A Montréal, c'est à la nouvelle chancellerie, une superbe et immense bâtisse située sur la rue Saint-Urbain, à l'angle de Sherbrooke, que le dépouillement des bulletins de vote s'est fait par l'administration sous le regard des représentants des trois comités de soutien, l'un du président sortant, l'autre d’Ali Benflis et le dernier de Saïd Sadi, en présence d'une foule de curieux.

La tendance est comme suit : Abdelaziz Bouteflika (50,61%), Ali Benflis (19,00 %), Saïd Sadi (15,53%), Abdallah Djaballah (8,60%), Louiza Hanoune (5,40%), Rebaïne (0,86%).
Aux États-Unis, le mouvement est sensiblement le même : Abdelaziz Bouteflika (56,74%), Ali Benflis (18,80), Saïd Sadi (10,25%), Abdallah Djaballah (9,97%), Louiza Hanoune (3,51%), Rebaïne (0,55%). Compte tenu du décalage horaire avec l'Algérie, ici, les électeurs continuaient de voter, alors qu'à Alger on commençait déjà à donner les résultats par wilaya, ce qui alimentait nombre de commentaires, d'anecdotes, d'analyses de la part de citoyens à l'affût de la moindre petite information d'Alger. «C'est l'enterrement de l'Algérie», lançait quelqu'un. «C'est le résultat du vote. Il faut l'accepter, c'est cela la démocratie. La prochaine fois on travaillera plus», disait un homme d'affaires. «Ce n'est pas possible qu'on arrive à ce résultat», s'exclamait un partisan de Benflis. «Espérons qu'il n'y ait pas de violence, car je reviens d'Alger et la situation est explosive», exprimait un citoyen. «Que va devenir la presse ?», s'inquiétait un commentateur d'une radio communautaire.

Au consulat général d'Algérie à Montréal, où l'occasion était donnée pour s’exprimer, la grande majorité des présents l'ont fait avec civisme. Les partisans d’Ali Benflis et de Saïd Sadi ont affiché respect et considération pour la presse. Les membres de l'administration, quant à eux, ont également joué le jeu et fait leur travail avec professionnalisme. Seule fausse note qui est venue ternir cette atmosphère citoyenne, les représentants du comité de soutien d’Abdelaziz Bouteflika, fidèles à leurs bêtises, qui ont proféré insultes et menaces, pensant ainsi nous intimider avec leur «vous n'êtes qu'une moins que rien, une menteuse, une guignol, nous allons vous attaquer pour diffamation et vous régler votre compte», criait Omar Cheikh, le plus survolté du groupe, en jouant nerveusement des mains, sous l'œil approbateur d'une dizaine de ses «bons gars». Autre élément important à prendre en considération pour essayer de décortiquer ce résultat électoral, c'est le taux de participation sur tout le territoire canadien qui a atteint les 29,20%, alors qu'aux Etats-Unis il est de 24,67%. Dans la circonscription d'Ottawa, cette moyenne a légèrement été dépassée avec un taux de participation de 34,22%, alors que dans la circonscription de Montréal le taux était en deçà de la moyenne puisqu'il frôlait les 27,79%. C'est à Vancouver, où vivent 179 Algériens, que l'affluence était la plus grande avec un taux de participation de 41%, et dans la ville d'Ottawa avec 40%. Driss Djazaïri, ambassadeur d'Algérie aux États-Unis, nous a déclaré au téléphone qu'il était satisfait du taux de participation compte tenu des contraintes territoriales. «Nous n'avons que deux bureaux de vote fixes : l'un à Washington et l'autre à New York qui étaient ouverts à partir de samedi dernier jusqu'à hier. Les cinq autres (Boston, Chicago, Houston, Los Angeles, San Francisco) sont itinérants. De plus, si l'on comparaît ce taux de participation avec celui des élections législatives de 2002 qui était de 8%, pour la présidentielle, il a triplé.»

Source: http://www.elwatan.com/journal/html/2004/04/11/actualite.htm