Jamais autant d'Algériens ne s'étaient réunis aussi nombreux à Montréal en un même endroit pour célébrer un quelconque événement. Loin d'être négligeable, ce dernier marquait le 40e anniversaire de l'indépendance algérienne. Un événement que les autorités diplomatiques algériennes au Canada voulaient grand, très grand, «un peu à la hauteur des relations qu'entretiennent les deux pays», nous dit un diplomate algérien en poste à Ottawa.

Et pour preuve, deux manifestations ont été organisées le week-end dernier. La première à Ottawa a réuni des diplomates étrangers ainsi que des parlementaires canadiens, de hauts fonctionnaires du gouvernement du Québec, les milieux des affaires et quelques membres de la communauté algérienne. C'est dans une magnifique demeure - nouvelle résidence de la chancellerie-, classée monument historique, rachetée à un sénateur canadien pour de trois millions de dollars canadiens, que l'ambassadeur d'Algérie, Youcef Yousfi, a reçu ses hôtes, partageant avec eux un moment de convivialité fortement marqué par un cachet algérien. En témoigne la performance du groupe musical arabo-andalou choisi pour l'occasion qui a interprété quelques rythmes connus de notre patrimoine musical. Le lendemain, c'est sur l'île Sainte-Hélène, en plein milieu du majestueux fleuve Saint-Laurent en face de Montréal, que plus de mille Algériens se sont rassemblés, le cœur en fête, sous le drapeau national dans la vaste cour intérieure du vieux fort de la Compagnie franche de la Marine, l'un des vestiges historiques de l'île baptisée ainsi en l'honneur d'Hélène de Champlain, l'épouse du grand navigateur français et fondateur de Québec en 1608, Samuel de Champlain. En fait, la fête nationale a été célébrée sous un double signe de l'histoire; celui, symbolisé par ce lieu enchanteur, de la naissance de la Nouvelle-France le Québec et celui de la naissance d'une Algérie libérée du joug colonial. Ce mariage de deux réalités désormais consanguines pour les Algériens du Canada a donné lieu à une fête champêtre familiale où jeunes et moins jeunes ont festoyé jusque tard dans la nuit du samedi. Les enfants s'en sont donné à cœur joie en se roulant sur les pelouses verdoyantes de l'île, alors que les grands se déhanchaient sur les rythmes de Zohra, cheb Faïçal et cheb Dino, les trois chanteurs de la soirée animée par Salim, l'animateur vedette de Taxi Maghreb, la radio communautaire algérienne à Montréal. Quelques mots de bienvenue ont été prononcés par le consul général, Rachid Hadbi, pour souligner l'événement, et une remise de prix symboliques a eu lieu pour féliciter quelques membres de la communauté qui se sont distingués par leurs activités professionnelles, sportives et leur intérêt pour la communauté. Notons tout de même que de la gent féminine, seule la petite Rym Belkhamsa, la championne de gymnastique du Québec, s'est vu décerner les honneurs de nos officiels. Et pour couronner le tout, la chance a béni les participants à la fête qui ont pu assister ce soir-là aux impressionnants feux d'artifice de 30 minutes de l'Autriche, dont c'était le tour d'illuminer le tout -Montréal dans le cadre de l'édition annuelle de la métropole du Québec du Festival international des feux d'artifice. Toujours est-il qu'en réussissant ce grand coup de maître organisationnel, disons-le, aucun incident ne s'est produit, le consul général à Montréal, Rachid Hadbi, et l'ambassadeur au Canada, Youcef Yousfi, semblent avoir donné une nouvelle cohésion à la solidarité des ressortissants algériens au Canada, et ce en sortant des sentiers battus du club des selects. La porte de l'Algérie était grandement ouverte à tous, et à toutes et cela faisait plaisir à voir.

Source: http://www.elwatan.com/journal/html/2002/07/15/epoque.htm