L’homme veut briguer la magistrature suprême. Natif de Ouargla en 1961 et installé au Canada depuis des années, Tarik Mihoubi compte ainsi se lancer à l’assaut du Palais d’El-Mouradia avec comme seul viatique une plateforme PDF de cinq pages en guise de programme et des soutiens qu’il dit avoir d’une noria d’organisations politiques et sociales.

Qui est donc ce personnage qui a comme slogan “Bâtir ensemble l’Algérie de demain” ? Revendiquant plus de vingt-cinq ans d’expérience dans le monde des affaires en tant que stratège dans divers domaines, M. Mihoubi affiche un tableau de bord professionnel bien étoffé : producteur télé, président de la compagnie Blackstone Investment, président fondateur de la compagnie IPS Canada et président de la compagnie Promex International. Son parcours politique se résume à deux ou trois fonctions.

Ainsi, outre qu’il fut le représentant du FLN au Canada durant les années 1990, Mihoubi était conseiller spécial du maire de la ville de Montréal, directeur général (équivalent de secrétaire général, le premier responsable ayant le titre de chef) de Vision Montréal (un parti municipal) et responsable provincial de l’organisation du Parti libéral du Canada (PLC). Dans le préambule de son programme, le candidat Mihoubi promet un gouvernement de parité (50%) entre les hommes et les femmes. “Le futur président” comme il se définit dans sa plateforme croit dur comme fer en “une prospérité économique forte et des programmes sociaux efficaces”. Son programme, qui a l’allure d’un catalogue de professions de foi, n’aborde les questions politiques que succinctement. En la matière, il promet de constitutionnaliser tamazight, de limiter à deux le nombre de mandats présidentiels, de réformer la Constitution, de garantir l’indépendance de la justice et de redonner, selon ses propos, “la liberté d’expression à tous les journalistes algériens”.

Sur le plan diplomatique, le candidat à la candidature compte faire de l’Algérie un acteur indispensable sur la scène internationale, en s’impliquant davantage dans le règlement des crises régionales et territoriales. Dans un chapitre consacré à la défense nationale, Tarik Mihoubi propose de mettre en œuvre un programme de modernisation de la capacité militaire des commandements des forces terrestres, navales et aériennes. Programme qui vise à répondre plus efficacement à la demande de sécurité qui se fera en concertation avec le ministère de la Défense, est-il écrit noir sur blanc dans la plateforme du candidat. Le reste du programme est une compilation de propositions à caractère socioéconomique.

Par exemple, Tarik Mihoubi promet de réaliser plus de 1 250 000 logements sociaux, créer un million d’emplois, augmenter les salaires en fixant le Smig à 25 000 DA, mettre en place des réformes hospitalières, accélérer le développement de créneaux d’excellence dans les universités, instaurer une allocation chômage aux moins de trente ans, améliorer les pensions des retraités, etc. Bien entendu, celui qui compte solliciter les suffrages des électeurs en avril prochain ne dit pas comment et d’où il mobiliserait les ressources pour concrétiser ses promesses électorales. Par ailleurs, Mihoubi veut accroître le rôle des zaouïas. Comment ? Motus et bouche cousue. Alors que l’essentiel de l’action politique en Algérie et ailleurs est relayé sur la Toile, la présence du candidat sur les réseaux sociaux est des plus rachitiques. Ainsi, pas plus de 124 personnes sont membres de sa page facebook créée depuis avril 2013, quelques abonnés le suivent sur son compte Linkedin, et il n’a publié, depuis mai dernier, que cinq tweets sur son fil Twitter suivis uniquement par deux abonnés. Sa première sortie publique est prévue pour ce samedi à la radio où il compte faire acte de candidature. L’occasion pour lui de détailler son programme et de revenir sur cette ambition qu’il nourrit de devenir chef d’État.

Source: Liberté - 18 janvier 2014