Départ - Ces dernières années, des dizaines de milliers de diplômés auraient quitté l’Algérie pour des horizons plus prometteurs. Autrefois anecdotique, l’exode des compétences constitue aujourd’hui un véritable fléau.

Les avis sont partagés sur la croissance démographique galopante que connaissent les pays émergents comme l’Algérie. Les uns, négativistes, considèrent que c’est un sérieux obstacle à un développement durable, compte tenu des nombreuses contraintes en matière d’éducation, de santé, de soins, de culture, d’emploi et d’investissement... Et les autres, positivistes au contraire, voient, là, un bienfait pour une société en devenir, dans la mesure où les enfants d’aujourd’hui sont les bâtisseurs de demain. Ils représentent donc la garantie d’un avenir assuré.

Nos décideurs, par paresse ou par ignorance, semblent faire partie des premiers, les négativistes.
En effet, les exclus du système scolaire se comptent par dizaines de milliers chaque année. Des diplômés universitaires ne sont pas reconnus. Notre système de santé est électif et, par-dessus tout, la crise de l’emploi et le chômage ont fini par démoraliser les plus optimistes.

Des jeunes désœuvrés et déçus par un système qui ne leur laisse que l’exil comme unique alternative de changement, parfois de survie, tentent tous les jours l’aventure de la harga. Plus de la moitié meurent en mer dans des conditions désastreuses ; d’autres, s’ils en réchappent, ne donnent plus signe de vie. Sur un autre plan, des cadres de renommée internationale n’hésitent pas à franchir le pas pour louer à l’étranger leur matière grise, à défaut de reconnaissance dans leur pays. Combien sont les écrivains, artistes, journalistes qui n’ont réussi à s’affirmer dans leur domaine de compétences que sous d’autres cieux ? Allons-nous assister sans réagir à cette double hémorragie dans notre pays, qui d’ailleurs ne profite qu’aux autres ?

Allons-nous continuer à compter chaque semaine le nombre de harragas noyés au large de nos côtes et celui de plus en plus croissant des cadres qui bouclent leurs valises pour un aller... sans retour ?
L’enjeu majeur dans notre pays aujourd’hui, probablement son plus grand défi depuis l’indépendance, c’est d’arriver à retenir ses enfants et faire en sorte que chacun ait une chance, sa chance, de réussir dans la vie. Ce n’est pas simple, certes d’encourager une autre culture du respect et du travail, de gommer par petites touches les tentacules de la bureaucratie et surtout – et c’est le plus important – d’instaurer une plus grande justice. Etre constamment à l’écoute n’est pas une tâche facile. Des moyens doivent être mobilisés pour arriver à offrir à la jeunesse un avenir plus radieux et des possibilités de s’épanouir.

La compétence finalement c’est cela : savoir écouter et savoir proposer.

Source: InfoSoir