saison 2009 à domicile. Après avoir pris l’avantage en première mi-temps sur une belle action collective, les Montréalais se sont montrés éméchés et sans souffle. La suite du match a été une domination de leurs adversaires américains, les Rhinos.

La défaite du week-end dernier ne peut s’expliquer par la seule absence de quelques joueurs composant habituellement le onze de l’Impact, dont les vétérans Mauro Biello (blessé) et Sandro Grande; ce dernier étant en conflit avec la direction du club. Depuis le début de la présente saison de l’United Soccer Leagues – First Division (USL-1), officieusement la seconde division en Amérique du Nord, le club québécois court derrière sa première victoire. Les trois matchs hors de ses bases se sont terminés par un nul et deux défaites des partenaires de Rocco Placentino, buteur samedi dernier et jusqu’à présent l’une des rares satisfactions montréalaises. Certains estiment que c’est la conséquence de la saison harassante de l’an dernier et de la cuisante défaite (2-5) au Mexique contre le Santos Laguna en Ligue des Champions de la CONCACAF.

Pourtant, la famille Saputo, qui aspire à décrocher une concession de la Major League Soccer, fait des mains et des pieds pour renforcer l’équipe. Ainsi, un authentique mondialiste, le latéral gauche togolais Zanzan Atte-Oudeyi, a atterri au sein de l’effectif de l’Impact en provenance d’un club roumain. Par le passé, il a porté les couleurs de plusieurs clubs belges. Un autre africain, le jeune attaquant gambien Pa Amadou Gai s’est joint à l’aventure de l’USL aux côtés des Montréalais.

Ah que j’aurais aimé voir un Maghrébin devenir sociétaire de l’Impact tant le jeu des blancs et bleus parait manquer de finesse! Je ne croirais pas un mot si l’on me disait qu’il ne pourrait se trouver un Marocain ou un Algérien apte à tirer vers le haut le niveau de jeu des coéquipiers d’Eduardo Sebrango. D’où ma déception en voyant notre team entamer une nouvelle saison sans le moindre Maghrébin dans son effectif. Pourtant, il y a deux ans, l’athlétique Marocain Hicham Aaboubou avait laissé de beaux souvenirs chez les supporters montréalais. Par moment, les anciens se sont rappelés les exploits des frères Sahrane ou d’Othmane Ibrir, trois immigrants qui ont laissé d’excellents souvenirs dans la métropole québécoise. L’éviction d’Aaboubou reste inexplicable, puisqu’il a régulièrement donné satisfaction.

Le sport à Montréal a du mal à afficher le moindre succès. Les Expos ont déménagé sous d’autres cieux. Les Canadiens de Montréal ont été laminés au premier round des séries par leurs traditionnels rivaux de Boston, alors que tout le monde attendait la Coupe Stanley pour le centenaire du club. Dans une ville, qui a eu tant de mal à organiser les Championnats du Monde de sports aquatiques (FINA) et qui a perdu son Grand Prix de Formule1, il faut dire que les déconvenues actuelles illustrent parfaitement la situation délétère qui touche jusqu’au institutions les plus prestigieuses. En même temps, les villes et régions avoisinantes (Gatineau, Laval, Salaberry-de-Valleyfield, les Laurentides, etc.) tentent de séduire les Montréalais déçus par tant de désinvolture. Il ne passe pas un jour sans que leurs spots publicitaires ne nous interpellent via les médias.   

Autre déception : j’ai suivi la rencontre Impact-Rhinos devant le petit écran. Comme l’an dernier, la même équipe de Radio-Canada était au four et au moulin, renforcée par une ou deux acquisitions. Donc, pas un Maghrébin ni même un Africain n’a trouvé grâce aux yeux de la direction de la télévision publique québécoise. Incroyable! Des milliers de francophones nés et footeux convaincus ne sont pas en mesure d’« élire » un ou deux représentants dans les médias locaux. Dans les pays européens, où notre communauté est présente, il est presque impossible de nommer un club de football dans lequel ne brille pas un des nôtres. Cette tendance s’est même durablement « installée » dans les sélections de France, de Belgique ou de Suisse. Idem pour les médias.  

Ce dernier constat est bien plus triste que les défaites en série de l’Impact. En bafouant une valeur importante d’une société multiculturelle, en l’occurrence sa diversité, Radio-Canada montre qu’elle ne mérite certainement pas l’aide financière des contribuables canadiens qu’elle n’a jamais cessé de quémander à travers des émissions relevant de la propagande. Samedi, c’est l’amour du foot et le mauvais temps qui m’ont forcé à allumer ma télé. Le soir, la gueule de bois ne m’a pas quitté. Et la prestation des joueurs montréalais n’y était pour rien.