Fondé en 1998, le Centre amazigh de Montréal (CAM) est un organisme socioculturel à but non lucratif qui a pour mission d'œuvrer au bien-être et à l'intégration de la communauté amazighe dans la société d'accueil. Initié par des Algériens, ses membres comptent aujourd'hui quelques Québécois et Maghrébins.

Dès le départ, l'ouverture envers la communauté d'accueil a été l'une de nos préoccupations, nous explique la présidente de l'association Farida Zerar, une infatigable battante au large sourire et à la verve aigre-douce.

L’organisme s'est notamment distingué par son dynamisme, la qualité et la diversité de ses activités. En plus d'une chorale d'enfants, des cours de langue amazighe, et des ateliers de théâtre sont offerts par des bénévoles. Même si l'intérêt principal de l'association est la promotion de la culture amazighe, l'Algérie y occupe une place importante.

«Un pays riche de traditions et d'histoire que nous avons dû quitter par la force des choses, mais qui est plus que jamais vivant dans nos cœurs et dans nos mémoires» évoquait la présidente, il y a quelques jours, invitée à participer au mois de l'Histoire des Noirs. «Il est clair, comme nous le précise Farida Zerar, qu'il ne s'agit pas pour nous de kabyliser l'Algérie, ni d'arabiser la Kabylie, l'identité algérienne est plurielle arabe, berbère et aussi francophone pourquoi ne pas la reconnaître dans sa pluralité ?»

Dans une lettre ouverte qui contenait neuf griefs à l'encontre du président Bouteflika, diffusée en juin dernier, le CAM accusait ce dernier d'être assis sur «un fauteuil taché de sang des innocents que vos gendarmes et vos islamistes assassinent en toute impunité».

La lettre accusait le président «d’avoir dressé des Algériens contre des Algériens, de manipuler l'information, de semer la haine des Kabyles dans les cœurs des Algériens, de régionaliser la revendication berbère, d'avoir utilisé l'Islam et la langue arabe pour confisquer la liberté de culte, pour enrayer le concept de citoyenneté algérienne, et pour annihiler la personnalité algérienne». Autres reproches en évoquant le projet de la concorde civile : «Nous vous accusons d'avoir cautionné des crimes perpétrés contre l'humanité et d'avoir ainsi légitimé les pires atrocités.»

Le CAM, qui déplore aussi le contenu du système éducatif algérien et le statut accordé aux femmes, déclarait : «Monsieur le président, nous vous accusons d'avoir assis un patriarcat sclérosé, dont la soif de pouvoir n'a d'égale que son profond crétinisme qui a exclu les femmes de la vie de leur pays». «Monsieur le président, ni vos balles, ni votre répression, ni vos mensonges n'arriveront à bout de notre détermination

Rappelons que la communauté amazighe du Canada s'est largement mobilisée, les derniers mois, aux cris de «Pouvoir assassin», «Ulach smah» pour exprimer sa profonde solidarité avec les manifestants en Kabylie.

Source: http://www.elwatan.com/journal/html/2002/04/01/derniere.htm