Azul a Lounès Matoub. Le serment de continuer ton combat, notre combat est toujours vivant en nous. Tamazight est et sera toujours la priorité de nos vies.


Que c’est dur de porter la cause de son peuple et de l’assumer jusqu’au bout comme tu l’as fait. Tout comme toi, des hommes et des femmes ont donné leur vie pour que Tamazight soit rehaussée. Malheureusement, d’autres hommes et d’autres femmes de ce même peuple t’ont trahi et ont tendance à oublier très vite qu’il y a une cause à défendre et des sacrifices à honorer. Pis encore, ils et elles remettent en cause les acquis d’une grande lutte. Ils et elles banalisent le combat, le folklorisent et le vendent au plus offrant.

Aujourd’hui, 11 ans après ton assassinat, toi chantre de la chanson berbère engagée,  certains Kabyles se rappellent de toi le temps d’un hommage. Ils se rappellent qu’ils ont perdu l’un des piliers de leur cause, mais juste après, ils oublient ton beau rêve. Ils ferment les yeux sur la catastrophe qui s’abat sur notre culture, notre identité et surtout sur l’avenir et la mémoire des générations futures. Matoub, je sais que tu nous observes et que tu aimerais qu’on continue le chemin tracé par nos aînés comme Mammeri et Yacine pour nous affranchir de nos égoïsmes, de nos archaïsmes et aller de l’avant dans le respect de nous-mêmes certes, mais aussi de ce que sont les autres.

Une décennie passée depuis que tu nous été arraché par les forces du mal. Devrions-nous pour autant devenir aussi cruels que les ennemis de notre identité ? Non et mille fois non !  Nous avons tellement été brimés dans ce que nous avons de plus cher que nous avons tendance être intolérants et fermés sur nous-mêmes,  à oublier qu’un artiste de ta trempe est par définition ouvert d’esprit et respectueux du génie de tous les peuples et de toutes les différences.

Donc, la meilleure façon de te rendre hommage en ce 2009 est sans aucun doute de cesser d’entretenir l’intolérance et la haine gratuites et d’être à la hauteur de ces grands sacrifices. Il est temps pour nous démener pour bâtir l’avenir de notre peuple en encourageant les hommes et les femmes qui entretiennent notre héritage et notre mémoire millénaire.  À défaut, il ne restera rien de nous dans quelques années. Et ce que tu as toujours redouté Lounès !
 

Djamila Addar
Montréal, 25 juin 2009