«Je fais de l’humour pour choquer. Si je n’avais pas voulu déranger les gens, je serais devenue couturiè­re!» lance Nabila Ben Youssef en riant. L’humoriste d’origine tunisienne, qui présente son spectacle Arabe et cochonne bio au Gesù ce soir, ne se gêne pas pour dire ce qu’elle pense. Elle croit d’ailleurs qu’à cause de ce trait de caractère, elle aurait fait une mauvaise politicienne. «Je préfère faire bouger les choses en riant des politiciens qu’en étant une de celles dont on rit!» dit-elle.



Arrivée au Québec il y a 15 ans, la comédienne a dû faire plusieurs sacrifices pour pouvoir se consacrer à sa passion pour la scène. «Je m’arrange pour ne pas avoir trop d’attaches, parce que je dois vraiment me dédier entièrement à ma carrière si je veux qu’elle fonctionne», explique-t-elle. Selon l’humoriste, il est encore très difficile pour une femme de se tailler une place dans ce «monde de gars» qu’est l’humour.

«On a du mal à accepter qu’une femme puisse être drôle, croit-elle. Les rares femmes qui réussissent à percer doivent tomber dans l’humour “de gars” pour y arriver. Mais j’ai une tête de cochon, je suis passionnée jusqu’au bout des ongles, je ne vais pas laisser tomber.»

Rire pour apprendre
Cette seconde mouture d’Arabe et cochonne bio – le «bio» ayant été ajouté en 2006 pour préciser que «co­chonne ne  veut pas dire salope» – est complètement différente de la première, bien que l’intention reste la même : apprendre des choses aux gens au sujet de la culture arabe. «Il est beaucoup plus facile de s’instruire par le rire que par un discours académi­que, dit Nabila Ben Youssef. L’humour permet de simplifier les choses. Parfois, quand j’entends parler un spécialiste du monde arabe à la télévision, je ne le comprends pas moi-même!»

La comique considère d’ailleurs que son public «n’aime généralement pas l’humour» et que les gens qui viennent la voir le font parce qu’ils s’attendent à apprendre des choses. Nabila intègre des numéros de danse à son spectacle Arabe et cochonne bio. «La danse fait partie de moi, c’est un des beaux éléments de ma culture et de mon spectacle», explique-t-elle.

Si des gens lui envoient parfois des courriels de bêtises après ses spectacles, l’artiste affirme recevoir davantage de témoignages de personnes lui disant que ses monologues ont changé de façon positive leur perception du monde arabe. Pour elle, c’est tout ce qui compte. «Quand une jeune fille me dit que je suis une inspiration pour elle, alors je sais que j’ai atteint mon but», déclare-t-elle.


Source: Journal Métro