Liberté : Que s’est-il passé avec Saïfi ?
Asma Halimi : J’étais dans la zone mixte à la fin du match. Je discutais avec l'oncle de Karim Ziani et certains journalistes nationaux et étrangers quand je vois arriver Rafik Saïfi.


Je recule d'un mètre pour l’éviter comme d'habitude et je me suis mise de profil quand, soudainement, je reçois un coup violent au visage que je n'ai pas vu venir. Instinctivement, je me suis défendue. Le comble c’est qu’il a continué, devant la presse nationale et internationale, d'abord en me frappant au visage avec une bouteille d’eau, puis en proférant des mots d'une vulgarité indigne d'un joueur représentant notre pays.
Il m’a même menacée de mort en arrivant en Algérie. On avait l’impression d’avoir affaire à un voyou qui a eu un comportement choquant. C’est un vil exemple pour les jeunes.

Selon vous, pourquoi ce joueur a-t-il eu ce comportement indigne ?
Il n'y a aucune explication qui puisse justifier ce comportement indigne. Cela dit, il y a eu déjà un antécédent. En fait, c'était après le match amical Algérie-Uruguay qui a eu lieu à Alger en août dernier. N'appréciant pas qu'on ait traduit intégralement une interview qu'il avait accordée à un journal qatari dans laquelle il a rendu hommage à sa femme française, il m'avait déjà, à l'époque, agressée avec une bouteille d'eau devant un parterre de journalistes. La FAF l’avait alors averti en interne et l’affaire a été étouffée.

Pourquoi l’a-t-il fait ?
Et bien, parce qu'il n'avait pas admis, peut-être par complexe, qu'en Algérie les gens sachent que sa femme est française.

Où est le problème ?
En tout cas, dans les deux affaires, rien n’excuse cette violence.

Quelles sont les réactions qui  ont  suivi  cette agression ?
Tous les journalistes présents, outrés d’avoir assisté à cette scène, sont venus m’apporter leur soutien. Ils commençaient à me demander si j'allais bien. Ils se sont dit prêts à témoigner devant la Fifa et la police. D'ailleurs, ils m’ont laissé leurs coordonnées. Entre-temps, un représentant de la Fifa a accouru pour me demander ce qui s'est passé afin d'établir son rapport. Il a même recueilli les témoignages des présents. Pour moi, le plus important est que ce geste de ce joueur soit sanctionné. Les joueurs de l’EN se distinguent, tous en dehors du terrain, par un comportement exemplaire, une excellente éducation et un respect du métier de journaliste.

Quelles sont les procédures que vous avez entamées ?
J’ai déposé une réclamation au niveau de la Fifa qui a ouvert une procédure. Je vais également faire un rapport à la fédération algérienne de football et mon journal a demandé à Me Bourayou d’ester en justice ce joueur.

Saïfi nie vous avoir agressée...
C’est un menteur. Il me rappelle la minable réaction des égyptiens après le caillassage du bus de l’équipe nationale au caire. les égyptiens avaient même accusé les joueurs de s’être blessés eux-mêmes.
Saïfi fait comme eux. Avec certains dirigeants, c’est la conspiration du mensonge. De toute façon, la procédure de la Fifa suit son cours. Les caméras de surveillance de la zone mixte établiront avec certitude les faits rapportés par la presse mondiale. Il n’y a que la vérité qui compte.

Qu'avez-vous à ajouter en guise de conclusion ?
Je remercie toutes les personnes qui m'ont soutenue que ce soit ici en Afrique du Sud ou en Algérie et même dans d'autres pays. Je remercie également le ministre de la communication algérien, M. Nacer Mehal, qui m'a appelée en personne pour m’apporter son soutien.
Je déplore, en revanche, le silence complice du président de la fédération algérienne de football, et du sélectionneur national. Le fait que des journalistes femmes algériennes soient présentes au mondial est un motif de fierté. Cela concrétise les avancées enregistrées ces dernières années.

 

Source: Liberte