Après une campagne éléctorale des plus rudes et des plus folles, le Parti libéral du Québec ( 70 élus) a mis en échec les trois autres grands partis, le PQ (Parti Québecois: 30 élus) de Mme Marois, première-ministre sortante, la CAQ (coalition Avenir Québec) de Francois Legault, un ex-péquiste et QS (Québec solidaire) de M. Amir Khadir.

Ce vote a mis fin à une guerre de tranchées ou s'entrechoquaient, à tout va, propos controversés, dénonciations, revirements inatendus et défections. Les débats des chefs, retransmis, à deux reprises, en direct par les télévisions ont été marqués par des attaques sur l'intégrité des uns et l'incompétence des autres. Nous avons même assisté à un tir groupé PQ-CAQ, qui n'aura surpris personne, contre le leader de la formation libérale.
Un vent de panique fortement ressenti, au tout dernier jour de la campagne éléctorale au sein du parti Québecois, a incité Mme Marois, dans un ultime sursaut de repêchage des intentions de vote, en chute libre, à lâcher ses troupes sur le terrain pour influencer les indécis à aller voter pour son parti. Peine perdue, après dix huit mois au pouvoir, elle essuie non pas un échec mais deux. Le PQ (minoritaire) mord la poussière en perdant et le pouvoir et sa candidate, en la personne de sa dirigeante, Mme Marois, battue par la libérale Carole Simard, perdant ainsi sa circonscription de Charlevoix-Côte-de-Beaupré, Elle démissionne en tant que chef de la formation souverainiste en laissant derrière elle le goût amer d'une débaĉle amplement méritée et des supputations sur son possible remplacement par son ministre responsable des Institutions démocratiques et de la Participation citoyenne, Bernard Drainville...
Des rescapés de cette terrible "culbute" péquiste, il y en a eu. Plusieurs candidats ont été réelus dont le "chouchou" de Mme Marois, l'homme d'affaires Pierre Karl Péladeau, le big boss de l'empire des médias Québécor. Ce dernier, souverainiste jusqu'auboutiste a réussi son test dans la circonscription de Saint-Gérome, dans les Laurentides.
Un gain qui permet au Berlusconi québécois, pour un premier saut en politique, de faire une entrée "fracassante" à l'assemblée nationale, aux côtés de Bernard Drainville, le père de la charte controversée des valeurs du parti québécois qui a fait de raviver, pendant de longs mois, les feux de la "Fitna" entre pros-charte et antis-charte.. Ce dernier, adepte du " ca passe ou ca casse" et dont la page Facebook servait de tremplin invitant parce que toléré aux commentaires insultants, xénophobes et racistes envers les musulmans, devra encore patienter jusqu'à une prochaine victoire de son parti pour dépoussiérer de ses tirroirs sa fameuse mouture vicelarde.
Ce projet de loi qui divise plus qu'il ne que rassemble, concocté pour servir de mobile éléctoraliste évident qui ouvrirait au PQ des portes d'accès à la majorité parlementaire escomptée a fait choux-blanc entraînant dans les flots tumultueux de sa politique d'exclusion tout un managment politicien voué à l'échec depuis son ouverture aux "surenchères" du débat public.
Avec le nouveau gouvernement libéral majoritaire qui assure que " la division est terminée (et) la reconciliation est arrivée", les débats violents, teintés de phobie dangereusment hystérique eu égard à la violence verbale véhiculée à l'endroit de la communauté musulmane, notamment les femmes voilées seront choses du passé sans être complètement effacées,l''hypocrisie politique du PQ ayant laisser des blessures profondes, Une phase nouvelle s'ouvre donc avec un gouvernement qui milite, depuis le début des hostilités, pour une société inclusive basée sur le respect de toutes les libertés individuelles.
Parmi les péquistes perdants, Djemila Behabib ,candidate vedette d'origine algérienne, qui n'avait aucune chance de mériter une place au soleil à Laval ou elle n'avait pas tardé à se faire bousculer vers la sortie d'urgence.
Deuxième cuisante défaite après celle des éléctions de 2012, ou elle n'avait pas fait le poids et la mesure dans une ville, Trois-rivières, ou les élécteurs ne la connaissaient pas assez ou tout simplement l'ignorent, comme l'illustraient les propos de Jean Tremblay, maire au Saguenay, allergique à ce qu'une personne venant "d'Algérie, (lui) dicte ses programmes."
Pour l'auteure de "Ma vie à Contre-Coran" espérer une future élection dans les comtés à forte concentration musulmane relève beaucoup plus de l'utopie, l'importance numérique de la communauté " qui ne la porte pas en fine fleur" lui fera volontairement perdre beaucoup de ces voix qui "mangent halal" et celles des" femmes voilées". Benhabib aura donc tout intérêt d'aller " à l'assaut" des régions nordiques, kujuuaq par exemple, pour tenter de se faire élire ou mieux, changer carrément de bannière politique en revenant à de meilleurs sentiments envers les musulmans du Québec dont le militantisme et le combat contre l'islamisme religieux n'a rien à envier à celle qui s'alarme, sans raison apparante, d'une fantômatique montée de l'intégrisme religieux dans la belle province.
L'émission proposée par Media Maghreb et animée par le journaliste Lamine Foura, diffusée sur CHOU 1450 AM ( Radio Moyen-Orient au Canada) a été entièrement consacrée au déroulement de ces élections du 07 avril. La participation historique de l'électorat arabo-musulman et plus particulièrement maghrébin ( qui dépasse dans certaines circonscriptions montréalaises plus de 50 %) atteste de sa ferme et responsable volonté à faire barrage à une réelection du PQ et les dangers que representerait l'adoption de la charte des valeurs québécoises proposée par le ministre Drainville...
Les interventions des auditeurs, franches et directes, dénotaient du haut niveau d'éveil politique atteint par la communauté et sa prise de conscience vis-à-vis de ses devoirs en tant que frange québécoise citoyenne soucieuse de l'avenir d'un Québec pour tous. Un auditeur emballé interpellera les membres de la communauté sur le rôle crucial qu'il ont à jouer dans ce scrutin, les invitant à ne pas rester "en marge" de cet événement décisif.
Entre une candidate péquiste qui " tient à ce point à cette charte que s'il faut aller vers une dérogation, (ils) le (feront)" et qui menace de " congédier ceux et celles qui ne se plient pas à la loi sur la laicité" et un candidat qui s'engage à créer "250 000 emplois", le peuple québécois a tranché pour celui qui a fait montre de plus de sagesse, de sérénité et de cohérence dans ses discours. L'écrasante victoire de Phillipe Couillard, loin d'être un vote sanction en direction du PQ, est très logique. Elle résulte de l'agacement d'une population fatiguée par ses gesticulations de marionettes et ses promesses éléctorales non honorées comme, par exemple, l'abolition de la taxe scolaire, et la révision à la baisse des frais d'inscription universitaire et collégiale.
Quant à Francois Legault avec 22 candidats élus pour une formation si récente dans le paysage politique ( année 2011), décrocher une troisième place est percu comme une véritable victoire tant l'écart entre sa jeune formation et celle des "poids lourds' de Marois n'est que de huit candidats élus. Riche de cet acquis, la CAQ demeurera une formation importante dans l'Assemblée. Une haute performance qui fait dire à Francois Legault de continuer à assurer la chefferie de la CAQ pour les quatre prochaines années tout en se félicitant des résultats de cette "belle histoire (qui) ne fait que commencer.
Avec trois députés, un de plus que l'éléction précedente, Québec Solidaire de Amir Khadir, digère mal sa défaite. La leader numéro deux, Francoise David qualifie de « grave » et de « surréaliste » l'élection d'un gouvernement libéral majoritaire. Amir Khadir affirme, pour sa part, que ce sera « un passage douloureux pour le Québec ». Attendons pour voir.,