Le mouvement Ajouad Algérie Mémoires ne veut pas oublier les affres de la décennie noire. Le comité de Montréal a organisé, vendredi soir, une rencontre pour lutter contre l’oubli et se remémorer les victimes du terrorisme islamiste.

Lors de ce débat qui a permis à notre consoeur Nacira Belloula de présenter son dernier essai Algérie, le massacre des innocents, des témoignages poignants ont été relatés avec souvent un pincement au coeur.
On ne doit pas oublier les victimes du terrorisme”, recommande d’emblée l’un des organisateurs qui suggère de “disqualifier ceux qui ont provoqué le bain de sang en Algérie”.
J’ai été menacée”, dira pour sa part Saliha, enseignante et militante de la cause identitaire amazighe. Farid Chikhi, un ancien cadre d’Air Algérie, est revenu sur sa rencontre avec le comédien Azeddine Medjoubi, deux heures avant son assassinat. “J’ai été chargé de recevoir Azeddine au sujet de son projet de mise en place d’une caravane nationale pour former des acteurs”, raconte l’intervenant. “Azeddine est sorti tout heureux, une fois que les fonds nécessaires au projet débloqués. Il est même parti à pied de la place Audin au TNA. Et c’est là où il sera assassiné”, ajoute-t-il.
D’autres intervenants ont mis en relief le rôle décisif joué par les Patriotes et les groupes d’autodéfense dans la lutte antiterroriste. “Mais aujourd’hui, on pardonne aux terroristes et on oublie ceux qui ont pris les armes pour sauver la République”, regrette-t-on. Autrement dit, si le terrorisme a été vaincu militairement, l’islamisme, comme idéologie meurtrière et réactionnaire, n’est pas dénoncé, fera-t-on remarquer. Durant les débats, un hommage a été rendu aux douze enseignantes assassinées à Sidi Bel-Abbès.
Ajouad Algérie Mémoires est une initiative des familles des victimes du terrorisme islamiste. L’idée a été suggérée par Nazim Mekbel, le fils du célèbre journaliste. Le nom est donné en référence à la pièce de théâtre d’Abdelkader Alloula, lui aussi assassiné par le GIA. Tous les 22 mars, le réseau organise des rencontres de souvenir pour entretenir la mémoire. La date a été choisie en souvenir aux marches populaires organisées en 1993 et 1994. Cette année, des rencontres similaires ont été organisées dans plusieurs villes, aussi bien en Algérie qu’à l’étranger. “Ajouad Algérie Mémoires est le cri de ceux qui ont vécu ce drame dans leur chair, ces oubliés qui ont souffert de l’indifférence et humiliés par les lois de la réconciliation nationale et qui, aujourd’hui, s’unissent et s’élèvent en s’engageant à faire sortir de l’oubli les œuvres d’une élite sacrifiée, mais aussi le vécu de tout un peuple pris en otage”, écrit Ajouad dans un communiqué rendu public et qui propose de continuer le combat par un travail mémoriel en faisant du 22 mars de chaque année la journée pour la mémoire. Pour le réseau, le devoir de mémoire s’impose, car, “demain restera toujours à faire”.


Source: Liberté - 23 mars 2014