Voilà une campagne électorale qui vient d’être déclenchée par un gouvernement conservateur minoritaire décidé à conquérir un nouvel électorat mais surtout, convaincu que l’heure est superbement propice pour convaincre les électeurs qu’ils ont tout à gagner en leur offrant de nouveaux suffrages, surtout au Québec, où ils sont au coude à coude avec le Bloc Québécois, afin d’obtenir une majorité qui les a fuis lors de l’élection précédente à l’issue de laquelle ils n’en sont sorti que minoritaires.


 

Cette bataille qui se dessine sur un terrain qui abrite la quasi-totalité de notre communauté établie au Canada, va nous interpeller et nous concernera au plus haut point, puisque pour la troisième fois, un de nos compatriotes prendra part à des élections fédérales.

Ainsi, après le professeur Omar Aktouf qui avait brigué le poste de député d’Outremont sous les couleurs du NPD, et Med Chellali qui s’est présenté en Colombie Britannique pour le NPD, voila que M. Farid Salem, qui n'a jamais caché sa double appartenance (Algérienne et Québécoise), son identité et ses deux cultures se présente à ces élections et briguera le mandat pour un comté des plus difficiles (St Léonard/St Michel). Il  prolonge son défi sur le terrain de la politique fédérale. C'est un énorme défi que se propose de relever ce compatriote qui mérite d'être soutenu par tous ceux qui ont à coeur la nécessité de voir un des nôtres participer activement à la politique fédérale.

Le vote algérien

S'il n'existe pas encore un "vote algérien" au Québec et au Canada, comme tout un chacun a pu le relever lors d’élections précédentes, puisque les tentatives de nos compatriotes se sont soldées par des échecs retentissants faute de mobiliser cet électorat, l’occasion qui se présente cette fois ci pourrait être l’occasion d’évaluer si, réellement, il y a une véritable volonté de notre communauté d’offrir un visage jusque là inconnu, celui d’une communauté qui a atteint un niveau de maturité tel, qu’elle peut transcender les clivages et autres divisions nées, pour certains, de l’absence de cohésion et de l’inexistence d’un leadership en son sein. Il nous parait dès lors que le moment est arrivé pour créer les conditions en vue de  l’émergence des voix de notre communauté.

À ce niveau, l’on est tenté d’avancer qu’il est même urgent de constituer ces conditions pour que ce vote algérien d’abord, maghrébin ensuite et enfin arabe soit effectif, non pas dans l’immédiat mais que l’occasion qui se présente, soit le début ou le déclic psychologique,  qui sonnera l’éveil souhaité. D’ailleurs et comme le souligne M. Farid Salem,  « cette élection est un grand défi et un test pour notre communauté, car il y va de l’avenir de nos enfants.. ». Il est grand temps que notre solidarité soit réellement effective sur le terrain politique afin de faire prévaloir notre force. Il y va de l’avenir de nos enfants et pour lesquels nous devons œuvrer afin de leur réunir les conditions nécessaires pour que leur futur soit  prospère dans ce pays où il y a encore de la place  pour tous.

 

Les leaders communautaires et les élections.

Des élections fédérales sont toujours importantes. Mais celles qui auront lieu le 14 octobre 2008 revêtent une importance capitale. Elles peuvent nous renseigner sur la solidité de notre présence, sur la solidarité de notre communauté, sur la conscience politique de nos compatriotes, sur notre implication dans la politique de ce pays. À cet égard, notre communauté se trouve à un carrefour où la direction à prendre est importante, l’erreur n’est plus permise : la voie à choisir est simple, elle est balisée et il suffit de faire exactement ce qu’ont fait ceux qui font la politique de ce pays, les immigrants, dussent-ils être dans ce pays depuis seulement 400 ans! Notre émigration est certes récente, mais elle a un atout formidable à faire valoir : sa jeunesse et son élite fort nombreuse. À ces deux éléments il ne manquerait que la cohésion et une certaine confiance. Pour cela nos leaders communautaires ont un rôle crucial à jouer pour sensibiliser toutes les composantes de notre communauté qui s’est illustrée déjà par une passivité certaine sinon, une abstention avérée que les statistiques jusque là ont mis en lumière. C’est un fait archi connu que notre communauté vote peu et le taux de 2% en guise de participation aux différents scrutins qui lui colle à la peau ne peut nous réjouir.

C’est là que nos leaders communautaires ont le privilège d’écrire l’histoire et de s’inscrire dans ce mouvement qui sera celui de notre affirmation en tant que communauté forte respectable et respectée. Nos leaders, dont nul ne peut douter de leur maturité et de leur bon sens, ont le  devoir de s’appliquer à sensibiliser, par tous moyens, les membres de la communauté afin de les inciter à accomplir ce devoir et s’exprimer pour marquer leur volonté en envoyant un message sans équivoque: celui de dire aux observateurs, aux journalistes, aux hommes politiques,  que sommes là et nous participons pour élire celui qui doit nous représenter, celui qui nous écoute, celui dans lequel nous nous reconnaissons et qui surtout celui qui véhicule notre message.

L’heure de vérité

Ainsi, la communauté algérienne semble s’approcher de l’heure de vérité qui déterminera si nous sommes capables de nous mobiliser et de nous élever à la hauteur des attentes de nos enfants que avons déraciné de notre terre natale et qui ne doivent, en aucune manière, devenir un sous prolétariat dans ce pays d’adoption. Voilà enfin une cause qui nous interpelle et qui, pour une fois, contribuera à faire table rase sur les discordes et autres inimitiés pour « sortir le vote », pour reprendre l’expression québécoise signifiant réussir à réunir les suffrages nécessaires à la victoire. C’est une responsabilité historique qui s’offre à nos leaders qui seront d’ailleurs invités, dans les jours qui viennent, afin qu’ils s’expriment et surtout qu’ils s’impliquent dans cette opération. Certains seraient, peut être, tentés de faire prévaloir leur côté apolitique etc…mais nous le savons que trop, tout dans cette société, ne peut se concevoir en dehors de la sphère politique, celle-ci conditionnant tout ce qui concourt à faire un pays, son économie et ses pouvoirs. Une communauté qui s’exclut de la sphère politique n’a aucun avenir dans une société démocratique où tout se fait à travers le poids relatif de sa composante humaine.

Une campagne électorale est bien courte pour cimenter une communauté qui cherche sa place, mais avec toute la sérénité et toute la détermination qui s’imposent dans ces moments, il est possible de commencer à bâtir sereinement ce « vote algérien » qui, avec le temps, s’imposera et pourra imposer démocratiquement les choix d’une communauté qui trouve difficilement ses marques dans ce pays où des espaces restent encore à conquérir.

Alors, y a-t-il un réel espoir de voir notre communauté se souder et comprendre les véritables enjeux qui s’imposent à elle? L’avenir (l’après élections) nous le dira avec certitude cette fois et le résultat dépend autant de la capacité de mobilisation que nos leaders démontreront que du degré de maturité que montreront les membres de notre communauté. Enfin, en cette heure de vérité, il est hors de tout doute, que la solidarité profonde qui est enracinée profondément en tous les algériens jouera son effet au cours de ces élections, ce qui pour reprendre les paroles du candidat lui-même : « fera réconcilier les membres de la communauté. » 

 

Source: http://www.blednet.com/article-22667073.html