Plus de 50 ans déjà !

L’Algérie ressemble un peu à une mère qui a plusieurs enfants. Ces derniers l’aiment à leur manière. Cependant, tout un chacun demeure persuadé qu’il est son préféré. Quant à elle, ce souhait, elle ne pourrait l’exaucer pour sa progéniture, elle les aime tous. Ils sont tous sortis de ses entrailles, même si, il se pourrait qu’elle manifeste à son tour son amour pour eux de plusieurs manières. Elle doit elle aussi s’ajuster aux tempéraments des uns et des autres. D’ailleurs, mêmes les frères et les sœurs, parfois ils sont soudés, parfois, ils s’entredéchirent par intérêts mesquins dans la plupart des cas. Quand tout va bien dans la demeure, la mère est comblée de bonheur. Dans le cas contraire, elle saigne de l’intérieur et se demande très souvent où est-ce qu’elle a bien pu faillir dans le processus de leur éducation. Telle est donc l’image qui pourrait inciter chaque Algérien et chaque Algérienne à se questionner, voire à remettre en cause ses idées reçues et surtout cesser de donner des leçons de patriotisme à ses compatriotes qui dénoncent le déni identitaire et toutes les injustices qui rongent leur pays.

Basta aux donneurs de leçon !

Laalam, Laalam. J’adore écouter Matoub prononcer ce mot sur un ton de colère et de tendresse à la fois. Pendant la guerre de libération et surtout après le 5 juillet 1962, il n y a pas une famille algérienne qui n’a pas chez elle ce drapeau en soie bien caché, loin des poussières. Il représentait pour le peuple algérien le prix des sacrifices suprême et par la même occasion la fin des ténèbres. Cependant, il se trouve que ce drapeau, que certains pensent aimer plus que d’autres, a subi la même perversion que le FLN de 54. En effet, si on recensait  tous les crimes ignobles commis par les X et les Y contre leurs propres compatriotes pendant la révolution, on en perdrait la tête. L’assassinat de Abane en tête. Comment peut-on éliminer l’architecte du congrès de la Soummam et prétendre aimer ce pays ? Aussi, de 1962 à nos jours, la liste des crimes est longue. Le déni identitaire  prôné par Ben Bella et mis sur pied par Boumedienne est l’un des plus grand crime contre la mémoire de ce pays. Les évènements de 1980, de 1988, de 2001 en passant par  le génocide des années 90 révèlent parfaitement les intentions crapuleuses des tenants du pouvoir d’Alger et de leurs relais.

Donc, que pourrait représenter ce drapeau à toutes ces générations de l’après indépendance ? Doivent-elles se résigner et subir le dictat du populisme politique de l’État jacobin  ou se soulever pour  dire leur vision des choses?

Chaque génération a son mot à dire sur le projet de société dans lequel elle aimerait vivre. Si la génération de 54 s’est démarquée contre vents et marrés pour se débarrasser de la France coloniale, d’autres générations sont et seront capables de se débarrasser de tous ces traîtres qui ont endeuillé le pays et hypothéquer son présent et son avenir. L’acharnement de mettre à genoux tout un peuple a poussé certains Algériens à se questionner sur la pertinence même de la révolution. Aurait-on balayé la France pour  se soumettre à la tyrannie d’une dictature qui tire toute sa légitimité de la période glorieuse du vrai FLN ? Eh bien les plus clairvoyants des compatriotes diraient non. Ils veulent vivre libres, indépendants et citoyens chez eux.

Laalam et  Kassaman

Plus le temps passe, plus on découvre encore des cadavres dans les placards de ce pays meurtri. Tous les pays du monde, ou presque, ont un drapeau et un hymne. Donc, c’est normal que l’Algérie en ait un aussi. Cependant, ce drapeau et cet hymne pour lesquels des hommes et des femmes ont donné leur vie ont été rouillés par tant de fourberies, de trahisons et de crimes de tous bords. 

Commençons d’abord par ce drapeau. Pourquoi tant de Kabyles ne se reconnaissent-ils plus en lui ? Bien sûr, leurs détracteurs vont y répondre à la seconde. « Ah, ces Kabyles, ces Hizba França, ces traîtres de la nation, ils font tout pour détruire ce pays et le scinder en petites parcelles. » Le comble, il y a même beaucoup de Kabyles qui épousent ce genre de jugement hâtif. Et pourtant, la réalité est tout autre. Si les Kabyles ont ce genre d’attitude, c’est parce qu’ils ont été exclus de tout ce que devrait symboliser ce drapeau. Ensuite, cet hymne qu’on appelle Kassam (le serment). Son histoire est pour le moins intrigante. Écrit par un grand poète du Mzab en l’occurrence Moufdi Zakaria, les Algériens n’en connaissent  que quelques couplets. En effet,  quand on écoute son intégralité, on touche le fond des plus belles émotions d’amour qu’on pourrait avoir pour sa patrie, sa terre, son histoire, sa mémoire et son peuple. Il se trouve que les ‘’visionnaires’’ de l’Algérie indépendante ont décidé de censurer toute la partie qui parle des Amazighs. Il est important de le savoir et de l’apprendre aux générations d’Algériens. Moufdi Zakaria a tout dit, mais les détenteurs de la clé du pouvoir ont banni de l’hymne algérien Takfarinas, Jugurtha, Massinissa et  Saint Augustin pour ne citer que ceux-là. Ils ont effacé de la mémoire des Algériens le combat mené par leurs ancêtres amazighs à travers les siècles contre Rome et tous les autres envahisseurs. Ils ont bien tricoté un hymne à leur image au Caire, cette maudite capitale de Nasser qui a complètement enfoncé notre pays dans les méandres de la violence, de l’intolérance, de l’ignorance et du fascisme.

Z Amazigh idali, assa, azeka

Laalam, Laalam. Encore, Laalam crié par Matoub et tous les Imazighen. On blâme les Amazighs quand ils scandent leur drapeau, mais personne ne dénonce les imposteurs du FLN qui ont tenté d’assimiler un peuple, une civilisation et une région du monde à l’Arabie. Pourquoi alors se débarrasser de la France coloniale si c’est pour subir un autre colon bien déguisé, bien maquillé et surtout bien caché derrière une religion pour répandre sa langue et sa culture au pays des Amazighs ?  Si des générations des Amazighs avaient baissé les bras ou ont été vaincues, d’autres générations du 20ème et 21ème siècles ont non seulement dénoncé l’imposture, mais imposé leur Amazighité dans l’espace public avec tout ce qui la symbolise : drapeau, hymne, langue et valeurs. 

Le drapeau algérien et le drapeau amazigh font ce que nous sommes. Le premier, pour qu’il soit aimé par tous les enfants d’Algérie, il doit réhabiliter l’identité de ce pays et de son peuple dans la constitution, au sein de l’administration et dans tous les domaines. Le drapeau amazigh, il symbolise nos racines depuis la nuit des temps. Il est le cœur de l’Afrique du Nord de l’Atlantique aux frontières d’Égypte. Il flotte en Libye, en Algérie, au Maroc, à l’Azawad et aux îles Canaries. Il flotte surtout dans notre âme, dans notre être le plus sacré, dans notre vie et dans nos perspectives. Point de fatalité. Aucun envahisseur ne pourra nous imposer une autre identité, une autre langue ou une autre civilisation. Ceux qui utilisent l’Islam pour arriver à leur fin, ce sera justement la fin de leur fin un jour.

Pour finir, la mère est le centre de l’univers d’un enfant. Elle mérite tous les respects et toutes les considérations. La blesser, la négliger ou la déposséder de ce qu’elle a n’apportera que ruines, regrets et lamentations. La mère de son côté doit être un modèle qui régule la maison et les rapports avec et entre ses enfants. Le moindre faux pas brisera la magie de la stabilité et du sacré au sein de la famille. L’Algérie et les Algériens doivent faire leur examen de conscience pour pouvoir bâtir une société juste, moderne et prospère. À défaut, aucun symbole ne pourra contrer la déchéance qui est déjà en marche.