Montréal, 15 décembre 2013 --- Dès le mardi prochain, le Tribunal des droits de la personne du Québec entendra le cas de deux femmes arabo-musulmanes de Joliette qui poursuivent le grand magasin Sears pour discrimination raciale après avoir été l'objet de propos xénophobes provenant d'un gérant, d'expulsion violente de l'établissement et de traitement de mauvaise foi de leur plainte.

L'audition aura lieu le mardi 17 décembre 2013, dès 9 h 30, au Palais de justice de Montréal, à 1, rue Notre-Dame Ouest, salle 13.04 (métro Place-d'Armes). L'audition est ouverte aux médias et au grand public et durera quatre jours.

Le cas remonte à juin 2010, lorsque les deux femmes d’origine algérienne, accompagnées de leurs trois enfants âgés de 8 mois à 6 ans, se trouvent dans le magasin Sears aux Galeries Joliette. Quand les enfants montent sur l'un des tracteurs en exposition dans l'allée principale du magasin, pour jouer, un gérant du magasin lance quelques remarques méprisantes à l'endroit des enfants et s'engage dans un échange avec les deux mères, lequel comporte des propos xénophobes et discriminatoires tels que « Rentrez dans votre pays si vous n'êtes pas contentes ». D'autres employés et même une cliente leur lancent des propos également discriminatoires.

Les deux mères contestent poliment la façon dont le gérant leur parle. Les deux femmes se font ensuite expulsées du magasin; quand l'une d'elle retourne pour obtenir les coordonnées du gérant afin de porter plainte, elle s'est faite physiquement et violemment escortée par l'agent de sécurité en dehors du magasin.

Bouleversées, les femmes portent plainte par téléphone auprès du service à la clientèle de Sears, sans obtenir de réponse. Les deux femmes solicitent l’aide d’un avocat, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ), le Consulat de l'Algérie à Montréal et finalement le CRARR, qui les représente dans une plainte de discriminatoin contre Sears et le gérant.

Après avoir mené une enquête, la CDPDJ rend sa décision en septembre 2012, dans laquelle elle constate la preuve suffisante d'actes discriminatoires pour référer le cas au Tribunal des droits de la personne. Cependant, la CDPDJ exerce sa discrétion de ne pas les représenter devant le Tribunal, car ne constatant pas qu'il est dans « l'intérêt public » de le faire, les laissant aller seules à leurs frais, ce qu'elles font avec l'aide de Me Aymar Missakila, avocat au CRARR.

Les deux femmes réclament un total de 75 000 $ de dommages moraux et punitifs contre Sears, pour violation de leurs droits à l'égalité, à la sécurité de la personne et à la dignité, ainsi que l'adoption d'une politique en matière de droits de la personne et d'anti-discrimination dans les services à la clientèle et d’une procédure de traitement de plainte plus transparente et efficace.

Source CRARR - 15 dec 2013