L'ancien propriétaire d'une résidence pour retraités de Saint-Jérôme est menacé d'extradition vers la France, où on le considère comme «un dangereux malfaiteur» qui aurait trempé dans l'importation d'importantes quantités de haschisch.

Abdelhakim Bouarfa, qui a la double citoyenneté canadienne et algérienne, avait acquis La Roseraie en 2004. Ce complexe de 40 logements a été aménagé au début des années 80 par un groupe d'investisseurs jérômiens, dans un bâtiment de l'ancienne usine Tricofil sur la rue Laviolette.

Lui-même résident de l'immeuble à un certain moment, il l'avait revendu quatre ans plus tard au groupe Redex, après avoir réussi à changer le statut des logements pour en faire des condominiums. Ce changement avait d'ailleurs suscité l'inquiétude et l'opposition des locataires à l'époque.

Mandat d'arrêt international

Selon le quotidien La Presse, qui a dévoilé l'affaire jeudi, les problèmes de M. Bouarfa ont commencé tout juste après la vente de l'immeuble en 2008 : alors qu'il se rend en Algérie, il y est arrêté sur le motif qu'Interpol a lancé un mandat d'arrêt international à son endroit.

Il faut dire que deux trafiquants français, devenus délateurs, l'avaient dénoncé comme étant le chef d'organisations qui, dans les années 90, importaient de grosses quantités de drogue dans la région de Lyon. À l'époque introuvable, il avait tout de même été condamné en son absence à des peines de 10 et 15 ans de prison.

Selon Me Alexandre Bergevin, qui représente M. Bouarfa dans sa cause d'extradition, celui-ci a été de nouveau jugé en Algérie, en vertu d'accords de collaboration avec la France, et a été innocenté concernant l'affaire la plus récente, qui datait de 1996. Quant aux accusations remontant à 1993, le dossier devrait être prescrit en France à cause du long délai, estime Me Bergevin.

Il n'en demeure pas moins que l'ancien propriétaire de La Roseraie, qui revenait au Québec en août 2010 apparamment convaincu de ne plus être inquiété par cette affaire, a été arrêté dès sa descente d'avion à Montréal, toujours à la demande de la France qui continue à réclamer son extradition.

Incarcéré depuis, Abdelakim Bouarfa, dont l'ex-femme et les enfants résideraient toujours dans les Laurentides, clame son innocence. Il soutient avoir servi de bouc émissaire pour les trafiquants qui l'auraient faussement dénoncé et a porté en appel la décision du ministre fédéral de la Justice ordonnant son extradition. La cause doit être entendue en juin.

Victime d'acharnement?

Selon Me Bergevin, son client est victime d'acharnement de la part de la France, dont il estime les procédures abusives.

Il n'en demeure pas moins que le passé d'Abdelhakim Bouarfa ne semble pas tout à fait limpide. Le jugement sur sa demande de liberté provisoire (qui lui a été refusée en février 2011) fait état de preuves à l'effet qu'il a déjà utilisé des identités différentes.

Il invoquait aussi être toujours propriétaire du terrain voisin de La Roseraie. Or, ce terrain vacant, où il souhaitait ériger des condos il y a quelques années mais n'avait pu le faire à cause de la contamination du sol, est aujourd'hui la propriété d'une agente immobilière de Laval.

Selon Me Bergevin, celle-ci est une ancienne «fréquentation» de son client. Elle aurait invoqué une dette de sa part pour prendre possession du terrain.

Source: Hebdos Regionaux