Que d’émotions nous ont procuré les Championnats du Monde d’athlétisme qui se sont clôturés ce week-end à Berlin. Les deux splendides records du monde d’Usain Bolt font de lui une légende à part. Et dire qu’il n’a que 23 ans!

Quant aux sportifs et sportives du Maghreb qui ont pris part aux joutes berlinoises, l’heure est des plus moroses. Et pour cause : zéro médaille à leur compte. Devant les piètres prestations de nos représentants, les fans de la reine des sports en Algérie ou au Maroc ont vibré pour les athlètes de la diaspora défendant d’autres couleurs nationales.
Traditionnellement, une armada de coureurs maghrébins faisait partie de l’équipe de France. On peut dire d’emblée que les « Algériens » se sont distingués de belle façon. C’est devenu une habitude.

En premier lieu, c’est la frêle silhouette du Messin Bouadbdellah Tahri qui se profile devant nos yeux. Celui que les supporters franchouillards n’appellent que par Bob a réussi son pari en se plaçant à la troisième place d’un 3 000 steeple très relevé, entre trois Kenyans, spécialistes attitrés de cette discipline. Son compère, l’autre Franco-Algérien Mehdi Baala, n’a pas eu la réussite escomptée. De même que l’autre spécialiste du 3 000 mètres steeple, l’Oranais de France Mahiedine Mekhissi-Benabbad, qui n’a pas pu rééditer son exploit des Jeux Olympiques de Pékin où il avait remporté la médaille d’argent. 

Longtemps, la médaille de bronze de Tahri a été le seul trophée tombé dans l’escarcelle française. Il fallait attendre l’avant-dernière journée des Mondiaux de Berlin pour voir les perchistes tricolores monter sur les deux dernières places du podium.
Force est de constater que Bouabdellah Tahri (avec son ami Baala) a affûté ses armes dans les montagnes kabyles. Alors que nos footballeurs préfèrent s’en aller en Tunisie ou au Maroc pour des raisons qu’on pense connaître (qu’en est-il des fameux frais de mission pour les dirigeants de clubs), les deux coureurs beurs ont opté pour le site enchanteur de Tikjda. Ils sont d’ailleurs revenus émerveillés du pays de leurs ancêtres.

Un autre athlète d’origine algérienne a retenu l’attention des observateurs, le représentant de l’Australie Youcef Abdi en l’occurrence. Le fils d’Azazga peut s’estimer fier de son parcours, même si cette fois il n’a pas été étincelant. Cela ne pourra assombrir les performances de cet athlète qui s’est tracé une voie singulière, le menant jusqu’à dominer le demi-fond aux antipodes.

Dans moins de deux semaines, les émotions auront atteint le zénith avec la rencontre de football ô combien cruciale entre les Fennecs algériens et les Chipolopolos zambiens, entrant dans le cadre des qualifications simultanées Mondial/CAN 2010. Là aussi, l’Algérie mise sur le talent de ses expatriés formés en France. Ce sont eux qui arrivent à tirer leur épingle du jeu dans le gotha footballistique.

Côté zambien, le coach Hervé Renard pourrait choisir la solution opposée, en jetant dans la bataille le duo d’attaquants du cru : Given Singuluma-Jonas Sakuwaha, deux joueurs aussi redoutables qu’imprévisibles. Le premier nommé a éclaboussé de son talent la dernière Coupe d’Afrique de Nations pour locaux (CHAN) en Côte d’Ivoire, notamment en inscrivant les trois buts de la victoire 3-0 sur les hôtes ivoiriens. Quant à Sakuwaha, qui est, depuis cette CHAN, courtisé par le FC Lorient, c’est l’homme en forme du moment. Grâce à son étonnant triplé, son club Zesco United a récemment ramené une précieuse victoire du Soudan. Les défenseurs d’Al Merreikh n’ont rien pu contre l’opportunisme du feu follet zambien.

Le nul glané par les Chipolopolos Boys au Caire n’est certainement pas le seul renseignement sur leurs possibilités à l’extérieurs de leurs bases. Le 6 septembre, on saura si les coéquipiers de Christopher Katongo ont déjà abdiqué ou non dans la course pour l’AfSud. D’ici là, et jusqu’au dernier coup de sifflet final, nos Fennecs doivent rester sur leurs gardes.