C’est le Jour du Tonneau, de la peur aussi; de l’affrontement entre la passion et la lucidité. 

C’est le jour de la dernière chronique qui porte sur le principe philosophique dans l’effet Jarre. Il ne s’agit point de celle de ces grecs, comme Platon et pas Diogène, qui ne savaient même pas produire des bicyclettes  alors que, nous, enfants en Kabylie, nous fabriquions des voitures avec des roues, vraiment rondes, avec akarmousse et des essieux avec des brins d’allumettes.

La prémisse étant fausse : considérer que Platon, enfant, ne savait pas faire la même chose que nous d’autant plus qu’à leur époque, il n’y avait pas d’imprimerie et nous, nous lisons ce que nous croyons être leurs propos alors qu’il ne s’agit que d’une transcription, est la preuve que c’est une chronique; qui porte l’influence de la dernière lecture du rédacteur de quelques bribes de Cornelius Castoriadis et des sciences populaires de la Basse-Kabylie pour éviter toute pédanterie généralisante à l’ensemble du pays. Pour matérialiser les sciences populaires, quelques exemples. Pour vérifier l’âge d’une bête, les paysans lui ouvrent la bouche et consulte sa denture. Si l’horizon est rouge en fin de journée, le lendemain, il fera beau en début de matinée. Passons au principe de la philosophie dans l’effet Jarre. Ce principe sera nourri par la philosophie de l’agoudhi (le fumier commun) et thala (la fontaine publique).

Pour rappeler le contexte et les hypothèses de cet effet, l’effet Jarre, un retour rapide sur les quatre principes précédents est indispensable.

Dans le premier, le psychologique, trois éléments-clé : le mépris de l’autre en Algérie, le challenge sur des domaines et montrer que ce qui est possible ailleurs l’est aussi dans notre patrie. Dans ce principe manquait l’événement déclencheur. Introduisons le concept de cygne noir de Nassim Nicholas Taleb qu’est la survenance d’un  événement hautement improbable.

Errant, un antirationaliste et anti-marginaliste a trouvé un Diamant. Musulman pratiquant, croyant en un Dieu unique et incréé; et croyant aussi aux sciences dures;  en renouant grâce à la magie de ce Diamant, avec ses racines, après avoir travaillé modestement sur les impacts économiques de sa langue; il a versé dans l’Ivresse.  

La deuxième et double chronique étaient pour les principes mathématique et économique. En insistant sur les hypothèses, dans le mathématique, c’est la satisfaction des préférences  aux axiomes du théorème de Von Neumann et Morgenstern ainsi que l’altruisme en situation de coopération pour affirmer qu’un équilibre de Nash existe.

Dans le principe économique, ce sont les théories des avantages comparatifs de D. Ricardo, des rendements (marginaux) croissants d’E. Boserup et la gestion des communaux d’É. Ostrom qui ont été mis à l’avant.

Dans le principe idéologique, c’est le libéralisme dans son acception musulmane et amazighe qui est prôné. Il est fait du respect des libertés et de la propriété individuelle. Un exemple : dans un marché, un vendeur ne doit pas révéler un prix qui ne lui a pas été offert. Il doit répondre par  à la question par : «Ya Fettah Ya Rezzak ». Dans le capitalisme, ce comportement est appelé price taking en opposition à price-making.

Le principe philosophique dans l’effet Jarre

Dans ce principe se fera la discussion rudimentaire des hypothèses et conditions théoriques posées dans les précédents. En suivra un éclairage sur l’esprit de raisonnement pour essayer de rapprocher la théorie de la vie au quotidien. L’objectif étant d’établir des liens entre toutes les chroniques précédentes et de les cristalliser dans une jarre.

Philosophie de l’agoudhi et de thala

En Kabylie, le fumier commun – l’agoudhi – avec valeur et sans prix est d’un usage courant. La source d’eau d’apparence publique alors que c’est un bien commun avec ses free riders est une richesse, aussi, avec valeur et sans prix.  Avec ce mode de gestion, c’est le rapport de la communauté au calcul qui doit être compris : le prix est sans importance.

Actuellement, l’agoudhi et thala sont dans la canette ou bouteille. L’agoudhi les recoit dépendamment des préférences  de chacun. Avant, les deux biens communs sont séparés : à thala, c’est la jarre pour jouir de l’eau et à l’agoudhi si elle se brise. L’agoudhi redistribue les ressources équitablement : la terre reste terre, les combustibles deviennent pour certains cendres utiles et pour d’autres air. Sur ce thème, Elinor Ostrom, qui ressemble par quelques  traits à la Jarre, a obtenu le prix Nobel d’économie. En Kabylie et en Algérie, « On s’en fout du prix! ».

La prédiction des famines de Robert  Malthus tout comme celle de John M. Keynes pour trois jours de travail dans ce siècle ne s’est pas réalisée. Par contre l’effondrement  progressif de la planète pour des raisons liées aussi à la nature tel que décrit par J. Diamond et E. Laszlo est visible.

Équilibre stable au sens mathématique

En créant l’homme de terre et en l’y renvoyant, Dieu a mis l’humanité dans un équilibre stable. Quelques que soient les conditions d’évolution de l’homme et d’une jarre, l’état initial est identique au final; les conditions d’évolution font différer les durées de vie. Pour lever l’incertitude qui entoure celle des humains, les scientifiques, en voulant s’initier à son Omniscience, ont déterminé une espérance de vie peu importe l’âge.

Chez l’humain se pose la question des ressources biologiques. Certains sont dotés en cellules fécondables et les stocks sont finis, d’autres non et dans ce cas, l’extinction de la race est du domaine du possible. Mathématiquement, avec les hypothèses que la mort est inévitable – précision importante dans les sciences exactes -  et sans migration, l’extinction des Algériens commencera quand leurs taux d’accroissement naturel et de reproduction sont respectivement négatif et nul.

Richesse et apologie de la pauvreté.

Entendues dans leurs sens courants, les humains naissent et meurent pauvres : sans aucune ressource matérielle. Si dans le cours du temps, le riche, grâce à ses dotations construites ou acquises, fait face aux rigueurs de la vie; le pauvre qui les subit dans le silence fait preuve de résistance.  Par extrapolation, si au delà d'une limite subjective, la production matérielle mesure la richesse d’une personne physique ou morale, la pauvreté mesure la dignité laquelle par conséquent appelle à faire son apologie pour diminuer le mépris social.

Le pauvre est celui qui a la certitude que tant qu’il ne peut avoir en faisant l’effort d’en obtenir, il en a beaucoup. Le riche est celui qui pense que tant qu’il n’en a pas plus, il en a peu.  Le premier remercie Dieu, le second spécule.
L’Algérie, notre patrie, es qualité sous développée, doit s’inspirer pour son développement futur, non de la comparaison avec les pays riches mais de sa pauvreté en maintenant sa dignité.

La richesse : entre le bien et le mal

Distinguons essentiellement deux types de richesses : celle qui est liquide (ré)générant une collective, c’est-à-dire qui se retrouve dans les circuits de production, l’autre qui est une fortune qui se cumule à un stock et qui est d’ordre privé, en ayant en tête ou se rappelant le respect du droit à la propriété dans le principe idéologique.

Regardée sous l’angle de la soutenabilité/durabilité  en incluant la dimension intergénérationnelle ainsi que les externalités, la seconde richesse produite de l’exploitation des ressources naturelles polluantes se transforme en mal. Ériger une usine de ce type dont les effets sur la nature, la santé et la culture dans un pays sont négatifs, qui sur une durée procure une richesse cumulée laquelle se solde par sa fermeture accompagnée de licenciements et faire payer des intérêts sur cette richesse aux contribuables qui ont subi un préjudice devient un cas moral de justice et d’équité.

L’unité de temps et sa manipulation  

Dieu a doté la nature d’une unité de mesure : le jour et la nuit. Pour leurs besoins de vie, les humains ont créé la leur : la seconde pour décomposer encore plus la durée de l’unité divine, une division marginale ou différentielle. Chez les humains, ces secondes permettent de définir les temps de travail, loisirs et repos ainsi que celui du sommeil.  

La dévaluation de la monnaie dévalue, aussi, le temps algérien

À la manière anglo-saxonne, un exemple pour une mise en situation. Le monde est régi par différents échanges parmi lesquels celui des biens et services contre de la monnaie.

L’Allemagne et l’Algérie utilisent l’euro et le dinar. Sous les hypothèses qu’un euro vaut un dinar, les deux pays le même pain vendu à 1 euro (ou 1 dinar). Dans les deux pays, chaque pain demande 1 heure de temps par ouvrier qui ont le même salaire horaire d’un euro (ou un dinar).

Dans cette situation, les avantages comparatifs de Ricardo ne sont favorables à aucun des deux pays.

Supposons que par dévaluation du dinar, 1 euro passe à 1,50 dinar. Il s’ensuit que dans les mêmes conditions de production et de salaire, il faut 1,5 heure de travail pour un Algérien pour 1 heure d’un Allemand pour produire le même pain dans chacun des 2 pays. Dans ce cas, l’Allemagne gagnera à l’échange en important le pain algérien. Ces variables se retrouvent dans l’équation des taux de change réel et d’équilibre entre l’euro et le dinar.  

En ignorant les autres impacts économiques; avec une production de 1.000 pains en 1.000 heures par femme, 1.000 femmes produiront 1.000.000  pains dans les conditions initiales. Après la dévaluation de la monnaie, il leur faudra 1.500 heures chacune pour produire la même quantité de pains.

Le temps des femmes algériennes sera dévalué de 500.000 heures qui seront réallouées au travail pour rester les égales des allemandes et qui seront prises du temps de sommeil, de loisirs et de repos.

Si une partie de ces 500.000 heures était allouée au temps de loisirs dans l’éducation et le développement des enfants, la production gratuite, alors elles seraient perdues.  

Moralité : le travail gratuit coute cher et dans cet exemple, sa valeur monétaire globale est de 500.000 euros et sa valeur économique sociale encore plus grande. Toute variable financière peut être utilisée pour la calculer. En d’autres termes, calculer en monnaie la valeur du travail est une énorme stupidité. Pour rejoindre la Déclaration de Philadelphie, d’un point de vue philosophique, le travail n’est pas une marchandise.

Travailler plus pour gagner plus devient une fumisterie. En travaillant moins, l’homme deviendra plus libre; le travail sera partagé et les rendements seront croissants; la justice mieux répartie, la production sera plus importante et les prix pourraient baisser. Et c’est que de vivre d’amour et d’eau fraiche – en pensant à la frugalité - prend toute sa valeur. Oui, vivre d’amour et d’eau fraiche est le paradis, à cause de prendre soin de l’eau, de thala et de la jarre bien sûr.

À propos de la philosophie du raisonnement

C’est au tour de la philosophie élémentaire pour construire les principes constituant l’effet Jarre à être décrit.

Mohamed Arkoun a affirmé que la rationalité n’existe pas en Islam, la religion s’entend. Dans le Dialogue de Phèdre de Platon, il est écrit qu’il y a deux types de raison : celle qui fait tendre le raisonnement vers l’animal et celle qui le fait tendre vers la démiurgie, une définition problématique puisqu’elle ne dit rien sur la raison qui n’est ni l’une ni l’autre.

En syncrétisme, en incluant les théorèmes de VNM et Nash, sans attribut qualitatif ni quantitatif, segmentons la raison en trois intervalles. Le premier est celui du plus grand nombre usitée sous forme de sagesse et retenue dans la culture amazighe et musulmane telle que vécue en Basse-Kabylie; le second est celui de la sur-raison, celle des génies et surdoués capables de raisonner dans un monde inintelligible par le reste et que les autres considèrent comme [des] marginaux; le troisième est celui de la sous-raison, celui justement de la rationalité. Cette dernière est celle qui vise à maximiser les profits peu importe leur nature et le domaine.

En application pratique en restant collé à l’Algérie

Des ressemblances entre John Von Neumann et Lwenes Matoub existent. Ils étaient dotés de raison et comme peu de personnes, ils étaient dotés de ce qui est qualifiable de folie, de génie. Leurs domaines étaient identiques : celui des sciences dures. Pour J. Von Neumann, c’étaient les mathématiques et la physique; pour L. Matoub, c’étaient la poésie et de la musique.

Lwenes Matoub est connu. Il est le méprisé par les politiques  parce qu’il n’est pas réputé pour son niveau universitaire. Il est celui de la rationalité quand il intervient sur les plateaux de télévisions françaises pour maximiser son profit : celui de transmettre son message au plus grand nombre et de transmettre celui de ses semblables. Il est celui de la raison, de la sagesse quand il chante notre patrie. Comme Von Neumann et son théorème parfait, il est celui de la sur-raison quand il chante Ddaw Uzekka Thighriw (Beyond the grave). Là où lui et Von Neumann ont fini atrocement.  

Et la justice en peu de mots

En dé-pensant la justice de celle du droit et des lois judiciaires. Chez Jeremy Bentham, la meilleure justice est celle qui procure le plus de satisfaction pour le plus grand nombre, chez Robert Nozick, elle est celle construite sur des règles justes, chez John Rawls en critiquant l’utilitarisme, elle est celle qui donne le meilleur résultat au profit du plus pauvre, en Islam, la même pour tous.

En application pour l’Algérie en respect de l’information connue de tous. Des Algériens ont des préférences ordonnables : certains veulent créer des régions indépendantes du pouvoir central. Dans toutes les configurations, le territoire originel avec ses ressources naturelles est le même. Certains, en voulant maintenir l’unité, ont des préférences différentes. Pour obtenir la préférence du plus grand nombre et sous l’hypothèse que les Algériens ont une préférence pour une justice égalitariste, organiser un référendum avec vote obligatoire pour les plus de dix ans sur leurs préférences à vivre séparément ou ensemble est une solution. Si le vivre ensemble l’emporte, l’alliance sera scellée par un hymne national bilingue et toute l’identité de la patrie sera portée par tous. Et notre patrie sera une adorable Jarre.