Une peine d’un an et demi de prison a été infligée hier à Mohsen Mabrouki, cet individu de 37 ans d’origine tunisienne qui fait déjà l’objet d’une mesure de renvoi dans son pays et qui a été reconnu coupable de plusieurs mauvais traitements à l’égard de sa femme.

Entre novembre 2004 et mai 2006, Mabrouki a giflé à plusieurs reprises sa femme, il l’a frappée avec une ceinture, il l’a agrippée par les cheveux pour la pousser au bas d’un escalier et, ensuite, il lui a asséné plusieurs coups de bâton. L’accusé a aussi placé un couteau sous la gorge de la jeune femme étudiante en médecine en lui disant qu’elle ne goûterait pas la mort, et il lui a asséné des coups de poing et de tête.

Au cours des représentations sur sa peine, Mabrouki a indiqué que son renvoi en Tunisie aurait comporté des «difficultés excessives» puisqu’il y a déjà été condamné pour des «contraventions juridiques».

Il est arrivé au Canada en 1999 après avoir vécu dans la clandestinité durant quelques années et il travaillait depuis 2001 dans le domaine de l’informatique, gagnant un salaire de 83 000 $ par année.

Une pétition émanant de la communauté musulmane de Québec a été déposée en cour. Elle se voulait la preuve que Mabrouki y jouit d’une bonne réputation.

L’avocate de l’individu, Me Susan Corriveau, avait demandé au juge André Plante de lui accorder une absolution inconditionnelle, ce qui, selon Mabrouki, lui aurait évité d’être retourné dans son pays, où il serait torturé. La procureure de la Couronne, Me Josée Lemieux, avait réclamé une peine de trois à quatre ans de pénitencier. Elle a fait entendre la victime, qui a fait part au juge des nombreuses séquelles psychologiques et physiques résultant des mauvais traitements qu’elle a subis.

Pas de remords

Dans son analyse en profondeur de cette preuve faite de part et d’autre, le juge Plante a observé que Mabrouki, un conjoint jaloux, contrôlant, possessif et dominateur, mais sans antécédents judiciaires, ne semble pas éprouver de remords. Cela n’était pas sans inquiéter le magistrat. «Prononcer une absolution dans ce cas banalise la violence conjugale et mine la confiance du public dans notre système de justice», a déclaré le juge en écartant cette possibilité. Et l’éventualité de déportation de Mabrouki ne rendait pas la chose plus opportune.

«Prononcer une absolution nuirait à l’intérêt public, qui exige une condamnation», a conclu le juge sur cette question. Quant à l’éventualité que Mabrouki purge sa peine au sein de la collectivité, elle ne semblait pas plus opportune au juge, car cela aurait mis sa sécurité en danger, en particulier celle des femmes.

Le juge a en outre ordonné le prélèvement d’échantillons de substances corporelles pour analyse génétique et il a interdit à Mabrouki de posséder des armes durant
10 ans. À la suite de son emprisonnement, l’individu sera en probation durant trois ans, période au cours de laquelle il lui sera interdit de communiquer avec la victime. La déclaration de culpabilité de Mabrouki a déjà été inscrite en appel.

Source: http://www.cyberpresse.ca/article/20080411/CPSOLEIL/80410286/6585/CPSOLEIL02

Le Soleil, Québec - 11 Avril 2008