Assia Sidhoum est à sept matchs de participer à la prochaine Coupe du monde féminine de soccer. La joueuse de Québec n’a pourtant jamais été sélectionnée dans l’équipe canadienne. Elle passera plutôt par son pays d’origine, l’Algérie.

Née en Tunisie de parents algériens, Sidhoum a vécu en Algérie avant de déménager au Canada, à Montréal puis à Québec, plus précisément Charlesbourg et Sainte-Foy. Si elle portera bientôt le maillot du pays de ses ancêtres et de ceux de Zinédine Zidane, son idole, c’est à l’école primaire Saint-Roch, depuis renommée Des Berges, au centre-ville de Québec, qu’elle a appris les rudiments du ballon rond.

«J’ai commencé assez tard, à 10 ans, un peu par hasard», avoue la milieu de terrain de 5’2” tout juste âgée de 21 ans. D’abord avec l’entraîneur Fergus Brett, puis Michel Fischer, à l’école secondaire Cardinal-Roy et à l’Académie Saint-Louis, ainsi que Patrick Di Stefani, au sein du Kodiak de Charlesbourg.

Sa courbe de progression ascendante l’amènera ensuite à jouer à Shattuck St. Mary’s, au Minnesota, high school mieux connu ici pour son programme de hockey qui a formé Sidney Crosby, Nathan MacKinnon et Jonathan Toews.

De là, elle passera en première division de la NCAA à l’Université Niagara, du côté américain des célèbres chutes, dans l’État de New York. Son nom s’est alors mis à circuler dans les médias sportifs algériens.

Après deux ans à Niagara, celle qui admet avoir la bougeotte est rentrée au Québec, en janvier 2017, et s’est installée à Montréal. Besoin de se «recentrer», de retrouver ses racines. Elle étudie depuis à l’UQAM et évolue pour les Citadins.

Voilà que le l’équipe nationale algérienne donne un nouveau souffle aux Fennecs féminines en convoquant quatre joueuses internationales, soit Sidhoum et les Françaises Myriam Benlazar, Jinane Hanni et Lydia Belkacemi. Benlazar et Hanni évoluent en première division française dans la même équipe qu’Arielle Roy-Petitclerc, autre produit de la région de Québec.

Pays absent des classements

Sidhoum part à l’aventure cette semaine pour disputer deux matchs amicaux contre le Mali, les 5 et 10 février. Ça se passe au stade Omar-Hamadi de Bologhine, avec vue sur la mer Méditerranée, tandis que le centre d’entraînement se trouve à Sidi-Moussa, tout cela autour d’Alger.

«J’ai lu les articles sur l’équipe, mais je ne connais personne dans l’équipe. Je ne sais pas trop à quoi m’attendre, je n’ai aucune idée de l’ambiance et de la façon dont ça va se dérouler», explique celle qui espère disposer d’un peu de temps libre pour voir sa famille, n’ayant pas mis les pieds en Algérie depuis l’âge de 12 ans.

Ces affrontements constituent une préparation en vue du premier tour de la Coupe d’Afrique des nations, contre le Sénégal, en avril. La phase finale de la Coupe d’Afrique des nations féminine se tient en novembre et les trois meilleures équipes de ce tournoi accéderont à la Coupe du monde en juin 2019, en France.

L’Algérie n’apparaît pas au classement mondial féminin de la FIFA, l’équipe étant inactive depuis au moins 18 mois, sans doute par manque de fonds. Ce qui semble chose du passé avec l’arrivée de joueuses internationales, une source de dépenses.

À titre comparatif, les Canadiennes sont cinquièmes au monde, les Nigérianes 37es — elles ont gagné 10 des 12 Coupes d’Afrique des nations — et les Maliennes 80es. Comme les Algériennes, Sénégalaises, Ivoiriennes, Tunisiennes et Marocaines ne sont pas non plus classées, pour ne nommer qu’elles.

«Il y a des trucs à travailler, mais c’est un bon niveau, assure Sidhoum. Ils semblent vouloir investir dans le projet et l’équipe a le potentiel pour bien faire. Sept matchs jusqu’à la Coupe du monde, c’est loin, mais en même temps, c’est proche! J’en ai toujours rêvé, mais je n’avais jamais vraiment pensé que ça se pouvait. Si on travaille, je ne vois pas pourquoi on ne serait pas capables de se rendre», souhaite-t-elle avec conviction.

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