La Fédération des Amazighs de l’Amérique du Nord, réunie ce dimanche 7 février 2016,  rejette en bloc la nouvelle constitution algérienne adoptée ce même jour par voie parlementaire et dénonce les intimidations et le harcèlement dont font l’objet des militants amazighs et des droits de la personne ainsi que des syndicalistes. 

Tamazight en tant qu’identité, langue et culture, qui à travers une longue lutte et d’énormes sacrifices et d’efforts consentis par plusieurs générations de militants, n’a pas  retrouvé sa véritable place  sur le plan institutionnel et constitutionnel algérien. En effet, dans le préambule de la nouvelle constitution, l’Algérie est qualifiée de pays Arabe. C’est une aberration et un déni de considérer un pays nord-africain d’arabe sachant que la grande majorité de son  peuple est d’origine berbère. Tamazight, même reconnue comme langue nationale et officielle, se voit reléguée en seconde zone dans un article 3 bis derrière l’arabe qui elle, est promulguée la seule langue officielle de l’État protégée en plus par l’article 178 de cette même constitution. Avec cette constitutionnalisation, le pouvoir  fait dans la supercherie. Ce n’est que de la poudre aux yeux, c’est une coquille vide pour leurrer le peuple. Afin de perpétuer un système de gouvernance basé sur la répression, le déni, la  corruption, le clientélisme et la médiocrité, les décideurs ne font qu’ouvrir une soupape de sécurité pour éviter que la bouilloire populaire n’explose.

Sur le plan des droits, la FAAN s’insurge contre l’article 51 qui exclut les binationaux des hautes fonctions de l’État et des fonctions politiques; une injustice flagrante qui constitutionnalise l’inégalité entre citoyens d’un même pays. Cet article est en totale contradiction avec les articles 29 et 31 de cette même constitution, qui consacrent l’égalité des Algériens en droits et en devoirs. Les décideurs essayent de jouer sur la fibre sensible du nationalisme alors que les plus hauts responsables de l’État actuellement en fonction, sont des binationaux de fait; Le chef de l’État est marocain de terre  et le président de l’assemblée populaire nationale est  tunisien de terre.

Toujours sur le plan des droits et libertés, le pouvoir répressif algérien s’acharne sur des militants et des syndicalistes qui défendent leurs causes. La FAAN dénonce avec vigueur l’arrestation de Maître Salah Dabouz, avocat des détenus mozabites et président de la ligue algérienne de défense des droits de l’homme ainsi que plusieurs  syndicalistes. C’est une atteinte grave aux droits fondamentaux notamment le droit de se réunir et de s’exprimer. La FAAN dénonce aussi la campagne d’intimidation et de harcèlement  dont fait l’objet la militante amazighe Kamira Naït Sid, présidente du Congrès Mondial Amazigh. À travers ces pratiques, le pouvoir algérien qui, au lieu d’asseoir une véritable démocratie et un état de droit, continue dans sa politique du tout répressif.

Montréal le 7 février 2016