Les émeutes du 5 octobre 1988 qui ont fait près de 500 victimes en Algérie, continuent à alimenter les salons et les cénacles.

 

Si certains hauts responsables dénient le caractère spontané des événements, en parlant carrément de «manipulation et de luttes de clans, voire de contradiction au sein du système», d’autres personnalités, à l’exemple de Abdelhamid Mehri, estiment que «ces événements étaient à l’origine d’une revendication populaire d’ouverture et de liberté».

Entre les avis des uns et des autres, l’histoire retient que les émeutes qui se sont propagées à travers le territoire national comme une traînée de poudre, ont marqué le début d’une nouvelle ère en Algérie. La rue était en ébullition. Des jours durant, dans un élan frénétique, on cassait, brûlait et détruisait tout ce qui symbolisait l’Etat.

Cet acte de colère forçait le pouvoir à l’écoute. Cependant, c’est dans le sang, la torture et l’humiliation que fut le 5 octobre 1988, faisant date dans l’histoire des grands bouleversements qui ont mis à genoux le régime en place. Il a fallu des morts dont les noms sont gravés au panthéon de l’histoire, pour qu’enfin ce dernier plie et ouvre le champ médiatique et politique. Mais après tant d’années, avons-nous gardé jalousement les acquis pour lesquels tant de martyrs se sont sacrifiés ? Sommes-nous libre de dire, de penser et de nous réunir ? Aujourd’hui le constat est là.
«L’ouverture a surtout servie l’opportunisme et l’islamisme. L’Algérie, au lieu d’avancer, régresse à vue d’œil. Au lieu de consacrer la démocratie, le pays a sombré dans le chaos pendant dix ans», disserte Nourredine Merrouane, politologue à l’université de Constantine. Présentement, on interdit les manifestations et les attroupements publics, on bastonne les grévistes et les protestataires, on remet en cause le droit syndical. Le discours politique s’homogénéise.
Force est de constater que nous vivons les mêmes conditions qui prévalaient dans les années 1980. Les quartiers populaires d’Alger et d’ailleurs vivent le même calvaire : inondations, crise du logement, pauvreté en dépit de l’embellie financière, le chômage et la «hogra» est toujours de mise. Le président de la République avait dit à propos de ces événements, que «le peuple a été sorti», poussé dans des émeutes. Octobre 1988, ne ressemblait pas, à ses yeux, à une «révolution démocratique». S’il le dit, c’est qu’il doit savoir des choses, mais pourquoi, dans ce cas-là, on ne situe pas les responsabilités.
M’hamed Boukhobza, sociologue assassiné en juin 1993 et auteur de Octobre 88, évolution ou rupture ?, indiquait dans son étude que «octobre a été un moment d’extériorisation ou plus exactement un moment de contestation sociale d’une situation de crise générale latente». C’est le combat permanent de l’Association des victimes d’octobre 1988 (AVO-88) qui revendique depuis vingt-trois ans, un statut. En vain. Le grand gagnant reste indubitablement la mouvance islamiste qui était à ses balbutiements.
L’on se souvient de la marche à laquelle avait appelé un certain fanatique du nom de Ali Benhadj. Des enfants, à la fleur de l’âge, qui manifestèrent dans la rue. Résultat : Ils furent fauchés, outrageusement, par des balles assassines ou torturés et mutilés par les services de sécurité de l’époque. Les rares enquêtes menées alors ne débouchaient sur aucun résultat.

Chronologie de la révolution :

04 octobre : Dans la soirée, première émeute dans le quartier de Bab El-Oued à Alger. Pillages des magasins d’Etat, incendies de voitures et affrontements
5 octobre : Journée des jeunes d’Alger qui saccagent les rues d’Alger : magasins, compagnies aériennes, commissariats, mairies, voitures des sociétés nationales. La jeunesse des émeutiers et leur fureur destructrice effraient le pouvoir. L’armée n’intervient pas. L’émeute produit une grève de facto, beaucoup plus générale que celle voulue par le syndicat Ugta.
6 octobre : A midi, l’état de siège est décrété. A Alger, les émeutes reprennent et les pillages et destructions continuent. Les sièges des APC d’El-Biar, de Bachdjarah et celui de la Daïra de Hussein-Dey flambent. Plusieurs commissariats sont mis à sac et les insurgés y prennent les armes. Le Centre commercialo-culturel, fière vitrine du régime par extension, est détruit. De nombreux affrontements ont lieu avec l’armée. Les émeutes gagnent les villes de Blida et de Bordj Bou-Arréridj.
7 octobre : Emeutes et affrontements se poursuivent. Les forces de l’ordre tirent sur les manifestants. Les intégristes tentent, à la faveur de ce vendredi, jour de prière, d’entrer dans le mouvement et d’en prendre la direction, alors que certains imams appellent à manifester pacifiquement. Les émeutes gagnent certaines communes d’Alger comme Aïn Bénian, Staouéli, Zéralda et d’autres villes comme Tiaret, Mostaganem, Annaba, Sétif, Boufarik et Oran, où l’on saccage les kasmas FLN et certains édifices publics.
8 octobre : Violents harcèlements des forces de l’ordre dans les quartiers populaires d’Alger. Djelfa et Ouargla connaissent, elles aussi, des émeutes. Toutes les estimations dépassent les 200 morts.
10 octobre : Des tirs d’armes automatiques continuent d’être bravés par de jeunes manifestants. Dans la journée, l’armée mitraille une manifestation d’intégristes. C’est la marche à laquelle a appelé un anonyme Ali Benhadj. Il est 14h 30, lorsqu’on entend un tir dont personne ne saura d’où est venue la balle : Sid Ali Benmechiche, journaliste à l’APS, est tué par une balle perdue au niveau de la Dgsn. A Oran, le même jour, le regretté Abdelkader Alloula est arrêté.
12 octobre : Levée de l’état de siège. Le Président Chadli Bendjedid annonce un référendum constitutionnel. Le bilan officiel est de 176 morts et 900 arrestations, les estimations officieuses font part de 500 morts et 4 000 arrestations.

Les émeutes du 5 octobre 1988 qui ont fait près de 500 victimes en Algérie, continuent à alimenter les salons et les cénacles.

Si certains hauts responsables dénient le caractère spontané des événements, en parlant carrément de «manipulation et de luttes de clans, voire de contradiction au sein du système», d’autres personnalités, à l’exemple de Abdelhamid Mehri, estiment que «ces événements étaient à l’origine d’une revendication populaire d’ouverture et de liberté».

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Les émeutes du 5 octobre 1988 qui ont fait près de 500 victimes en Algérie, continuent à alimenter les salons et les cénacles.

Si certains hauts responsables dénient le caractère spontané des événements, en parlant carrément de «manipulation et de luttes de clans, voire de contradiction au sein du système», d’autres personnalités, à l’exemple de Abdelhamid Mehri, estiment que «ces événements étaient à l’origine d’une revendication populaire d’ouverture et de liberté».

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