C'est parce que les groupes minoritaires fondamentalistes religieux de Montréal ne représentent pas leur communauté respective et que leur apparition sur l'espace public du Québec moderne ne menace pas nos libertés et valeurs communes que certains jugent inutile la mise en place de la Commission Bouchard-Taylor. Certes, mais ce duo d'intellectuels a quand même fait l'effort d'accepter d'écouter le citoyen de la rue inquiet et de lui permettre, avec la collaboration des médias, de s'adresser lui-même à ces groupes pour leur montrer la frontière qui sépare le tolérable de l'intolérable ainsi que la place qu’occupent les valeurs de liberté et d’égalité des sexes dans la société québécoise d'aujourd'hui.
Si, d’un côté, il y a ce fondamentalisme religieux qui tente de faire une percée dans la société – non seulement pour s'attaquer aux droits de la femme – mais qui s’en prend également à la liberté d'autrui, par contre, on entend, d'un autre côté, des voix qui – sous couvert de la défense des valeurs laïques – s'élèvent pour réclamer la déconfessionnalisation tous azimuts de la société. Ces voix du terroir tiennent des discours qui cachent mal la haine du religieux. Elle rêvent de régler leurs comptes avec le clergé catholique québécois et considèrent que toute religion est une forme d’intégrisme.

Une telle assimilation est dangereuse parce qu’elle porte soit à éradiquer toute la dimension religieuse importante pour un grand nombre de citoyens, soit à placer sur le même pied d’égalité toutes les pratiques religieuses sans distinction aucune. Certes, toute croyance peut conduire à l’extrémisme, mais ce ne sont pas toutes ses valeurs qui menacent nos libertés fondamentales. C’est donc là une perception de la laïcité différente de celle qu'ont d'autres laïcs issus, par exemple, de l’immigration.

Toutefois, les demandes des groupes qui véhiculent une idéologie identifiée comme proche de celle des mouvements islamistes mondiaux, ces nostalgiques d’une grandeur déchue comme les qualifie le directeur de l’Observatoire des pays arabes, M. Antoine Besbous, ne visent rien de moins qu’à s’accaparer les espaces publics pour promouvoir cette idéologie qui ne s’accommode point des valeurs universelles. Au Québec, il ne devrait normalement y avoir aucune concession à ces orthodoxes religieux qui usent même des tribunaux pour tenter de faire valoir leurs idées incompatibles avec la modernité.

Il est connu qu'un intégriste islamiste tient toujours deux discours. Il a un discours public modéré, comme celui de cet imam homophobe de la mosquée El Qods qui use des tribunes médiatiques pour chanter, à ceux qui veulent bien l'écouter, les louanges de la liberté de la femme et du choix de culte. Et il a un discours contraire destiné aux mosquées des quartiers montréalais. C'est-à-dire aux ghettos communautaires.

Toutefois, une bonne politique d'immigration en région, qui passe par le développement régional et l’accès à l’emploi dans le respect de l’égalité des chances, reste la meilleure arme pour contrer toute éventuelle, et possible, récupération par l'intégrisme des frustrations de l'immigrant. Malheureusement, le marché du travail reste difficilement accessible, voire même inaccessible, à un grand nombre de nouveaux arrivants.

Un secteur très difficile d’accès pour maintes raisons dont – outre la non-reconnaissance des compétences – celle liée à la discrimination ethnique, voire même linguistique, dont sont victimes surtout les immigrants francophones. Le taux de chômage et la précarité des emplois chez ces communautés le démontrent clairement.

Même la loi 101, qui a peut-être fait son temps, semble inadaptée à la réalité d'aujourd'hui. C’est le travail et la réussite sociale qui permettent à l’immigrant de se faire une image positive de lui-même. C’est ça qui lui donne de la fierté et qui lui permet de s’intégrer, de s’identifier à la société d'accueil et d’ajuster ses comportements aux valeurs québécoises.

En autant que la majorité sache aussi respecter ces valeurs bien entendu

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