À propos de son dernier livre « J'ai failli égarer Dieu!».

Mouloud Belabdi - « J'ai failli égarer Dieu!» Le titre de prime abord, attire l'attention. Celle ou celui qui découvre votre livre en librairie, ne manquera certainement pas de le prendre en mains et de le feuilleter. L'affirmation s'adresse à qui?

Aziz Farès - C'est une affirmation certes, mais qui doit être comprise comme une interrogation. S'agit-il de Dieu au sens religieux et, dans ce cas, de quelle religion? Le titre, accrocheur, résume une pensée que je souhaite ouverte et large. Ou bien est-ce MOI qui m'égare? Où suis-je par rapport à MOI? C'est une quête philosophique et mystique qui replace l'individu au centre de sa réflexion.

M.B. - Même si nous pouvions perdre Dieu, Lui ne nous perd pas. Nous sommes dans sa Présence intégrale. Alors qu'est-ce que nous perdons en fin de compte? Qu'est-ce que nous pourrions éventuellement perdre? Nous perdre nous-même? Perdre nos illusions dans une vie, comme dirait Shakespeare, faite de bruit et de fureur et qui ne veut rien dire?

A.F. - Je ne suis pas un exégète pour définir Dieu, par définition indéfinissable. Il n'est pas question de perdre Dieu auquel nous sommes plus proches que nous le croyons pour paraphraser Cheikh el Alawi que je cite dans mon ouvrage. Nous sommes dans la recherche de la foi, en Soi.

M.B. - Dans votre livre, vous vous réclamez de plusieurs traditions spirituelles et littéraires. Comme le souligne Mustapha Benfodil, dans sa préface, « on ne peut qu'être pris d'un vertige devant ce flot impressionnant de réflexions qui résonnent telles des pépites de sagesse cueillies dans un fouillis de questionnements plus pertinents les uns que les autres. Bribes de vérités glanées dans la grande tradition mystico-philosophique.» Pour ceux qui ne sont pas au fait des grandes interrogations existentielles et des réponses apportées par ces mêmes traditions dont le soufisme considéré comme l'essence de l'Islam, que diriez-vous, sachant que toutes ces traditions se rejoignent dans leur finalité?

A.F. - Le soufisme, comme la kabbale, est une école de pensée. La finalité ne consiste pas seulement à trouver une réponse, mais à relancer un questionnement. Les portes sont devant nous, ouvertes ou fermées; tout dépend de notre capacité à accepter de les franchir.

M.B. - Écrivez-vous par inspiration ou faites-vous un plan de travail?

A.F. - L'inspiration est le moteur de ma réflexion. Tout inspire, tout m'inspire. Les gens, la lecture, l'appel à la prière, la méditation... Les idées sont là, à proximité et je tente de les saisir, de les comprendre. Ensuite, l'organisation pratique se met en place.

M.B. - Écrivez-vous en soirée? En matinée? Pendant la journée? Qu'est-ce qui vous inspire le plus?

A.F. - J'écris le matin, très tôt, au réveil. Et plus qu'un « réveil », il s'agit d'un « éveil ».

M.B. - D'autres projets d'écriture en vue?

A.F. - Je viens de finir un nouveau manuscrit consacré à des expériences vécues. Je le relis afin de me convaincre du bien fondé des mots et des idées que j'expose. Je travaille également sur un nouveau recueil consacré à des souvenirs personnels.

M.B. - Vos livres sont publiés aux éditions Mille-feuilles. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre relation avec l'éditeur?

A.F. - Sid Ali Sekheri est un libraire très compétent qui s'est lancé récemment dans « l'aventure de l'édition ». il a eu le courage d'éditer mes deux ouvrages « La Tangente Impossible » et « J'ai failli égarer Dieu ». Je dis courage, car il n'est pas évident de se risquer, de nos jours, à porter à bout de bras une réflexion philosophique, mystique, à la limite de l'ésotérisme.

Pour aller plus loin:
«J'ai failli égarer Dieu!» de Aziz Farès - Voyage au bout de l'intelligence par Anissa kendil du quotidien Le Jour d'Algérie


Source: http://chroniquesdemontreal.blogspot.com/2009/11/blog-post.html