A plus de 6 000 km de l’Algérie, leur pays d’origine, les Algériens du Québec qui forment la quasi-totalité de ceux du Canada n’ont pas été en dehors des festivités du cinquantième anniversaire de l’indépendance du pays.


C’est le pari fou de trois « complices » : les animateurs radio Aissa Lamri et Lamine Foura ainsi que le Québécois  Patrick Cameron, régisseur de scène au festival international de jazz de Montréal.

Et ils l’ont réussi en drainant plus de 25 000 personnes samedi dernier au Parc Jean-Drapeau de Montréal pour célébrer l’indépendance de l’Algérie. La fête ne pouvait être complète qu’en associant le pays d’accueil.  C’est ainsi que l’événement fut baptisé Québec Algérie, la grande  fête.

Plusieurs centaines de familles avec enfants, des groupes de jeunes de différentes  origines ont envahi le secteur boisé du Parc Jean Drapeau qui accueillait l’événement  dans le cadre  des week ends du monde de Montréal.

Les différentes régions d’Algérie étaient présentes : la robe chaouie côtoyait la foudha kabyle et le hidjab frôlait le short sorti tout droit de la collection été de Joshua Perets. En somme, les Algériens tels qu’ils sont, 50 ans après qu’ils aient botté la France hors du pays.

La fondation Mont-Algérie, une jeune association dont les membres ont eu l’ingénieuse idée de lui donner ce nom et dont le but est de promouvoir la culture algérienne, s’est jointe à l’événement en s’occupant du volet bénévolat.

Les organisateurs ont de quoi être fiers : ils ont réussi leur pari malgré l’absence d’une aide financière officielle y compris celle prévue par l’Etat algérien pour le cinquantième dont celle gérée par le consulat à Montréal et malgré une campagne « hallucinante et délirante » de salissage de certains « membres visibles de la communauté » qui leur reprochaient d’avoir fait appel à un Québécois pour organiser la fête. Un comble pour ces « illuminés » qui ont eux-même été accueillis par le Québec et qui  « excluent » les enfants du pays – plus culloté que ça, on n’en trouvera certainement nulle part ailleurs !

Martyrs : le devoir de mémoire

Pour Aissa Lamri, un des organisateurs, « un cinquantième, ça se fête une fois dans la vie! ». Il a rappelé aux jeunes présents que l’un des premiers martyrs de la révolution algérienne avait 13 ans. Un déluge de youyous s’en est suivi.

De son côté Lamine Foura, l’autre partenaire dans l’organisme Festi-Tam qui a organisé ce 50ème populaire, affirme qu’il « faut rendre hommage à celles et à ceux qui sont morts pour que l’Algérie recouvre son indépendance » au delà de toute démagogie. L’émotion était à son comble quand il a commencé à énumérer de mémoire les noms de martyrs de la révolution algérienne.

Quel sens donner au cinquantième en cette année 2012 ? la réponse est venue de la bouche de l’ambassadeur algérien au Canada, Smail Benamara, qui s’est adressé aux jeunes en insistant sur les notions de sacrifice et de travail. Une absence remarquée est à signaler : celle du consul algérien à Montréal.

Art, musique et humour

Les artistes n’ont pas été oubliés à travers une exposition d’oeuvres de peintres Algériens vivant au Québec. « Dès que les organisateurs m’ont sollicité, j’ai fait appel à plusieurs artistes, pas nécessairement ceux qui sont très connus », explique le céramiste Yacine Brahami, en charge de l’exposition. On pouvait apprécier les réalisation de : Mohamed Chetoui, Elyasmine Belkessam, Kamel Benidjer, Kamel Chalal, Zoulikha Ferrat et Miloud Boukhira.

Le volet musical, très riche, a été confié à une pléiade d’artistes Montréalais : Le rappeur engagé Solo Montana qui prépare un album dont la date de sortie est prévu pour le 24 décembre prochain, Djamel Lahlou, Cheb Faycal, Bouchaib, Azeddine ElMaghribi, le groupe Labess qui vient de lancer l’album Identité et Syncop dont le dernier produit porte le titre de Sirocco d’érable.

Des transfuges du ballet national algérien qui ont fait défection en 2009 ont participé à la fête à travers la troupe de danse qu’ils ont formée au Canada : le Ballet Maghreb. En l’absence de filles maghrébines, ce sont des Québécoises talentueuses qui ont performé dans les danses algériennes kabyles, chaouies...

Le spectacle d’humour Couscous Comedy Show était présent avec les Algériens Uncle Fofi et Reda Saoui.

A noter que plusieurs autres événements, de moindre envergure, ont eu un peu partout au Canada pour célébrer le cinquantième anniversaire de l’indépendance et organisés, entre autres, par l’association le centre culturel algérien, l’association des Algériens de l’Estrie...

Au consulat algérien de Montréal une cérémonie de recueillement a été organisée. A Ottawa, l’ambassade algérienne a lancé l’inviation aux citoyens algériens pour assister à une réception au cours de laquelle des martyrs et des moudjahidines ont été honorés.  Plusieurs conférences et projections de films historiques ont eu lieu.  Plusieurs activités sont prévues le long de l’année 2012, l’année du cinquantième.

Source: El Watan - 12 juillet 2012