L’histoire de Hacène Zemiri est un aperçu de l’iniquité du pays de l’Oncle Sam‬ et reflète l’inutilité d’occulter la vérité, comme dans le film du fugitif.Lorsqu’un enfant ment, il se cache pour éviter l’affrontement et quand la Maison Blanche ment et y croit, elle efface toutes ses marques à la prison de la honte de Cuba.

 

Hacène Zemiri est natif de 1967, il est rentré en Algérie, il y a un mois, en provenance du camp de la honte. Son aventure a débuté quand il avait 23 ans, par un voyage en août 1991 en Italie où il n’est resté que 3 mois avant de rallier la France où il a vécu 3 années. Il décide finalement en usant d’un faux passeport de partir au Canada, où il se maria en 1995 avec une canadienne chrétienne qui ne tarda pas à embrasser la religion musulmane.

Hacène est resté 7 ans au Canada où il a engendré un fils Abdelkrim qu’il ne connait pas. Il a ensuite été englouti dans un monde si ahurissant, qu’il mériterait qu’on en fasse un film.
 
Hacène s’est confié à Echorouk trois heures durant, à son domicile familial d’Hussein-dey, son unique souhait étant de connaitre son fils qui maintenant, a huit ans.
En 2001, dans des conditions difficiles, quand Hacène a décidé d’aller en Afghanistan, il était fiché comme suspect par les autorités canadiennes, car il activait dans le GIA. Il a avoué être l’ami d’Ahmed Ressam, accusé d’avoir tenté de faire sauter l’aéroport de Los-Angeles, et Karim el Maghribi qui avait combattu les serbes en Bosnie et avec lequel il a été écroué à la prison des chutes Niagara, à la frontière des USA en 1998. Ils étaient accusés d’avoir tenté de pénétrer illégalement en territoire américain. Et Hacène ne portait plus la barbe.

Hacène a connu la prison une nouvelle fois en 2001, où il a été interrogé par les enquêteurs sur la tentative d’assassinat par un de ses amis, du président américain Bush. Il a été innocenté par le juge suite à l’intervention de son épouse auprès du ministère de l’immigration. Les services secrets ont d’abord refusé de le libérer. Toutes ces raisons ont poussé Hacène à quitter le Canada. Il avait en 2000 envoyé sa femme en Algérie en reconnaissance et il était prêt à rentrer au pays sauf que les agents canadiens ont menacé d’avertir les services algériens qu’il travaillait avec un groupe armé. Il a donc changé de destination suite à sa rencontre avec une personne qui lui garantissait la sécurité en Afghanistan où il est tombé malade. Il avait pu s’acheter une voiture, mais n’avait pas de maison.
Là, l’algérien fugitif a reçu du Canada la proposition d’entrainement militaire, ce qu’il n’a pu que décliner à cause de sa santé. Il est parti à Jalalabad et a décidé de renvoyer son épouse au Canada, via l’Angleterre et l’Algérie. « J’en veux plus au Canada qu’aux États-Unis d’Amérique pour tous les tracas causés à ma femme et les menaces de prison », a déclaré Hacène Zemiri.
Un mois plus tard, Hacène et ses 60 compagnons ont reçu de Ben Laden, l’ordre de partir au Pakistan. Sur leur chemin, les avions américains les ont bombardés tuant entre 30 et 40 personnes. Les rescapés ont été contraints de se réfugier dans un village dont les habitants ont été payés pour faire passer les fuyards au Pakistan.

« Ces traitres nous ont livrés au chah Messaoud et Rabani, des ennemis de Ben Laden, qui nous ont arrêtés et conduits aux services secrets afghans », raconte Hassan. Sous la torture, les arabes ont avoué être d’Al-Qaïda et les afghans, des Talibans. Un mois plus tard, les américains les ont extradés vers la prison de la base américaine de Bagram, puis transférés à Guantanamo, enchainés aux poignets et aux chevilles, les yeux bandés et les oreilles obturées, assis à même le sol.

Notre interlocuteur relate : « Nous avons subi des interrogatoires serrés où les mêmes questions revenaient : Etes-vous des talibans ? Avez-vous vu Ben Laden ou le mollah Omar ? Les autorités canadiennes ont remis un dossier où j’étais accusé d’avoir remis de l’argent à Ressam. Presque chaque jour, nous étions interrogés par les services américains, canadiens et anglais sur des suspects. L’eau que nous buvions était interdite aux soldats. J’étais en compagnie de yéménites et de personnes originaires du Golfe ; sauf au ramadhan 2002 où j’étais avec 7 algériens, 3 français et 4 britanniques. Il reste 9 algériens à Guantanamo, dont un de nationalité bosniaque, mais j’ai entendu dire qu’il y en avait 25 au total. Un certain Saïd a été innocenté par la Cour Suprême depuis 5 mois, mais il est toujours à la prison de l’infamie ».

Echorouk s’est enquis du plus jeune prisonnier Ahmed Arab, arrêté en France selon sa famille, mais Hacène n’en a pas entendu parler. « 6 algériens ont été arrêtés en Bosnie et le reste en Afghanistan, personne n’est venu de France, sauf s’il est dans la prison secrète appelée Black Hole », a affirmé Hacène.

Très attristé, il se souvient : « En 2006, 2 saoudiens et un yéménite en grève de la faim, ont été pendus. Ils nous ont dit qu’ils s’étaient suicidés alors que l’un d’eux devait être libéré. Abou Talha, le saoudien est mort en 2007 par pendaison ainsi que Ouadhah le yéménite en 2009. Les américains avaient proposé à ce dernier de travailler pour eux, mais il avait refusé ».
En juillet 2009, l’Égypte avait livré un chef de tribu yéménite, officier des services secrets du Yémen. En homme d’affaires qu’il était, il s’était rendu en Égypte pour une transaction commerciale. C’était le compagnon de promenade de Hacène. Ses deux fils et son épouse avaient été assassinés.

Zemiri parle d’un algérien relaxé qui a refusé de retourner en Bosnie, le pays qui l’a livré, ce qui lui a valu une mâchoire brisée et une hospitalisation en France.
Hacène a également eu des démêlés avec les soldats avant que la Croix Rouge ne l’informe que la commission d’Obama l’avait innocenté de l’accusation de « combattant illégal ». Il affirme qu’il n’a pas été jugé par cette commission qui d’ailleurs était nommé Ordak à l’époque de Bush. Il en a été avisé à la fin de septembre passé.

Hacène Zimiri a refusé de signer des documents stipulant qu’il ne combattrait pas l’armée américaine ou ses alliées, à bord de l’avion militaire qui le ramenait au pays, un bandeau sur les yeux, attaché à son siège. « L’espoir est revenu en Algérie quand les autorités m’ont rassuré, signalant que l’Algérie n’avait rien contre moi. J’ai été choqué de constater que le Coran qui m’a été restitué par les américains était déchiré. La guerre à Cuba tourne autour du Coran », a-t-il ajouté.

Le rescapé de Guantanamo affirme que tous mentaient là-bas, sauf la délégation algérienne, en visite en 2006, qui a été honnête avec eux. Ses membres ont même tenu à connaitre les noms de nos parents, l’école que nous avons fréquentée, notre quartier alors que les délégations saoudienne et égyptienne ont rencontré leurs ressortissants avec des sacs sur la tête et leur ont fait subir des interrogatoires.
Les informations étaient rares et Hacène se tenait au courant par l’intermédiaire d’un enquêteur libanais. « Ils ont déchiré la photo de mon fils. J’ai envoyé 200 lettres à ma femme, mais elle n’en recevait en moyenne qu’un seule tous les 30 mois. La moitié des enquêteurs sont des égyptiens. Ils sont plus tortionnaires que les américains », témoigne Zemiri.
Hacène a reçu de son épouse 9 photos de son fils et toutes les informations le concernant depuis sa naissance. Il lui a parlé 4 fois. Il est reconnaissant pour le comportement des autorités algériennes, qui lui ont même donné de quoi téléphoner, lors de son retour sur le sol natal. Le croissant rouge avait déjà prévenu sa famille de son arrivée. Hacène espère la médiation de l’Algérie qui lui permette de rencontrer Abdelkrim, son fils.

Source: EchoroukOnline.com