J’ai lu avec intérêt le contenu de l’article de M Sadat, intitulé Les Maghrébins ont la côte dans le monde des sondages que je trouve très informatif. Mon propos n’est pas de le commenter mais d’apporter mon grain de sel inspiré d’une hypothèse émise, au mois de mars dernier lors d’une conférence donnée par Ferid Chikhi, un consultant en organisation et en employabilité au CCA.

Cette conférence laissait clairement apparaître une problématique particulière qui touche et concerne les chercheurs d’emplois maghrébins en général et des algériens en particulier d’immigration récente (après sept 2001). 

M. Chikhi, émet l’hypothèse suivante : si nous tenons compte des compétences des algériens - tous diplômés des universités et certains des grandes universités et école européennes – de leurs expériences acquises dans des entreprises algériennes rien ne devrait "contrarier" leur recrutement par les entreprises québécoises (francophones) et canadiennes (anglophones).

Cependant, il se demandait si dans la réalité du marché du travail québécois ils répondent à toutes les exigences des employeurs ? Le conférencier répond que si globalement les profils sont à quelques éléments près en adéquation avec les critères ils restent des insuffisances qu’il appartient à chacun des chercheurs d’emplois d’annihiler, de combler ou de réduire en ce qui concerne les attitudes, les comportements et les relations.

J’ai appris au cours de mes recherches d’emplois et depuis mon arrivée à Montréal, il y a de cela cinq ans, que les qualifications (diplômes) et les expériences (professionnelles) acquises hors du Québec ne suffisent pas pour se faire recruter selon le profil que nous considérons comme étant parfait mais que les employeurs apprécient comme étant insuffisant.

J’ai aussi constaté qu’à leur arrivée les chercheurs d’emploi algériens 1) sont convaincus que le Québec est un Eldorado et qu’ils y ont une place qui les attend sans qu’ils ne fassent le moindre effort. 2) considèrent qu’ils savent tout et ne veulent pas se départir de leurs habitudes d’assistés. 3) apprécient que les ressources mises à la disposition de tous les immigrants – y compris les européens – ne leur apportent rien qu’ils ignorent et que c’est de la perte de temps que d’en profiter.

Pourtant ils recherchent tous un emploi là ou il ne faut pas c’est-à-dire sur les sites qui ne contiennent que 15 % à 25% des emplois disponibles sur le marché du travail québécois.  La quasi-totalité envoie des curriculum vitae par Internet et attend l’appel de l’employeur. Lorsque celui-ci ne répond pas elle le fustige et s’emploie à jouer à la vierge effarouchée.

En écoutant M. Chikhi, et je lui exprime ma gratitude, j’ai appris qu’il est nécessaire de se départir de ce côté frondeur qui est le notre tout en considérant "l’humilité" comme première valeur à offrir aux autres. Il nous appartient d’apprendre la culture et l’organisation socioprofessionnelle du Québec. Et pour cela il avait proposé plusieurs pistes de réflexion

Quatre préoccupations me viennent à l’esprit et retiennent mon attention :

1) Pourquoi sommes nous les seuls néo québécois à rechigner pour participer aux ateliers de recherche d’emploi offerts dans les organisations professionnelles (clubs de recherche d’emploi) ?

2) Pourquoi ne faisons nous pas la recherche selon les orientations données par les professionnels en employabilité (ceux qui ont appris sur le tas sont utiles mais leurs qualifications, leurs compétences et leurs expertises sont limitées) ?

3) Comment se fait-il que nous abhorrions la réalisation de notre bilan de compétences et la révision de notre curriculum vitae ?

4) Qu’est ce qui nous rebute tant à nous mettre à l’oeuvre pour constituer un réseau de contacts en allant vers les québécois ?

Loin de moi l’idée de donner des leçons. Ce propos n’est que l’avis d’un immigrant qui a suivi les conseils des spécialistes et qui s’est trouvé "une Job" gratifiante tant au plan des tâches à réaliser, des relations avec la société d’accueil que de la satisfaction personnelle.

Rachid Tazoulti
Ingénieur reconverti en Agent de développement des affaires