Le nouveau consul général d’Algérie à Montréal vient de mettre un bémol à l’enthousiasme généré par la promesse faite fin juillet dernier par le ministre de la solidarité nationale, de la famille et de la communauté nationale à l’étranger, Djamel Ould Abbès.

Ce dernier avait fait une annonce fracassante, dont lui seul détient le secret : à partir du mois de septembre, l’Etat prendra en charge le rapatriement des dépouilles des Algériens décédés à l’étranger et qui avaient émis le vœu d’être enterrés en Algérie. Pour Abdelghani Amara, consul général d’Algérie à Montréal, « il n’y a rien de concret pour le moment ». « Tout ce que je peux vous dire, c’est que je n’ai reçu aucune instruction de la part du ministère des affaires étrangères », a-t-il ajouté lors d’un point de presse organisé samedi dernier au siège du consulat à Montréal en marge de sa première rencontre avec les membres, associations et médias de la communauté établie à Montréal.

Quand on a fait remarquer au nouveau consul que Djamel Ould Abbès avait affirmé que la prise en charge par l’Etat de ce dossier sera effective à partir de septembre, il a rétorqué par un « que chacun assume » en rappelant que son poste relève du département de Mourad Mededci – il est vrai que même si la promesse de Ould Abbès sera « honorée », elle passera nécessairement par le ministère des affaires étrangères, le seul qui est structuré à l’étranger. A Montréal, la communauté est sollicitée régulièrement, à travers les associations, par les familles et amis des Algériens décédés au Canada et qui n’avaient pas prévu des assurances-obsèques. Quand on sait que les frais de rapatriement sont en moyenne de 7 000 dollars canadiens, et vu que la majorité des Algériens vivent avec des salaires proches du SMIC local, il est aisé de voir la difficulté dans laquelle sont mis les amis et les familles.

Dans un passé récent, il y a eu quelques cas médiatisés qui ont eu « la chance » d’être pris en charge par le consulat général d’Algérie à Montréal suite à la pression créée par cette médiatisation. Les Algériens du Canada n’arrivent toujours pas à comprendre comment un pays comme la Tunisie qui n’a pas autant de milliards dans ses caisses arrive à prendre en charge le rapatriement des dépouilles de ses ressortissants. Pour les observateurs, le scepticisme est de rigueur : Djamel Ould Abbès est passé maître dans les annonces de tout genre. Car l’échéance du troisième mandat semble pousser le ministre à faire une promesse électorale. D’ailleurs, même le département de Ould Abbès n’a pas été pourvu en ministre en charge des Algériens à l’étranger depuis mai 2005, et ce, bien que le ministère ait toujours existé organiquement.

Donc, à la faveur de l’échéance d’avril 2009, il a été réactivé. Et rien n’augure de bon depuis que quelqu’un quelque part a commis l’erreur ou la maladresse de donner la gestion des Algériens de l’étranger à deux ministères : les affaires étrangères et celui de la solidarité. Espérons que ce dossier ne sera pas géré à la manière de Kouffat Ramadane (le couffin de ramadan).

Source El Watan du 2 Septembre 2008