Takfarinas a dit que l’Algérie est amazighe et que Tamazight sera un jour officielle chez elle. C’est juste une question de temps. Lors de son spectacle, il a scandé haut et fort avec ses milliers de fans : Imazighen! Samir Ben, correspondant du quotidien El Watan, qui a adoré l’événement et apprécié la rencontre avec Tak a dit à son tour : « ma première conférence de presse en kabyle, la langue de mes ancêtres nord-africains. »



Au lendemain du grandiose spectacle qui a fini très tard dans la nuit, Takfarinas a rencontré des journalistes de la communauté algérienne de Montréal. Mourad Mahamli, Yahia Arkat de Liberté, Samir Ben Djaafar d’El Watan et moi-même. Je suis arrivée avec un léger retard, mais je n’ai rien raté de ce qui a été avancé par l’artiste. Il a été sympathique, généreux, respectueux et disponible. Il nous a écoutés avec beaucoup d’attention et il a répondu à toutes nos questions sans réticence aucune. Parfois, les questions étaient en français, parfois en kabyle, mais toutes les réponses étaient en kabyle. Il a parlé de l’épisode des élections législatives, de la Kabylie, de l’Algérie et des dangers qui la guettent et de sa patrie et de son peuple qui sont sa source d’inspiration et sa raison d’être. Sincèrement, à chaque fois que je rencontre Takfarinas, je retrouve en lui ma Kabylie et mon Alger. Il porte en lui ces deux endroits d’Algérie parce que ce sont eux qui l’ont construit, qui ont forgé sa personnalité et son talent. Quant à Tamazight, elle a été le fil conducteur de toute sa rencontre avec nous. Mieux que cela, pour lui l’Algérie est amazighe. Les Algériens arabophones aussi. Il a un discours rassembleur et humain et dans lequel il n’a jamais oublié son identité millénaire et ses engagements pour la cause amazighe.

Nous étions trois journalistes kabyles. Le seul arabophone du groupe était notre confrère et ami Samir Ben. Depuis que je le connais, je découvre en lui un journaliste ouvert, drôle, talentueux, perspicace et respectueux des différences. Lors de cette conférence de presse, je l’observais écouter Takfarinas parler en kabyle. Il n’a fait aucune grimace, ni exprimé le moindre malaise. Il s’est débrouillé comme un professionnel, car c’en est un, pour comprendre et prendre des notes. Dépassée par les événements, je n’ai pas eu le temps de lui parler après la conférence. Quelques heures plus tard, il a écrit quelque chose de génial dans son blog. Des choses qui le concernent lui Samir Ben, l’Algérien arabophone qui ne parle pas berbère. Des choses qu’il ressent lui Samir Ben, l’Algérien, le journaliste qui aimerait comprendre ce qui se parle chez lui, par les siens. Donc, ces propos qu’on associe à Takfarinas appartiennent bel et bien à Ben l’Algérien arabophone qui parle de ses ancêtres, de la langue de ses ancêtres qu’il aimerait bien apprendre pour comprendre une partie de son peuple et découvrir la beauté de la culture berbère. Au lieu de l’accueillir chez lui, dans sa civilisation millénaire, on utilise ses propos pour attaquer Takfarinas dans le but de l’achever. Il faut vraiment être de mauvaise foi et cruel pour le faire. C’est vraiment chien pour reprendre les Québécois.

Samir Ben écrit a écrit dans ce blog ce qui suit:

Takfarinas : ma( Samir Ben) première conférence de presse en kabyle…

« Je suis un berbère de culture arabe (assimilé pour d’autres!). L’Histoire m’a fait tel que je suis. Dans mon travail, j’ai assisté à des conférences de presse en arabe, en français, en anglais et je ne sais combien d’autres langues (avec traduction simultanée, bien sûr). Et ce n’est qu’aujourd’hui que je viens d’assister, pour la première fois, à une conférence de presse, dans la langue de mes ancêtres nord-africains grâce à…Takfarinas. Je l’ai rencontré avec un groupe de journalistes algériens de Montréal, le lendemain du un concert qu’il a donné devant près de 4 000 fans. Malgré son appel au vote aux dernières législatives et le tollé qui s’en est suivi. Ses fans ne l’ont pas lâché.

D’ailleurs, ironie de l’Histoire, à Montréal, seulement 888 personnes ont pris part au vote. Donc, ses fans sont plus nombreux que les votants.

Moi, je dois faire vite et m’inscrire à un cours de Tamazight ! »


Tanemmirt a Samir pour tes propos. Bienvenue chez toi, parmi les tiens !

 

par Djamila Addar, 16 mai 2012, à 01:19