Sur un total de 45.700 Algériens vivant au Canada, seuls 11.393 électeurs figurent sur la liste des deux circonscriptions électorales, c'est-à-dire celles du consulat général de Montréal et de l'ambassade à Ottawa (184 km à l'ouest).

Sur un total de 45.700 Algériens vivant au Canada, seuls 11.393 électeurs figurent sur la liste des deux circonscriptions électorales, c'est-à-dire celles du consulat général de Montréal et de l'ambassade à Ottawa (184 km à l'ouest).

Ceci dit, dans ce calcul, il échappe vraisemblablement plus de 10.000 adultes à l'inscription électorale, la moitié ou presque de ceux qui ont droit au vote. En effet, on estime à quelque 14.300 le nombre des Algériens vivant aux Etats-Unis (estimation maximale basée sur les données de l'US Census Bureau), alors qu'ils étaient de l'ordre de 4.700 en 1990. La population électorale algérienne aux USA reste relativement faible: elle totalise quelque 4.200 personnes. Par déduction, la zone 6 (Amériques - Asie - Océanie) se verrait ainsi abriter un nombre de 16.140, si on ajoute la centaine d'électeurs se trouvant déjà enregistrés au niveau de l'ambassade d'Algérie à Canberra (Australie).

Et cela n'empêche pas d'ailleurs de dire que ce modeste chiffre (16.140), représentant le corps électoral de la zone 6, serait, sans nul doute, la référence «démocratique» du scrutin législatif du 17 mai prochain, auquel 5 candidats postulent. A vrai dire, la consultation électorale aux Amériques, qui, faut-il le préciser, se présente déjà comme un modèle très acceptable de l'exercice du droit de vote, arbore ce qui semble une égalité des chances pour l'ensemble des concurrents, dans la mesure où la fraude qui a tatoué les mains lugubres dans l'Algérie profonde risque de ne pas trouver droit de cité dans la zone 6. Chiffres maîtrisés, lieux du vote bien définis, personnes de visu vérifiées, voilà ce qui donnerait une marge de manoeuvre supplémentaire aux délégués des candidats afin de surveiller convenablement le déroulement de l'opération.

Toutefois le cas du Canada, convenu comme plus organisé et plus transparent, ne s'appliquerait pas au cas américain, où les 10 boîtes itinérantes constituent une petite problématique. Il serait beaucoup plus judicieux d'envisager une autre forme dans le futur: pourquoi pas un vote électronique par anticipation ? Pour rappel, le vote aux Etats-Unis se déroule dans deux centres, le siège de l'ambassade à Washington et le siège de la représentation de l'Algérie à New York. Quant aux Algériens résidant dans les zones éloignées, ils se feront inviter à divers endroits pour accomplir leur devoir électoral. Les villes concernées sont Boston (Massachusetts), Raleigh (Caroline du Nord), Los Angeles (Californie), Houston (Texas), Austin (Texas), San Diego (Californie), Philadelphie (Pennsylvanie), Chicago (Illinois), Miami (Floride) et San Fransisco (Californie). L'opération de vote se déroule dans des hôtels, généralement le 12 et le 13 mai pour une moitié, le 14 et le 15 pour l'autre moitié, avant que les boîtes ne soient transportées vers le siège de l'ambassade à Washington.

Même s'il existe une petite clientèle qui rode toujours autour des ambassades et des consulats pour constituer le prolongement extra-muros de la rente nationale, il ne faut pas minimiser le libre choix dont jouissent les Algériens pour exercer leur droit de vote aux Etats-Unis comme au Canada. Un petit exercice sociologique de ce minuscule bassin électoral permet de dire qu'aux USA, 73 à 74% des Algériens ont un niveau universitaire, ce qui donne à la communauté un appréciable revenu moyen de 52.000 dollars par année, supérieur à la moyenne américaine qui est de 2.300 dollars. La proportion des Algériens travaillant dans des postes supérieurs (higher jobs) est aussi supérieure à la moyenne américaine, laquelle est comprise entre 34 et 42%. Cependant, il existe une fourchette de 14% d'Algériens pataugeant dans des salaires de pauvreté, pourcentage plus élevé que la moyenne américaine (12,4%). Il concerne surtout les immigrants n'ayant pas fait un cycle de formation dans les collèges américains et touche encore les récents arrivants (post 11 sept.), lesquels éprouvent de la difficulté à trouver un emploi bien rémunéré.

Entre l'année 2000 et l'année 2006, plus de 6.300 Algériens, majoritairement diplômés des universités algériennes, ont rejoint les Etats-Unis. Dès leur arrivée sur le sol américain, ils s'éclipsent et disparaissent complètement. Fait marquant: 63% des Algériens ne fréquentent pas ou fréquentent très peu l'ambassade à Washington. Enfin, 7.230 Algériens sont porteurs de la double nationalité américaine et algérienne. Au Canada, seuls 56 à 58% des Algériens sont de niveau universitaire. Dans cette proportion, 21% ont reçu une formation dans les collèges canadiens. 23% des Algériens ont des revenus annuels de plus 48.000 dollars, pas loin de la moyenne canadienne. Mais il existe quelque 31% d'Algériens qui sont au chômage ou en précarité salariale. 16% des Algériens au Canada ont opté pour le travail autonome: chauffeurs de taxi, épiciers, coiffeurs, boucher... Dans les 31% d'Algériens en précarité, près de 3.100 sont toujours dépendants des aides sociales du gouvernement. Cette proportion est presque nulle aux Etats-unis. Enfin, quelque 23.400 Algériens vivant au Canada sont détendeurs de la citoyenneté canadienne.

Allons maintenant aux candidats pour les prochaines élections législatives de la zone 6 afin de donner un petit aperçu sur les postulants, dont quatre vivent à Montréal, c'est-a-dire les représentants du RCD, du Hamas, du FLN et du RND. Ce qui n'est pas le cas pour le candidat indépendant qui a pour résidence la Virginie (USA). Pour ce qui est donc de la sélection des candidats, les noms choisis méritent qu'on s'y attarde. Tout d'abord le RCD, qui aurait investi dans la popularité de Lahcène Ziani, 54 ans, un ex-professeur de mathématiques à l'Université de Montréal. Ziani est aussi informaticien. Il est connu au sein du monde de la culture comme poète, auteur, romancier, ayant déjà produit des publications - dernier en date, «L'Enigme Roman». Le candidat du RCD semble en bonne position pour récupérer le siège. Politiquement, il a démontré, lors d'un débat radiophonique, qu'il était d'une maîtrise hors pair. Poli et calme, il rompt avec le traditionnel chahut de certains animateurs du RCD. Autre figure connue au sein de la communauté algérienne, l'animateur de radio Foura Lamine, 38 ans et candidat du RND d'Ahmed Ouyahia. Employé à l'entreprise Bombardier, il s'intéresse beaucoup à l'islamologie. Foura Lamine reçoit l'appui d'une association communautaire féminine. Il s'est beaucoup impliqué lors des élections provinciales du Québec. Il pourrait prendre les voix de ceux qui se reconnaissent dans le FLN. Foura occupe déjà une bannière qui lui a été réservée au niveau du portail www.algeroweb.com. Troisième candidat qui prône le changement tranquille et les règles de bienséance est celui du MSP. Il se présente en Rachid Boujaarane, un expert dans l'immobilier. Il active dans l'association du Rassemblement des Algériens au Canada. Boujaarane s'est illustré lors de la récente fête du 8 Mars où il a honoré certaines figures du monde politique et culturel. Boujaarane s'identifie à un islamiste modéré, ouvert et tolérant. Il vit à Montréal depuis 28 ans. Quatrième candidat qui peut lui aussi créer une surprise est Gahche Mohamed, un responsable au niveau de Sheraton Dulles (Washington). Gahche est très actif au niveau de l'ambassade des Etats-Unis. Il était absent lors du débat radiophonique de samedi dernier. Son site Web comporte toutes les informations utiles: www.mohamedgahcheworkinforyou.com. Le dernier candidat à citer est Saïd Chohra, le candidat qui a été choisi par Belkhadem pour représenter le FLN à Montréal. Ce jeune, originaire de Saïda, est propriétaire d'une entreprise d'import de matériel de loisirs aquatiques. Animateur et président au sein des comités de soutien au Président Bouteflika, il s'est distingué par l'organisation de ce qu'on appelle la «waada» de Montréal. Il compte remobiliser l'électorat ayant déjà porté son prédécesseur au siège de l'APN. Chohra Saïd fut représenté par un colistier combatif lors du débat des candidats. On peut dire que Lamine Foura et Saïd Chohra partagent presque le même bassin électoral. Le premier a déjà lancé la guerre des instruits en décrochant le soutien d'un mystérieux comité d'»intellectuels de Montréal». Le deuxième, plus visible en publicité, a opté pour l'animation de proximité en organisant des galas pour les Algériens de Montréal.

Source: http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=49149&archive_date=2007-05-12