Curieuse coïncidence à Montréal qui nourrit deux drames liés au décès de deux Algériens presque inconnus de la communauté algérienne. Apres l’affaire Zaoual Abdelmadjid, dont la dépouille a été rapatriée le 17 mai 2006 à Annaba, c’est un autre Algérien, originaire de Draâ Ben Khedda (Tizi-Ouzou), qui se trouve depuis la fin du mois d’avril 2006 dans la même situation.

Bey Ferhat, âgé de 54 ans, est mort d’une crise cardiaque dans la rue le 29 avril 2006 et se trouve toujours à la morgue du Salon funéraire Magnus Poirier à Montréal. Il vivait seul dans un appartement du boulevard Saint-Laurent et a été découvert par des passants qui ont signalé son cas au 911. Apparemment, il était malade et l’autopsie a confirmé ses problèmes de santé.

Le défunt n’était pas immatriculé et son décès a été signalé le 10 mai 2006 aux services du consulat général d’Algérie à Montréal. Comme d’habitude dans pareil cas, affirme le vice-consul, M. Naïm Chaibout Soltane, nos services adressent un avis de recherche à la gendarmerie nationale, à la police et au ministère des Affaires étrangères en Algérie pour retracer rapidement la famille du défunt.

Au sujet du défunt, Bey Ferhat, d’après le vice-consul, «Nous avons eu des contactes téléphoniques avec une connaissance du défunt en Algérie le 18 mai 2006 et on attend toujours de retrouver sa famille pour savoir leur décision de le rapatrier ou non». Mais voilà, ce n’est pas facile de retrouver sa famille en Algérie puisque nous apprenons par une autre source que le défunt n’a personne dans son pays d’origine et que son père, Mohamed Bey, et sa mère, Tadjir Djouher, sont décédés. Le défunt a une soeur, Baya, et deux frères dont l’un se nomme Amar, les trois résidant en France. Il reste en Algérie des neveux avec qui il n’a plus de contacts.

D’après M. Mourad Bouzegza, un bénévole du CIQ, «Bey Ferhat vivait en France et était marié à une Portugaise avec laquelle il a eu 2 enfants. Il a émigré au Canada après son divorce». Malade, il est resté seul jusqu’à ce que la maladie l’emporte dans l’indifférence totale.

Le consulat général d’Algérie à Montréal est souvent confronté à des situations difficiles lorsque des ressortissants algériens décèdent au Canada. Dans certains cas, les disparus ne sont pas immatriculés ou sont inconnus au sein de la communauté, qui ne comprend pas pourquoi certains, sans famille, s’isolent et ne communiquent plus avec leurs compatriotes.

Le consul général, M. Sebaâ Abdelaaziz, a tenu à rassurer tout le monde au cas où personne ne réclame la dépouille d’un Algérien décédé au Canada. «La dépouille ne sera jamais incinérée ou enterrée ailleurs». Et d’ajouter « que le consulat, en concertation avec les membres de la communauté, prendra les dispositions nécessaires pour assurer au défunt des funérailles conformes à la religion musulmane dans un cimetière musulman».

Mais si pour l’inhumation la communauté est soulagée, il reste que pour les Algériens sans famille enterrés au cimetière musulman de Laval, ils vivent une solitude éternelle. Ils sont oubliés et personne ne leur rend visite les vendredis et les jours de l’Aïd.

Source: http://www.lequotidien-oran.com/quot3470/even.htm

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