L’Egypte n’a toujours pas digéré sa défaite en football. Si en terme médical, l’indigestion a une durée d’un ou deux jours, force est de croire qu’en Egypte, les symptômes persistent encore au point où les amalgames se succèdent.
Ainsi, les effets secondaires de la défaite se sont répercutés sur le monde culturel, comme l’atteste l’éviction d’une artiste algérienne de la Biennale d’Alexandrie. Zineb Sedira, une artiste plasticienne algérienne vivant et travaillant à Londres, a été priée de rester chez elle et de faire l’impasse sur sa participation au rendez-vous d’Alexandrie, où elle devait représenter l’Algérie. L’artiste algérienne est devenue indésirable en terre égyptienne au seul motif que Oum Eddounia est en colère contre les Algériens. L’artiste algérienne, qui n’a rien à voir avec la défaite de l’équipe de football égyptienne, s’est déclarée, dans une lettre adressée au haut comité de la Biennale d’Alexandrie des pays de la Méditerranée, « atterrée d’être impliquée malgré elle dans les affaires footballistiques entre l’Egypte et l’Algérie ».
Les organisateurs de la Biennale ont ordonné la suppression du pavillon algérien et mis fin à toute participation algérienne à une manifestation qui devait regrouper une exposition des artistes contemporains de pays du pourtour méditerranéen à partir de demain jeudi. Les autorités égyptiennes en ont décidé autrement puisque le football s’est mis à dribbler la culture et le cafouillage qui s’en est suivi a creusé encore plus le fossé sciemment entretenu par Le Caire pour détourner l’opinion publique locale de ses véritables problèmes. L’artiste algérienne ne manquera pas de crier sa déception quant à « l’amalgame fait par les autorités égyptiennes entre une crise liée au football et l’activité artistique que je représente ». Zineb Sedira, qui est née en France de parents algériens, réside à Londres depuis les années 1980. Elle explore, par le biais d’œuvres photographiques, de vidéos et d’installations, les thèmes de l’identité et de ses origines familiales. Son œuvre se lit comme une autobiographie qui met en lumière les paradoxes de sa double identité algérienne et française, auxquels s’ajoute son statut de résidente en Angleterre. Elle utilise la vidéo, la photographie, l’écriture, l’espace d’installation et la technologie informatique pour examiner les différentes thématiques que sont la sexualité, la représentation, la famille, le langage et la mémoire. Elle aime questionner et réinterpréter la dichotomie entre les images familières occidentales et les icônes et rituels arabes islamiques. La relation mère-fille est l’un de ses thèmes favoris. Pour l’artiste algérienne, cet épisode égyptien est un véritable navet car, comme elle le précise si bien : « Je n’ai jamais prévu de transformer le pavillon algérien en terrain ou tribune de football. » Il faut croire que Oum Eddounia ne pèse pas lourd devant un ballon.