Le pilote d’Air Algérie mis sous mandat de dépôt par le juge instructeur près le tribunal correctionnel d’El-Harrach fait-il partie d’un réseau de trafic de devises, dont les ramifications s’étendent à l’étranger ? Selon des sources, l’enquête que les services de sécurité ont enclenchée depuis quelques mois se poursuit toujours. Elle risque de connaître d’autres rebondissements et révélations.

Abder Bettache - Alger (Le Soir) - Selon des indiscrétions, il n’est pas exclu que ce transfert illicite soit destiné pour des transactions immobilières à l’étranger. Le mis en cause dans cette affaire a été interpellé par les services de sécurité (DRS), quelque temps après la découverte dans les sanitaires de l’avion, qu’il était appelé à piloter, d’une importante somme d’argent en devise. Il s’agit de 300 000 euros, que le pilote avait dissimulés pour les «évacuer» vers la capitale émiratie, Dubaï, au profit d’une tierce personne.
L’hypothèse selon laquelle ce pilote assurait la «liaison» entre des personnes installées dans la mégapole émiratie et des nationaux propriétaires de la somme en devise n’est pas à exclure. On indique que la tentative de transfert d’une telle somme aurait comme objectif de valider des transactions dans le secteur de l’immobilier dans des pays comme la France et l’Espagne et que l’argent récupéré à Dubaï est placé dans des comptes ouverts dans des banques installées dans les pays suscités. Il est à noter que le démantèlement de ce réseau est intervenu quelques mois après la mise sous mandat de dépôt par la chambre d’accusation près la cour d’Alger de 21 personnes dans le cadre de l'affaire des transferts illicites des devises vers l'Espagne. L'affaire avait éclaté, rappelons-le, à l’été 2009, quand les services des douanes espagnols avaient saisi leurs homologues algériens sur un grand mouvement de fonds entre l’Algérie et l'Espagne, transférés dans des valises via surtout les aéroports et ports d'Alger et d'Oran par des commerçants, hommes d'affaires, importateurs et trabendistes qui bénéficiaient de la complicité d'agents des douanes et de la police aux frontières. En moins de deux ans, les transferts illicites ont atteint les 900 millions d'euros. Les montants étaient déclarés dès l'arrivée des porteurs de valise en Espagne, avant d'être placés dans des comptes privés ou investis notamment dans l'immobilier. Dans l'Oranie, une trentaine de personnes ont été interrogées par la police puis inculpées par le parquet avant d'être interdites de sortie du territoire national. En moins de deux ans, plus de 600 millions d'euros ont été transférés vers la péninsule ibérique. Parmi les mis en cause, un opérateur dans la ferraille, un importateur de viande congelée, deux grands promoteurs immobiliers et un importateur de vêtements. A Alger, sur les 51 personnes initialement portées sur la liste des autorités espagnoles, seules 17 ont retenu l'attention des autorités judiciaires. Parmi elles, 13 ont sorti des devises depuis l'aéroport Houari- Boumediène et 4 autres par le port d'Alger.

Source: Le Soir d'Algérie