La famille de la victime accuse la justice américaine de partialité

Cinq mois après avoir été saisi de l’affaire de l’Algérienne Hassiba Belbachir, morte en détention, l’an dernier, dans la prison de Mc Henry à Chigago, le tribunal de ce comté a décidé de transférer le procès intenté par la famille de la victime contre les autorités pénitentiaires vers le comté de Rockford.

Une décision jugée discriminatoire par la famille Belbachir et ses avocats. Dans son verdict, la juge du comté de Mc Henry, Rebecca Pallmeyer, a ordonné le renvoi de l’affaire devant le tribunal de Rockford dans le Michigan au lieu de Chicago.

Cité par le quotidien, local The Daily Herald, la juge a motivé sa décision par le fait que les événements ayant conduit à la mort de la jeune algérienne à l’âge de 27 ans ont eu lieu à Mc Henry, et que tous les parties ainsi que les témoins impliqués dans cette affaires habitent ce comté.

Selon elle, le procès doit cependant se dérouler ailleurs à savoir devant la cour de justice de Rockford. La juge a aussi argué que cette décision est également une question de «convenances étant donné que le trajet vers Rockford prend 30 à 50 minutes au lieu de 2 heures vers le tribunal de Mc Henry».

Pourtant, les avocats de la famille avaient saisi la justice, comme le stipule la procédure, dans le comte de Mc Henry le lieu même où le procureur avait ordonné le déroulement du procès suivant le lieu du décès de l’Algérienne. L’avocate de la famille, Me Janine Hoft a dénoncé cette décision accusant la justice de vouloir éviter un jury multiracial dans lequel siégerait des Arabes ou des musulmans.

Me Hoft souligne qu’il y a peu de chances de tomber sur des membres du jury arabes à Rockford précisant que quelque 1 000 musulmans habitent la région de Rockford contre les 60 000 qui résident dans le comté de Cook où se trouve le tribunal de Mc Henry.

«La présentation de cette affaire devant le comté de Mc Henry est non seulement une question de respect des procédures et des lois mais, également, une question de bon sens», a-t-elle dit. «En transférant le procès à Rockford, la justice du comté voudrait s’assurer un jury blanc taillé sur mesure pour sceller cette affaire», a-t-elle affirmé ajoutant que cette décision est une anomalie qui pénalise la mise en place d’un jury multiracial et réduit par conséquent les chances d’un procès impartiale».

Selon les proches de la victime, le tribunal se soucie plus de la distance entre les deux comtés que de la justice elle-même. «Il s’agit d’un déni de droit aux minorités ethniques de siéger dans un jury et d’avoir la chance de participer à l’établissement d’une justice équitable pour tous», ont-il affirmé dans les colonnes du Daily Herald.

«Cette décision sert de couverture pour les personnes coupables de la mort de Hassiba et démontre que les Arabes et les musulmans sont une quantité négligeable aux yeux de la justice américaine» ont-ils soutenu. L’affaire Hassiba Belbachir a éclaté lorsqu’elle a été retrouvée morte, le 17 mars 2005, neuf jours après son incarcération dans la prison du comté de McHenry à Chigago pour séjour illégal aux Etats-Unis.

Selon la version officielle, la jeune algérienne s’était suicidée par pendaison en utilisant des bas en coton. Jugeant la mort de leur fille suspecte, la famille Belbachir avait alors porté plainte, en janvier dernier, devant le tribunal fédéral du comté de McHenry pour poursuivre le sheriff, des officiers de police et l’équipe médicale de la prison.

Le dossier de l’accusation, avait établi alors que la défunte n’avait pas bénéficié de soins médicaux appropriés lors de sa détention, en dépit du fait qu’elle a été reconnue comme une personne fragile pouvant avoir des tendances suicidaire.

Dans cette affaire qui a plongé en émoi la communauté algérienne aux Etats-Unis et suscité un large élan de solidarité avec la famille de la victime, la partie civile poursuit pour homicide par négligence le shérif du comté de McHenry, Keith Nygren, le directeur du centre de détention du même comté, Tom Svoboda, des policiers et agents du comté ayant été impliqués dans son arrestation, puis son incarcération ainsi que l’équipe médicale du pénitencier.

Source: http://www.jeune-independant.com/