Heureux sont ceux qui partent en laissant des traces. Rachid Alliche, ce grand militant du trésor amazigh qui vient de nous quitter à la fleur de l’âge a laissé des traces. Et Quelles traces !

« Il est de ces gens qui laissent des traces ; Au-delà du temps ; Au-delà du vent qui passe. Il est de ces hommes qui de leurs mains ont enfoui dans la terre un roseau qui fleurira même après qu'il partira, car plus fort que l'hiver Il survivra »
Le semeur de Mario Pelchat  ( chanteur québécois)

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Heureux sont ceux qui partent en laissant des traces. Rachid Alliche, ce grand militant du trésor amazigh qui vient de nous quitter à la fleur de l’âge a laissé des traces. Et Quelles traces ! La fatalité a été on ne peut plus claire aux être vivants. Tout le monde mourra un jour. C’est évident. Et on n’a pas de contrôle sur les choses de la vie et encore moins  sur le mystère de la mort. Cependant, il y a de ces hommes et de ces femmes qui ont défié l’anonymat et l’oubli parce qu’ils ont travaillé la mémoire et ont produit des choses magnifiques qui ont fait avancer la société humaine.
Rachid Alliche fait désormais partie de ces personnes qui ont marqué l’histoire de leur société. À l’instar de Jugurtha, de Yacine, de Mammeri, de Dyhia, de Matoub et la liste est longue, Rachid a contribué à la réhabilitation de l’identité berbère loin des mascarades officielles et officieuses. Il a vu l’état dans lequel se démenait sa société et surtout sa langue et sa culture. Il a compris très tôt qu’il fallait ajouter une pierre à un édifice qui vient à peine de sortir de ses fondations. Il ne suffit pas d’écrire ou de lire dans la langue de l’autre pour se sentir instruit ou pour crier son amazighité. Il faut surtout écrire et lire dans cette langue amazighe et la servir. C’est plus qu’un devoir pour chaque Berbère. Rachid Alliche l’a si bien compris. Il a alors écrit deux romans dans sa langue, Asfel et Fafa. Il aurait pu avoir une reconnaissance et une renommée rapides s’il avait écrit ses œuvres dans la langue de l’Autre, mais lui, il n’en voulait pas. Kateb Yacine, ce grand écrivain algérien de langue française a exprimé sa frustration et sa douleur de ne pas parler la langue de ses ancêtres, et aussi, de n’avoir pas pu produire dans cette langue. Il avait le génie et la volonté de le faire mais, il ne connaissait pas sa vraie langue.
 Rachid Alliche, quant à lui, il avait cette chance inouïe de voir le jour en Kabylie, berceau du trésor amazigh nord-africain qui formait des femmes et des hommes naturellement dans leur langue maternelle dès leur naissance. Il avait aussi cette prise de conscience dès son jeune âge de suivre les cours de berbère de Mouloud Mammeri. Il avait fait des choix dans sa courte et riche vie. Il n’a pas été carriériste et ce, malgré ses capacités intellectuelles dans les sciences exactes. Mieux encore, il a mis ses talents au service de sa cause amazighe.  Il savait que le temps lui donnera raison un jour. Le jour où son peuple, non seulement lira tous les romans écrits en berbère, les étudiera dans les écoles mais surtout saura les traduire aux autres. Ou encore, ce sont les autres qui viendraient solliciter la production amazighe et la traduire dans leur langue à leurs peuples  respectifs comme ça été le cas de la chanson Ava Inouva de Idir. Pour ce faire, Les Berbères doivent se retrousser les manches et poser des gestes intelligents et fructueux. La balle est donc dans le camp des vivants. Ceux qui sont partis ont déjà faire leur part !
Le siège de la radio algérienne a été honoré par la présence de ce grand de talent. La radio, chaîne II d’expression berbère, a été rehaussée par la qualité de ses contributions notamment dans la section des émissions dédiées aux enfants. Ces derniers sont sans aucun doute la relève qui pourrait assurer la continuité de cette identité malmenée par l’histoire. Personnellement, je garde un souvenir extraordinaire des échanges fraternels que j’ai eux avec lui.
Repose en paix Mass Rachid Alliche!