Nous serions très intelligents, semble-t-il, forts, et plus encore perspicaces, bien plus que les autres peuples de toute la région du monde arabe qui ont cédé à la manip pour changer le cours de l’histoire de toute la région et mettre en péril des dictateurs, quand ils ne les ont pas simplement abattues.

 



Nous, Algériens, sommes au-dessus de tout cela, nous connaissons les enjeux de l’époque, la géopolitique, les organes internes et externes de la CIA, du Mossad, bref, nous sommes si éclairés dans nos petits esprits que nous sommes convaincus que les Polonais, les Allemands de l’Est, les Tunisiens, les Égyptiens, tous ceux qui revendiquent leur liberté citoyenne et la fin des tyrannies, trahissent leur pays pour des intérêts étrangers.

En fait, nous sommes si intelligents que nous nous sommes exilés en masse, presqu’autant que les Palestiniens à qui on a confisqué le pays. Et oui, nous sommes si intelligents (ou fatnin) que nous n’avons pas été capables de faire autre chose d’un pays aussi beau, aussi riche que l’Algérie, qu’un réservoir de Harraguines dans toutes les disciplines, de corruption tous azimuts, une terre d’injustice avec un peuple si aliéné qu’il ne croit plus en rien, et qui attend résigné que la justice divine récompense sa misère. Et après, comme notre suffisance nous empêche de nous remettre en cause, nous dénoncerons l’urne qui a permis un vote islamiste.

Personnellement, je ne voulais pas participer à cette énième polémique algéro-algérienne qui ne reflète en définitive que notre frustration, désormais légendaire face un destin collectif sur lequel nous n’avons aucune prise, et qui nous fait palabrer sur ceux qui ont osé faire bouger les choses, les voisins, notamment. Je n’ai pas voulu accentuer les tensions dans la communauté par une confrontation aussi inutile que stupide. Mais la dernière conférence sur le « printemps arabe » (que j’ai boycottée) à laquelle a participé M. Fodil Boumala, et qui a suscité de nombreuses réactions, m’incite à m’inscrire dans ces échanges pour au moins 2 raisons :


1) Parce que je suis la co-organisatrice (n’en déplaise aux tenants du machiste) berrih) avec le groupe de jeunes des marches de Montréal et à ce titre je rejette les insinuations de manipulation de notre mouvement pour la démocratie que laisse entendre le pamphlet de M. Bensaada qui, de mon point de vue, fait la part belle aux tenants au pouvoir et participe d’autant de la désolation des populations algériennes qui revendiquent la liberté, la justice et la démocratie depuis des décennies. Aucun intellectuel ne peut prétendre l’ignorer, même s’il regarde ailleurs.

2) Pour réfuter l’idée que ce sont les cyberdissidents qui ont permis aux USA d’interférer dans les affaires internes de nos États. Je ne comprends pas que des gens sensés, puissent croire à cette grossièreté alors qu’il est un secret de polichinelle que les dictateurs ne gouvernent qu’avec l’assentiment des grands de ce monde, à leur tête les USA. Dans le cas particulier de l’Égypte, y’a-t-il le moindre doute que le régime de Moubarek gouvernait sur des directives de Washington? Qu’une partie du régime œuvrait ouvertement pour les intérêts américains dans la région. Que leurs élites (les nôtres aussi) se perfectionnent aux mains d’experts américains en toute matière, y compris pour la torture des gens. Même le fils Moubarek aurait reçu l’accord de Washington sous Bush pour succéder à son père. On dit même que l’idée était américaine.


Alors, est-ce moins grave, moins scandaleux que Washington s’allient avec les dirigeants aux dépens des intérêts des peuples et des pays, que cette formation de non-violence que les jeunes seraient allés chercher à Washington pour contrer la violence des régimes? N’est pas que le débat est biaisé dès lors qu’il est orienté vers la recherche d’une faille pour discréditer un mouvement historique portant les aspirations de tant de peuples opprimés, dont la chute de 2 d’entre eux, a révélé l’étendue des crimes et de la forfaiture commis contre leurs peuples. Cela fait penser à un avocat qui chercherait un vice de procédure pour invalider un processus d’accusation et libérer un criminel.

Que ceux qui sont convaincus de détenir la vérité,  d’avoir compris le jeu des USA expliquent aux Algériens ce que fait la France (dont ils ne parlent pas) dans les affaires de l’Algérie, de la Tunisie, et dans toutes ses ex.colonies. S’il est vrai que les USA font le gendarme du monde et qu’ils décident de qui et de comment gouverner dans de nombreux pays, il reste qu’en ce qui concerne notre région, le Maghreb et l’Afrique, c’est du côté de la France que les règles du jeu doivent changer. À ce que je sache, l’Amérique du Sud, malgré l’omniprésence étatsunienne, de nombreux peuples se sont affranchis des dictateurs et construisent présentement leurs démocraties, alors que nos pays affichent leurs misère et leur mauvaise gouvernance à l’échelle de tout le continent à dominance francophone.

Alors, soyons clair sur nos intentions et disons qu’à la moindre étincelle de liberté qui jaillira dans notre coin, nous répondrons nombreux, pour faire en sorte que sa lumière puisse briller pour tous ceux, qui ne connaissent que l’obscurité des dictatures.

À titre d’info, je n’ai pas de tuteur, je ne suis experte en rien, je n’ai pas de doctorat, je n’ai que mon âme d’Algérienne pour m’exprimer.