La rue Jean-Talon a subi plusieurs transformations au fil des années. L'arrivée des Italiens a dynamisé cette artère du quartier St-Michel, que plusieurs considéraient, et considèrent encore, comme le prolongement de la Petite Italie à l'est. Toutefois, depuis une dizaine d'année, la rue Jean-Talon, entre les boulevards St-Michel et Pie-IX, a peu à peu changé d'identité. Riche des nouveaux arrivants Algériens, Marocains, Tunisiens, venus s'enraciner à St-Michel, cette artère est passée des couleurs de l'Italie aux couleurs du Maghreb.

Maghreb 101
Le Maghreb est une région située au nord ouest du continent africain. Il regroupe le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, la Libye et la Mauritanie. Plusieurs font la distinction entre Petit Maghreb (ou Maghreb central) incluant le Maroc, l'Algérie et la Tunisie, et le Grand Maghreb auquel viennent se greffer aux trois premiers pays la Libye et la Mauritanie. Ces cinq pays forment d'ailleurs l'Union du Maghreb arabe (UMA), fondée en 1989, basée sur le modèle de l'Union européenne.

«La population maghrebine est arabo-berbère, qui s'est arabisé avec la mondialisation de l'islam. Après une succession de colonisation, par la France entre autres, nous sommes un peuple indépendant qui veut s'affirmer», explique Nacer Boudi, un commerçant algérien de la rue Jean-Talon, installé au Québec depuis 1998.

Le nom Maghreb provient de l'arabe : Al-Maghrib, qui signifie «le Couchant» (ou « l'Occident »), en raison de la position occidentale de cette région par rapport au monde arabe. Il s'oppose au Machrek (le Levant), qui désigne l'Orient arabe, de l'Égypte à l'Irak et à la péninsule arabique. Les Arabes avaient d'abord nommé cette région Jezirat al Maghrib ce qui signifie «l'île de l'Occident», mettant alors en avant la situation de la région : apparemment isolée entre une mer et un désert.

Les plus grandes agglomérations maghrébines sont donc : Casablanca, Alger, Tunis, Rabat, Fès, Constantine (Algérie), Oran, Marrakech. La population du Maghreb est d'environ 75 millions d'habitants.

Le Maghreb michelois
Nacer Boudi a implanté son commerce Atlas Net sur la rue Jean-Talon en 1999. À l'époque, seule la mosquée, le Centre culturel algérien et quelques commerces maghrébins avaient pignon sur rue sur cette artère. Il croit que la présence de la mosquée et de l'association algérienne a contribué à l'établissement de plusieurs commerces d'origines maghrébines.

«L'évolution s'est fait doucement, mais sûrement. Comme plusieurs personnes arrivent ici et que leur diplôme n'est pas reconnu, ils se tournent vers le commerce. Il y avait pas mal de locaux de libres en 1999, et les Algériens, les Marocains et Tunisiens s'y sont installés. Maintenant, il y a plus de 40 commerces maghrébins: des boucheries, boulangeries, pâtisseries, des marchés, des restaurants, des cafés, des pizzérias…», énumère Monsieur Boudi.

Le quartier est en voie de devenir un pôle attractif pour les touristes qui visitent la Métropole. Au même titre que la Petite Italie et le Quartier Chinois. «Chaque semaine, presque chaque jour, des immigrés maghrébins de Toronto, Dallas ou Las Vegas, visitent le quartier. Ces gens savent qu'ils peuvent peut-être y rencontrer un ami, prendre un thé dans un café et trouver les produits et les odeurs de chez nous à Montréal», indique Nacer Boudi.

Ce commerçant de ce qui est maintenant convenu d'appeler le Petit Maghreb souhaite faire de ce coin de Montréal, un endroit où le multiculturalisme s'affirme positivement. Il souhaite que la mairesse Anie Samson concrétise sa promesse électorale de 2005 en ce qui concerne le Petit Maghreb.

«Elle a promis à la communauté maghrébine de concrétiser le projet d'officialiser le statut du Petit Maghreb, comme ils ont fait avec la Petite Italie et le Chinatown dans les années 70. Mais ça fait plus d'un an que je n'ai pas de nouvelles de Madame Samson», tient à souligner Nacer Boudi.

Mais il croît au projet, il croît que c'est faisable, il croît en la communauté maghrébine. Selon lui, la reconnaissance du Petit Maghreb s'ancre parfaitement dans la philosophie québécoise et montréalaise de multiethnicité et de multiculturalisme.

Est-ce que les élus entendront l'appel lancé à l'unisson par les commerçants de la rue Jean-Talon, le Journal de St-Michel et les Michelois pour reconnaître enfin le Petit Maghreb comme un fleuron du quartier St-Michel?

Un Petit Maghreb destiné à faire de St-Michel et même de Montréal, un pôle incontournable de la reconnaissance de cette culture nord-africaine au Québec.

Source: http://www.journaldestmichel.com/v4/article-n83704-Le-Petit-Maghreb--une-vision-positive-du-multicul